19:57 - Jeudi 21 novembre, 2024

- 19. Jumādā al-Ūlā 1446

Notre relation au Coran


Ce n’est ni pour décorer nos murs ni pour prendre la poussière dans nos bibliothèques qu’Allah le Maître des Mondes a fait descendre le Saint Coran mais c’est « Un Livre béni que Nous avons fait descendre vers toi, afin qu’ils méditent sur ses versets et que les doués d’intelligence réfléchissent ! » [38;29], « Ceci est certes, une parole décisive, et non point une plaisanterie frivole ! »[86;13-14] et « Par ceci (le Coran), Allah guide aux chemins du salut ceux qui cherchent Son agrément. Et Il les fait sortir des ténèbres à la lumière par Sa grâce. Et Il les guide vers un chemin droit » [5;16].

Celui qui a le mieux incarné le Coran et l’a le mieux mis en pratique est notre Prophète, que le salut et la paix soient sur lui. Il était un Coran vivant selon son épouse Aïcha [Mouslim] : le Livre d’Allah inspirait son caractère, ses actes et ses paroles. Et Allah nous dit : vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allah et au Jour Dernier et évoque Allah fréquemment [33;21]. A l’instar des compagnons qui furent la meilleure communauté suscitée  parmi les hommes, nous devons chercher à incarner au mieux le Coran, pour devenir nous aussi, avec l’aide d’Allah, des « corans vivants », et c’est Allah qui accorde la réussite.

Il faut que chacun donne au Coran la place qu’il mérite dans sa vie. Celui qui aime et honore la Parole d’Allah espère être aimé et honoré par Lui, mais qu’espère celui qui méprise et délaisse son Livre ? N’oublions pas que ce Coran sera appelé à témoigner à notre sujet le Jour du Jugement, comme l’affirme un hadith rapporté par Mouslim dans son Sahih, à nous de faire en sorte que son témoignage soit en notre faveur et non à notre détriment.

Comment parvenir à une bonne compréhension ?

D’abord, il faut essayer d’ouvrir le Coran chaque jour. L’Imam Al Ghazali considérait comme obligatoire pour quiconque possédait un exemplaire du Coran chez lui d’en lire au moins quelques pages tous les jours.

Ensuite, il faut invoquer Allah avant d’entamer la lecture : Lorsque tu lis le Coran, demande la protection de Dieu contre le diable banni [16;98].

Il faut aussi se concentrer et faire le silence autour de soi et en soi : Et quand on récite le Coran, prêtez-lui l’oreille attentivement et observez le silence, afin que vous obteniez la miséricorde [7;204].

Il faut de plus en « tourner les pages avec une main intelligente », selon l’expression d’Ibn Al Jawzi. Le lecteur cherche à pénétrer le sens des versets, à comprendre les directives Divines pour les appliquer au mieux. Il cherche ce qu’Allah aime pour s’y conformer et ce qu’Allah déteste pour s’en éloigner. La lecture répétée d’un seul verset accompagnée de méditation est préférable, pour Al Ghazali, à la lecture entière du Livre sans compréhension.

Il faut enfin faire l’effort d’apprendre et de perfectionner la langue arabe et ses règles de grammaire et de prononciation, car Allah dit : Nous l’avons fait descendre, un Coran en arabe, afin que vous raisonniez [12;2]. Ibn Taymiya jugeait obligatoire d’apprendre la langue arabe pour tout musulman capable, il en recommandait même la pratique quotidienne avec ses proches. Le non arabophone ne doit cependant pas abandonner la lecture d’une bonne traduction en attendant de parvenir à une connaissance suffisante de l’arabe.

Comment interpréter correctement le Coran ?

L’essentiel du Coran est clair et compréhensible par tous (moubine), mais il contient également des versets équivoques : C’est Lui [Allah] qui a fait descendre sur toi le Livre : il s’y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d’autres versets qui peuvent prêter à d’interprétations diverses. Les gens, donc, qui ont au cœur une inclinaison vers l’égarement, mettent l’accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n’en connaît l’interprétation, à part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science disent : « Nous y croyons, tout est de la part de notre Seigneur ! » Mais, seuls les doués d’intelligence s’en rappellent [3;7]. Ainsi, le musulman se garde d’interpréter les versets équivoques et les renvoie aux versets explicites. Abou Bakr le véridique disait : Quel ciel me protègera et quelle terre me portera si j’interprète les versets du Livre sans m’appuyer sur un savoir solide !

Pour bien comprendre le sens des versets et leurs champs d’application, il faut chercher le contexte dans lequel ils ont été révélés, comment le Prophète, paix et salut sur lui, les a expliqués ou les a appliqués. Après nous devons nous référer à l’explication de ses compagnons (al sahabi) puis à celle de leurs élèves (al tabi’oun).

Les signes d’une bonne compréhension

Le Coran est la Parole d’Allah pour des êtres vivants : Ceci n’est qu’un rappel et un Coran explicite, pour qu’il avertisse celui qui est vivant (…) [36;69-70]. Une bonne lecture touche le cœur de celui qui le récite : Les peaux de ceux qui redoutent leur Seigneur frissonnent, puis leurs peaux et leurs cœurs s’apaisent à l’évocation d’Allah [39;23]. Comment les cœurs peuvent-ils ne pas s’effondrer à l’écoute des Paroles Divines alors qu’Allah affirme : si Nous avions fait descendre ce Coran sur une montagne, tu l’aurais vu s’humilier et se fendre par crainte d’Allah [59;21] ?!

La lecture vivante pousse à invoquer beaucoup Allah. Tel était l’exemple de notre Prophète, paix et bénédictions sur lui, qui implorait la protection d’Allah chaque fois qu’il récitait des versets relatifs à son châtiment et Lui demandait de sa grâce à la lecture des versets relatifs à sa bonté et à sa récompense.

La bonne compréhension oriente la manière de penser et de voir le monde, elle influe sur le caractère et les relations sociales car le Coran a été révélé pour encadrer tous les aspects de la vie humaine et pas seulement l’aspect cultuel, comme certains auraient voulu le faire croire : Croyez-vous donc en une partie du Livre et rejetez-vous le reste ?  [2;85].

Le Coran est un appel du Seul Créateur à ses créatures, il implique donc une réponse de notre part : Répondez à l’appel de votre Seigneur avant que ne vienne un jour dont Allah ne reportera jamais le terme. Ce jour-là, nul refuge pour vous et vous ne pourrez point nier [42;47], Allah dit : Qu’ils répondent à Mon appel, et qu’ils croient en Moi, afin qu’ils soient bien guidés[2;186].

Tachons donc de ne pas être « comme l’âne qui porte des livres » sans pouvoir tirer profit de leur contenu, en prétendant être le peuple du Coran alors que nos œuvres, notre éthique ou nos croyances, le contredisent au quotidien. Allah dit à propos de ceux qui agissent ainsi : Quel mauvais exemple que celui de ceux qui traitent de mensonges les versets d’Allah et Allah ne guide pas les gens injustes [62;5].

Nous invoquons Allah pour qu’Il nous mette parmi les gens du Coran qui sont ses protégés et ses bien aimés parmi les créatures, nous Lui demandons la meilleure compréhension et l’amour de Ses versets, nous L’implorons de réunir les musulmans autour de Son Livre, comme Il nous l’a ordonné : cramponnez-vous tous ensemble à la corde de Dieu et ne soyez pas divisés [3;103].


Rubrique: Le culte