5:41 - Dimanche 22 décembre, 2024

- 20. Jumādā al-Ākhira 1446

L’intention


عن عمر رضي الله عنه قال : سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول : إنما الأعمال بالنيات , وإنما لكل امرئ ما نوى , فمن كانت هجرته إلى الله ورسوله , فهجرته إلى الله ورسوله , ومن كانت هجرته لدنيا يصيبها أو امرأة ينكحها , فهجرته إلى ما هاجر إليه البخاري ومسلم

‘Omar ibn al-Khattab rapporte : ‘J’ai entendu le Messager d’Allah (paix et salut sur lui) dire : ‘Les actions ne valent que par leurs intentions, et chacun ne recueillera de rétribution que selon son intention. Ainsi, celui qui émigre pour Dieu et Son Messager, son émigration lui sera comptée pour Dieu et son Messager. Quant à celui qui émigre dans le seul but d’acquérir des biens de ce bas-monde, ou épouser une femme, il n’obtiendra que ce vers quoi il a émigré.’ [Al Boukhari & Mouslim].

 

Ce hadith est celui par lequel l’illustre Imam Al Nawawi a débuté son célèbre recueil des Quarante hadiths (Arba’oun an-Nawawi), auquel nous allons avoir l’honneur de consacrer une série d’articles, nous permettant ainsi, avec l’aide d’Allah, de bénéficier des immenses sagesses contenues dans les hadiths du Prophète (paix et salut sur lui) soigneusement sélectionnés dans cet ouvrage référence en la matière.

Al Nawawi a placé symboliquement ce hadith en tête de son recueil tout comme Al Boukhari l’a placé au début de sonSahihcar tout commence par l’intention, qui est, comme le souligne le hadith, la condition première à la validité de l’action. Ce hadith revêt une importance particulière en islam, certains imams le qualifiant de moitié de la religion, en référence à l’aspect apparent et caché des choses, l’intention étant la face cachée de l’action. Pour d’autres, il représente le tiers de la science et de la foi, qui prend racine dans le cœur, se manifeste sur la langue, et se matérialise par les membres. Encore une fois, l’intention du cœur est ce premier tiers sur lequel la parole et l’acte du croyant s’appuient pour exister.

Il est donc indispensable de formuler l’intention intérieurement avant chaque action pour en obtenir la rétribution, et ce pour plusieurs raisons : d’abord, cela va permettre de distinguer entre l’adoration et la simple habitude. Ainsi, celui qui se couche tôt par simple habitude, ne doit s’attendre à aucun mérite pour cela. En revanche, celui qui s’efforce de se coucher tôt avec l’intention d’offrir à son corps le repos nécessaire lui permettant de se lever pour la prière de Sobhafin de l’accomplir en groupe à la mosquée, aura transformé une habitude en un acte d’adoration hautement méritoire. Moua’dh disait ainsi : J’escompte une récompense de mon sommeil comme j’en escompte de ma veillée [Al Boukhari, mou’allaqa].

Ensuite, c’est l’intention qui va permettre de faire la distinction entre les différents actes d’adorations. Chaque acte cultuel doit s’accompagner de la formulation de l’intention qui lui correspond pour éviter toute confusion. Ainsi, celui qui s’apprête à jeûner le mois de Ramadan doit en émettre l’intention pour bien faire la différence avec un jeûne surérogatoire, tout comme celui qui prie doit formuler son intention avant chaque prière obligatoire pour bien faire la distinction entre chacune, mais aussi pour faire la distinction entre prières obligatoires et nafilas.

Enfin, l’intention va permettre, une fois l’acte d’adoration bien défini, de déterminer la motivation du musulman dans ses œuvres. C’est sur cet aspect que nous devrons porter une attention toute particulière afin de purifier notre intention et vouer nos actes exclusivement à Allah, en y mêlant ni ostentation, ni idolâtrie. C’est également sur cet aspect que notre ennemi Iblis a le plus d’emprise. Son principal pouvoir étant d’embellir les choses dans l’esprit du croyant, il s’efforce de détourner son intention de son but ultime qui est la satisfaction d’Allah, pour en amoindrir, voir en annuler le mérite. En effet, il n’est pas rare que le croyant prolonge sa prière et embellisse sa voix alors qu’il se sait observé par d’autres, tandis qu’il va redevenir négligent lorsqu’il se retrouve seul, cherchant ainsi à plaire aux créatures plutôt qu’à son Créateur.

Il est toutefois naturel que la motivation du croyant baisse selon les évènements, il ne faut donc pas hésiter à renouveler sans cesse son intention par diverses formules telles que : ‘Dis: ‘En vérité, ma Salât, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allah, Seigneur de l’Univers’ [3;162], ou encore : ‘J’agrée Allah comme Seigneur, l’Islam comme religion et Mohammad comme Prophète et Messager.’

Dieu nous met en garde contre la duplicité, car s’il est possible de se tromper soi-même ainsi que toutes les personnes avec lesquelles on interagit ; Allah Lui, connait le contenu des poitrines, et perçoit la moindre mauvaise intention aussi dissimulée soit-elle : ‘Il (Allah) connaît la trahison des yeux, tout comme ce que les poitrines cachent.’ [40;19]

À l’inverse, si l’intention est pure, et que l’action n’est entachée d’aucun défaut, le croyant atteint le niveau de la sincérité[al ikhlas].

Ce hadith aborde également de façon implicite, la question de la hiérarchisation dans les priorités. Il est essentiel de respecter l’ordre des choses en travaillant sur le fond avant de se soucier de la forme. Inverser cet ordre, mène à l’ostentation et peut conduire à l’hypocrisie, que Dieu nous en préserve. Aussi, le fait de purifier son cœur et de parfaire son fond, conduit naturellement à une belle apparence et une forme parfaite.

L’Imam Hassan al-Banna nous donne une belle définition de cette hiérarchisation dans ses vingt principes pour comprendre l’islam : ‘La foi est à la base de l’action, et l’acte du cœur [telle l’intention] est plus important que celui des sens. Cependant, la recherche de la perfection sur les deux plans est demandée par les prescriptions de l’islam, même si c’est à des niveaux différents.’ L’intention qui précède l’action a donc plus d’importance que l’action elle-même, ou que son résultat. Ainsi, celui qui formule l’intention sincère d’accomplir une bonne action, mais qui s’en voit empêché, en recevra malgré tout la récompense.

Cependant, la bonne intention n’excuse pas tout, et même si l’agrément ne s’obtient que par elle, la conformité de l’action aux ordres d’Allah et de Son Messager est également nécessaire, mais nous aborderons cela au cours de l’étude d’un prochain hadith incha Allah.


Rubrique: Leçons prophétiques