7:50 - Dimanche 22 décembre, 2024

- 20. Jumādā al-Ākhira 1446

La réprobation du mal


عن أبي سعيدٍ الْخُدْرِيِّ رضي الله عنه قال: سمعتُ رسولَ الله صلى الله عليه وسلم يقوُل مَنْ رَأَى مِنْكُمْ مُنْكَراً فَلْيُغَيِّرْهُ بِيَدِهِ، فَإنْ لمَ يَسْتَطِعْ فَبلِسانِهِ، فَإنْ لَمْ يَسْتَطِعْ فَبقَلْبِهِ، وَذَلِكَ أضْعَفُ اْلإِيمَانِ

 

Abou Sa’id al Khoudri rapporte qu’il a entendu l’Envoyé de Dieu (paix et salut sur lui) dire : Celui d’entre vous qui constate une chose répréhensible, qu’il la corrige de ses mains, s’il n’en est pas capable, qu’il le fasse par la langue, s’il ne le peut, qu’il le désapprouve alors par le cœur, et c’est le degré le plus faible de la foi [Mouslim]

Ce hadith montre l’importance du maintien des bonnes valeurs et de la morale dans la société musulmane. De ce fait, tout ce qui est reconnu unanimement comme étant mauvais (mounkar) doit être condamné et corrigé par tout un chacun et pour le bien de tous. L’imam Al-Nawawi met ici l’accent sur un élément essentiel du fonctionnement de la société musulmane, du devoir qui incombe à chacun de ses membres, et de la liberté d’expression qui la caractérise, à une époque où le peuple, dans les civilisations existantes n’avait pas droit de cité. Quelle modernité introduite par le Prophète (paix et salut sur lui) alors que dans le même temps les dirigeants des empires contemporains faisaient régner la tyrannie au sein de leurs nations !

L’importance de cette prescription tient au fait qu’il est nécessaire de faire disparaître tout mal dès son apparition, dans le but d’empêcher sa propagation, voire son enracinement : ‘Vous êtes la meilleure communauté, que l’on ait fait surgir d’entre les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez en Dieu.’ [3;110]. Par conséquent, celui qui se charge rigoureusement de cette tâche se verra attribuer une large récompense étant donné qu’il aura veillé au maintien de l’ordre public et au bon fonctionnement de la société, son geste aura donc une portée collective qui bénéficiera à tous.

Ceci étant, il y a bien sûr des limites et des règles à respecter dans la mise en pratique de cette prescription, qui ne doit en aucun cas mener à l’anarchie et au chaos, qui vont à l’encontre de l’objectif visé par ce texte.

On s’assurera en premier lieu que l’acte que l’on veut corriger soit réellement un acte réprouvé de manière unanime, et que la faute de celui qui le commet est indiscutable. Ainsi, il n’est pas permis selon ce hadith d’agir ou d’interpeller une personne sur ce dont on n’a pas la certitude, ou qui ferait l’objet d’une divergence, contrairement à ce qui se fait aujourd’hui.

Si le mal est avéré, il faudra alors agir avec bienveillance, car le fait de corriger une erreur n’ouvre pas la voie à l’injure et à l’humiliation, Dieu dit : ‘Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon.’ [16;125]. L’Imam Al Ghazali rapporte que le Calife Al Ma’moum s’est vu vivement et durement critiqué par un homme de religion auquel il répondit : Fais preuve d’un peu de tact dans ton discours, car souviens-toi qu’Allah a envoyé une personne meilleure que toi [Moussa] pour exhorter celui qui était pire que moi [Pharaon] en lui demandant de faire preuve de tact : Allez, avec ton frère, parler à Pharaon, car il a vraiment dépassé les limites, et parlez-lui gentiment… [20;43-44].

Il faut également s’assurer que notre intervention n’aggrave en aucun cas la situation. Il est ainsi préférable de s’abstenir, si l’on sait avec certitude que le fait d’agir mènera à un état plus mauvais encore, il vaudra mieux alors attendre un contexte plus propice. Cependant, s’il n’y a aucun risque d’envenimement, le devoir s’impose à quiconque constate un acte blâmable, même si on a la certitude que cela n’aura aucun effet, ‘Et rappelle; car le rappel profite aux croyants.’ [51;55]

Enfin, chacun doit intervenir selon sa capacité, comme le mentionne le Prophète (paix et salut sur lui). Ainsi, celui qui a le pouvoir de mettre fin à une injustice, qu’il le fasse. Pour celui qui n’en a pas la force, qu’il dénonce l’injustice par la parole. Quant à celui qui n’a aucune possibilité d’intervenir, sa foi exigera de son cœur qu’il s’afflige de ce dont il est témoin. Le Prophète (paix et salut sur lui) nous met en garde qu’en dessous de ce niveau la foi est inexistante. Al-Nawawi précise cependant que la réprobation par le cœur n’est pas synonyme de foi faible, mais qu’il s’agit simplement de sa forme la plus discrète. Il faut donc être vigilant face à la banalisation des actes blâmables et ne surtout pas se résigner à l’acceptation sous aucun prétexte. Qu’il y ait parmi vous un groupe qui se charge d’appeler au bien, d’encourager les bonnes mœurs et de réprouver les mauvaises. Voilà donc ceux qui réussiront [3;104].


Rubrique: Leçons prophétiques