5:55 - Mercredi 27 novembre, 2024

- 25. Jumādā al-Ūlā 1446

L’exégèse


Le Coran est le Rappel et la Guidée de Dieu à l’Humanité. Il est aussi la première source de prescriptions dans l’Islam. Le but ultime de notre existence étant l’adoration de l’Unique, le Coran expose à l’Homme la manière dont cette adoration doit se concrétiser. Ainsi, le tafsir est la science permettant d’expliquer et de clarifier les règles, les principes et les objectifs du Livre. C’est la raison pour laquelle, comme l’a dit Ibn Kathir dans l’introduction de son tafsir : ‘cette science constitue une obligation [communautaire] dont les savants de l’Islam doivent s’acquitter’. Sans cela, un Coran sans exégèse ressemblerait à un mode d’emploi dans une langue que nous ne comprendrions qu’à moitié ! Allah prit, de ceux auxquels le Livre fut donné, cet engagement : Exposez-le, certes, aux gens et ne le cachez pas [3;187].

Préalables.

En plus d’être profondément croyant (‘aquida salima) et d’avoir une bonne intention (niya saliha), l’exégète se devra, avant d’entamer son tafsir, d’exceller dans toutes les sciences du Coran (cf article la compréhension du Texte) mais aussi dans la langue arabe, car le fait de parler sur Dieu sans savoir constitue l’un des plus grands péchés menant à l’égarement : [le diable] ne vous commande que le mal et la turpitude et de dire sur Allah ce que vous ne savez pas [2;169].

Les sources du tafsir.

La première et la meilleure des sources pour interpréter le Coran est le Coran lui-même. L’exégète cherchera donc en premier lieu à expliquer un verset par un autre verset. Prenons par exemple le verset Nous l’avons (le Coran) fait descendre en une nuit bénie [44;3]. Quelle est donc cette nuit bénie ? La réponse se trouve dans la sourate 97 [1-5] : Nous l’avons certes, fait descendre (le Coran) pendant la nuit de la grande valeur (Al-Qadr)…durant celle-ci descendent les Anges ainsi que l’Esprit, par permission de leur Seigneur, pour tout ordre. Même chose avec le troisième verset de la Fatiha : Maître du Jour de la Rétribution. Dans de nombreux versets, nous pouvons trouver la description de ce Jour, entre autres : Le jour où aucune âme ne pourra rien en faveur d’une autre âme. Et ce jour-là, le commandement sera à Allah [82;17-19].

Vient ensuite l’explication du Messager de Dieu – paix et salut sur lui. Al Boukhari rapporte par exemple qu’une fois le Prophète – paix et salut sur lui - dit : celui à qui l’on demandera compte sera châtié. Aïcha lui demanda alors : Dieu n’a-t-il pas parlé de [celui qui] ‘sera soumis à un jugement facile’ [84;8] ? Le Messager – paix et salut sur lui - répondit : cela concerne la présentation [des œuvres] mais celui dont les comptes seront examinés dans le détail sera châtié.

Aussi, si aucune explication n’est trouvée dans le Livre ou dans la Sounnah, alors l’érudit aura recours à la parole des Compagnons – tels Ibn Abbas ou Ibn Mass’oud – puis à la parole des Suivants comme Moujahid, Ikrima, Al Dahak, Al Hassan Al Basri, etc.

Enfin, l’étude de la langue arabe classique et ancienne, au travers de la poésie préislamique notamment, permettra parfois de comprendre la signification de certains mots rares utilisés dans la Coran. On rapporte qu’Ibn Abbas ne savait pas ce que signifiait ‘fatirou samawati wa-l-ard [35;1] jusqu’à ce que deux bédouins se querellent devant lui au sujet d’un puits. C’est moi qui l’ai commencé (ana fatar-tou-ha) dit l’un d’eux. Autrement dit, Dieu est Celui qui commença la Création des cieux et de la terre.

Les types de tafsir.

On en distingue trois sortes : le tafsir bi-riwaya, le tafsir bi-ra’ay et le tafsir bi-ichara. Le tafsir bi-riwaya (par transmission) est constitué de toute explication du Coran que l’on peut remonter jusqu’à une source fiable (le Coran, le Prophète – paix et salut sur lui, un Compagnon). Celui-ci implique de connaitre la science des chaines de transmission (‘ilmar-riwaya) afin de s’écarter des récits non fiables (da’if).

Le tafsir bi-ra’ay (d’opinion) se base quant à lui sur un effort de réflexion. Pour la majorité des savants, il doit remplir certaines conditions pour être acceptable : entre autres, se baser sur ce que le Prophète – paix et salut sur lui -  et ses compagnons ont dit, maîtriser la langue arabe, ne pas s’écarter des règles de l’Islam et ne pas aller au-delà du contenu du verset. Si les conditions ne sont pas remplies ou que le tafsir se base sur la seule opinion personnelle alors il sera rejeté. Par ailleurs, même accepté, il ne peut rivaliser avec le tafsir bi-riwaya.

Enfin, le tafsir bi-ichara s’intéresse aux sens plus subtils du Coran. Ce tafsir se trouve surtout chez les savants à tendance mystique (soufiya). Si l’on ne peut nier qu’Allah éclaire qui Il veut de Sa Science, comme ce serviteur dans sourate al kahf [18;65] qui possédait un savoir émanant de Dieu que le Prophète Moïse lui-même ignorait, il est vrai que ce tafsir ne s’appuie pas sur des preuves solides et certaines écoles l’ont donc rejeté. Toutefois, Ibn Al Qayyim le considère comme acceptable sous quatre conditions : l’absence de contradiction avec le sens apparent du verset, une signification authentique, une indication dans les termes du verset allant dans le sens de l’interprétation et une relation étroite entre l’interprétation et le sens apparent.

Et Allah sait mieux !


Rubrique: Les sciences coraniques