Nous continuons si Dieu le veut notre description générale du Coran, et ce en guise d’aperçu avant d’aborder l’histoire de l’assemblage et de la préservation du Livre de Dieu, toujours avec l’objectif de donner au lecteur une meilleure compréhension du Livre Saint de l’Islam : un Livre béni que Nous avons fait descendre vers toi, afin qu’ils méditent sur ses versets et que les doués d’intelligence réfléchissent [38;29].
Ayah
La plus petite subdivision du texte coranique est constituée par ce que l’on appelle une ‘ayah’ qui signifie littéralement ‘signe’ (de Dieu) et que l’on traduit généralement par le terme ‘verset’ même si cette traduction n’est pas vraiment appropriée sachant que le Coran n’est ni une prose, ni une poésie : Nous ne lui avons pas enseigné la poésie (à Mohammad), cela ne lui convient pas non plus. Ceci n’est qu’un rappel et une Lecture claire [36;69]. En effet, le Coran étant le Message et la Guidée de Dieu, ‘les versets’ qui le composent sont autant de signes que le Très Haut adresse à l’Humanité. Néanmoins, dans un souci de clarté, nous emploierons tout de même le mot verset car il est communément utilisé et compris.
Sourah
Une sourate est un passage du Coran composé d’un certain nombre de versets. Le Coran compte en tout 114 sourates de longueurs inégales. Les savants ont pour habitude de les classifier en quatre catégories : les sourates longues, de la sourate La Vache à la sourate Le Repentir [1à 9], appelées at-tiwal ; les sourates comportant un peu plus de cent versets, de la sourate Younous à la sourate Le Créateur [10 à 35], appelées al mi’oun ; les sourates comportant moins de cent versets, de la sourate Ya-Sin à la sourate Les Appartements [36 à 49], appelées al mathanî, et enfin celles qui constituent la dernière partie du Coran, de la sourate Qaf à la sourate Les Hommes [50 à 114], appelées al moufassal. L’entête (basmala) ‘Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux’ que l’on trouve au début de chaque sourate (sauf pour la sourate Le Repentir) permet de les différencier les unes par rapport aux autres. Le nom donné aux sourates reprend le plus souvent un élément distinctif et important du Texte comme La Vache, Les Femmes, La Table servie. Il peut reprendre aussi le nom d’un prophète ou d’une personne pieuse qu’Allah a honoré en mentionnant son histoire au sein du Livre, telles que les sourates Abraham, Houd, Marie, Louqman, etc. Enfin, le nom peut être tiré d’un des premiers versets de la sourate comme sourate Ta-Ha ou encore la sourate Le Discernement.
Sourates mecquoises et médinoises
Une autre classification des sourates est faite par les savants en fonction de la période de révélation – post ou pré-hégire – et constitue même un préalable fondamental à toute étude approfondie du Livre. La différence entre Coran Mecquois (makki) et Coran Médinois (madani) se trouve au niveau des thèmes abordés. À la Mecque, tandis que les musulmans venaient d’embrasser la nouvelle religion et qu’ils étaient minoritaires et opprimés du fait de leur foi, la Révélation ne traitait que des fondements de la religion (oussoul din) : la foi en Dieu, l’éthique, le paradis, l’enfer, les histoires des communautés passées, le Jour dernier. À Médine, où les musulmans étaient enfin libres de pratiquer leur religion après treize années d’oppression à la Mecque, la Révélation reprendra les mêmes thèmes mais y ajoutera en plus les bases du droit musulman nécessaires à l’organisation d’une société musulmane et elle fixera le domaine du licite et de l’illicite. Cette différenciation est fondamentale dans l’exégèse car elle permet de contextualiser la Révélation.
Révélation progressive
Le fait que la Révélation s’étala sur vingt-trois années revêt d’une grande sagesse, une Sagesse venant d’Allah. Plusieurs raisons expliquent cela. Entre autres, il s’agissait tout d’abord de rassurer le Prophète (paix et salut sur lui) et de le conforter tout au long de sa mission : Nous l’avons révélé ainsi (graduellement) pour raffermir ton cœur [29;32]. Ensuite, cela permettait de répondre aux questions et aux attaques des négateurs en ‘temps réel’, ce qui est bien plus efficace dans un débat d’idées. Une autre raison est que l’être humain a besoin de temps pour changer et se réformer. Aïcha, la mère des croyants, a bien exposé cela lorsqu’elle dit que si la Révélation avait commencé par les interdits, comme ne pas boire de vin ou ne pas commettre l’adultère, alors les gens auraient certes rejeté l’Islam [Al Boukhari]. Le changement ne peut jamais s’opérer de manière radicale.
Les formes de Révélation
Comme l’a rapporté Ibn al Qayyim dans son livre Zad al ma’ad , la Révélation venait à Mohammed (paix et salut sur lui)de sept manières : le rêve véridique ; l’inspiration insufflée par l’Ange Gabriel dans son cœur, la venue de l’Ange sous une forme humaine – comme dans le célèbre hadith dit de Jibril – la venue de la Révélation par un son étrange rappelant le tintement des cloches – cette manifestation étant celle qui faisait le plus souffrir le Prophète (paix et salut sur lui) -, la vue de Jibril par deux fois, sous sa véritable apparence [mouslim] ; la Révélation faite au Prophète(paix et salut sur lui)au-dessus des sept cieux lors de l’ascension nocturne (Al- isra wa-l-mi’raj) ; enfin la Révélation entre Allah et Son serviteur sans aucun intermédiaire comme ce fut le cas pour Moïse.
Et Allah sait mieux.