5:18 - Dimanche 22 décembre, 2024

- 20. Jumādā al-Ākhira 1446

Moïse [Moussa] (2/5)


La vie  de Moïse, de l’enfance à l’âge adulte.

La mère de Moïse envoya sa fille aînée, longer le fleuve, pour suivre le panier dans lequel avait été déposé l’enfant. La jeune fille rentra chez elle et  rassura sa mère en lui annonçant que son bébé avait été recueilli par la femme de Pharaon. Cependant, la mère de Moïse supportait mal de savoir son enfant dans les bras d’une autre, son souvenir l’obsédait ; peu s’en fallut qu’elle ne se rende au palais pour le réclamer : Et le cœur de la mère de Moïse devint comme vide. Peu s’en fallut qu’elle ne divulguât tout, si Nous n’avions pas renforcé son cœur pour qu’elle demeurât parmi les croyants [28;10].

Allah avait interdit à Moïse le sein des nourrices : quelle que soit la femme dans les bras de laquelle on le plaçait, l’enfant refusait de téter. La femme de Pharaon commença à s’inquiéter pour la vie du nourrisson et l’affaire s’ébruita autour du palais. C’est alors que la sœur de Moïse s’y présenta pour proposer les services de sa mère, avançant qu’elle était la meilleure des nourrices. Lorsqu’on lui demanda avec méfiance ce qu’elle recherchait en échange, la jeune fille prétendit qu’elle faisait cela pour obtenir un peu d’argent, en raison de la grande pauvreté de sa famille. Ainsi, Allah apaisa-t-Il le cœur de la mère de Moïse, qui put sevrer son fils et recevoir, qui plus est, un salaire lui permettant de prendre soin de ses autres enfants ! Ainsi Nous le rendîmes à sa mère, afin qu’elle s’apaise, qu’elle ne s’afflige plus et qu’elle sût que la promesse de Dieu est vraie. Mais la plupart d’entre eux ne savent pas [28;13].

Moïse grandit donc dans le palais de Pharaon, loin des tourmentes que subissaient les siens. Il reçut l’éducation des enfants du palais : Lorsqu’il eut atteint sa maturité, Nous lui accordâmes sagesse et savoir, ainsi gratifions Nous les gens bienfaisants’ [28;14]. Moïse avait grandi au milieu du luxe et des extravagances, sans que son cœur ne s’y attache, sans qu’il ne sombre dans les turpitudes. Il côtoyait chaque jour celui qui se prétendait le dieu de l’Égypte et constatait qu’il n’était en fait qu’un homme comme un autre. Il observait les souffrances et les privations des hébreux et ressentait en lui un profond dégoût pour la manière dont les égyptiens les maltraitaient et les exploitaient.

Un jour, alors qu’il était de sortie, Moïse surprit un policier égyptien en train de réprimander violemment un jeune hébreu. Poussé par son désir de justice, Moïse volât au secours du jeune homme et frappa l’égyptien d’un coup de poing qui terrassa ce dernier ! Aussitôt Moïse regretta son acte, fut pris de remords et implora le pardon d’Allah. Son seul souhait était de venir en aide à un opprimé, et il n’avait jamais voulu tuer qui que ce soit. Il dit : Seigneur, je me suis fait du tort à moi-même ; pardonne-moi. Et Il lui pardonna. C’est Lui vraiment le Pardonneur, le Miséricordieux ! [28;16].

Le « prince d’Égypte », comme on l’appelait, rentra donc chez lui, soucieux et craintif. Qu’adviendrait-il de lui, si Pharaon apprenait ce qui s’était passé ?

Le lendemain, Moïse sortit à la même heure, et trouva le jeune homme de la veille en train de se quereller avec un autre agent égyptien. Moïse vint pour, cette fois-ci, faire la morale à ce jeune qui aimait semble-t-il provoquer les autorités. Celui-ci répondit alors : O Moïse, vas-tu m’assassiner comme l’homme que tu as tué hier ? [28;19]. Selon d’autres exégètes, ce serait l’égyptien qui aurait fait cette remarque. Quoiqu’il en soit, l’incident de la veille s’était ébruité. Ce n’était plus qu’une question d’heures avant que l’affaire ne parvienne au palais.

Un homme arriva, en effet un peu plus tard, du bout de la ville, pour annoncer que la peine capitale avait été prononcée à l’encontre du « prince rebelle » : Ô Moïse, les notables sont en train de se concerter à ton sujet pour te tuer. Quitte le pays, c’est le conseil que je te donne [28;20]. Aussi, suivant les conseils de son informateur Moïse ne perdit pas une minute et fuit l’Égypte tel un fugitif,  laissant derrière lui la terre qui l’avait vu grandir, ses proches, sa famille et son peuple : Il sortit de là, craintif, regardant autour de lui. Il dit: “Seigneur, sauve-moi de [ce] peuple injuste ! [28;21].

Il se retrouva donc, seul en pleine nuit, au beau milieu du désert, demandant à Allah son aide et sa guidée : Et lorsque il se dirigea vers Madyan, il dit : Je souhaite que mon Seigneur me guide sur la voie droite [28;22]. Il resta ainsi, plusieurs semaines durant, à marcher, sous un soleil de plomb, sans s’arrêter. Lui l’enfant du palais, qui était habitué à manger des meilleurs plats, ne se nourrissait plus que de plantes qu’il trouvait ici et là !

Il arriva finalement auprès d’un puits où des bédouins abreuvaient leurs bêtes. Il vit deux femmes qui se tenaient à l’écart et qui, par pudeur, n’osaient pas se mélanger aux hommes pour donner à boire à leur troupeau. Moïse leur proposa donc gentiment d’abreuver pour elles leurs bestiaux. Une fois qu’il eut terminé, il partit au pied d’un palmier pour s’allonger, implorant la grâce d’Allah : O mon Dieu ! J’ai tant besoin d’un bienfait que Tu feras descendre sur moi ! [28;24].

A son réveil, il trouva l’une des jeunes filles qui se tenait timidement devant lui, mandatée par son père afin d’inviter l’homme qui leur avait rendu service. Moïse rencontra le vieux père et lui raconta son histoire. Celui-ci le rassura et le réconforta, en lui disant qu’il avait bel et bien échappé à des gens injustes. Sa fille lui suggéra d’employer Moïse. L’homme avait remarqué que Moïse était un homme vertueux, il lui proposa d’épouser sa fille, et de l’héberger, à condition que celui-ci accepte de rester travailler pour lui huit ou dix années. Moïse accepta et devint berger. Allah l’avait exaucé, et l’avait comblé d’un toit, d’une épouse et d’un métier, et quel métier ! En faisant paître le bétail dans le désert, Moïse prît goût à la solitude, au silence, au contact avec la nature, s’habitua à la méditation ; il apprit à commander un troupeau, à traiter avec douceur les bêtes, à les protéger du loup, et à ramener à l’enclos la brebis égarée…

Des leçons à retenir :

1- La mère de Moïse, qu’Allah l’agréée, a fait passer l’intérêt de son fils et celui de sa communauté avant son propre intérêt. Elle a obéi à l’inspiration Divine, et se résigna à abandonner son enfant dans le Nil, plaçant sa confiance en Allah ; à l’instar d’Abraham, lorsqu’il s’apprêtât à immoler son fils. Allah aima son geste mais ne lui imposa pas ce qu’elle ne pouvait supporter et fit revenir son enfant.

2- Les jours s’alternent dans la vie du croyant. Moïse le fils d’esclaves fut adopté par les rois et devint un noble prince, puis un vagabond fugitif, puis un berger parmi les bédouins. À travers ces changements d’état apparents, son for intérieur, son caractère et ses convictions ne s’altérèrent point, mais ne cessèrent au contraire de s’améliorer.

 


Rubrique: Les histoires des prophètes