12:46 - Jeudi 21 novembre, 2024

- 19. Jumādā al-Ūlā 1446

Ne mens pas !


Allah le Très Haut dit : Abstenez-vous de la souillure des idoles et abstenez-vous des paroles mensongères [22;30], liant, ici, le mensonge au plus grand des péchés qu’est l’idolâtrie. Le Prophète - paix et salut sur lui – a, par ailleurs, cité le mensonge comme l’un des traits de caractère des hypocrites [Al Boukhari & Mouslim], il l’a considéré comme étant un péché majeur et nous a mis en garde contre le fait de s’adonner à cette pratique. En effet, un jour le Prophète - paix et salut sur lui - qui était allongé, s’adressa à ceux de ses compagnons qui étaient auprès de lui : voulez-vous savoir quels sont les pires péchés ? (…) le fait de servir autre que Dieu, l’insolence envers les parents, puis il se redressa soudainement et ajouta : et aussi le mensonge et le faux témoignage, et il ne cessa de répéter ces deux derniers péchés – comme pour faire comprendre leur gravité, alors que les gens le minimisent – jusqu’à ce que ses compagnons se demandassent en eux-mêmes quand allait-il s’arrêter [idem]. Une autre fois, il dit : attention au mensonge, certes le mensonge conduit à la débauche et la débauche mène à l’enfer ; l’individu ne cesse de mentir jusqu’à ce qu’Il soit inscrit auprès de Dieu comme étant un menteur [idem]. Ceci étant, la condamnation du mensonge est bien connue dans l’Islam comme dans les anciennes religions révélées, ainsi que dans les philosophies et les doctrines humaines. Pour autant, l’ennemi du genre humain, le diable, maquille et enjolive souvent le mal et l’interdit en leur donnant d’autres noms et une apparence plaisante afin de séduire et d’attirer les gens à ces pièges. C’est aussi souvent sous l’argument fallacieux de ‘tout le monde le fait, même untel et untel’ qu’il arrive à nous ‘vendre’ ce qui est clairement prohibé par notre religion. Or, le fait qu’une pratique soit répandue, tolérée ou légalisée même, ne la rend pas pour autant acceptable devant Dieu. En effet, combien de fois des nations et des peuples se sont égarés massivement ? Le bien et le mal ne sont pas semblables, quand bien même l’abondance du mal t’attire, craignez Dieu, gens de raison, afin de réussir [5;100].

Mentir sur Dieuou sur le Prophète - paix et salut sur lui – est, du point de vue islamique, incontestablement le pire des mensonges : Quel pire injuste que celui qui forge un mensonge contre Dieu ? Ceux-là seront présentés à leur Seigneur, et les témoins diront : Voilà ceux qui ont menti contre leur Seigneur. Que la malédiction de Dieu s’abatte sur les injustes [18;11]. Et le Prophète - paix et salut sur lui - de dire : que celui qui forge sciemment un mensonge à mon encontre sache qu’il a d’ores et déjà une place réservée au sein de l’Enfer [Al Boukhari & Mouslim]. Ceci étant, une forme subtile de mensonge à l’endroit de Dieu ou de Son Prophète - paix et salut sur lui - peut consister dans le fait de déformer les paroles Divines ou prophétiques en les rapportant – c’est d’ailleurs pour cela que la majorité des compagnons et des rapporteurs de hadiths mentionnent les doutes qu’ils pouvaient avoir sur certaines expressions -, à interpréter n’importe comment les Textes, ou à s’arroger le droit d’en extraire des avis juridiques (fatawa) sans y être habilité. Or à bien y regarder, beaucoup tombe dans ces pièges en croyant pourtant bien faire ; mais la seule bonne intention ne suffit pas à excuser le péché, puisque rechercher la conformité dans ses actes est aussi obligatoire. La solution pour éviter cela, consiste à mémoriser ou écrire les Textes que l’on cite, à étudier leur exégèse dans les ouvrages de référence et auprès des savants spécialisés, et enfin à renvoyer les gens vers ces derniers en matière d’applications pratiques lorsque l’on n’est pas apte (diplômé ou accrédité) dans le domaine.

Mentir pour obtenir des congés ou de l’argent, comme le fait de se déclarer malade ou inapte à travailler lorsqu’on ne l’est pas réellement n’est évidemment pas acceptable, et c’est en plus un péché majeur, car c’est un mensonge, un faux témoignage et une forme de vol. Quand bien même cela serait « dans une intention d’adorer Dieu ou de profiter du Ramadan » pour accomplir des actes d’adoration, par exemple, cela n’est pas permis ! La meilleure manière d’adorer Dieu est d’être véridique, de s’éloigner du mensonge, de la fraude, de la triche et de tout ce qui s’y apparente et de respecter ses engagements et les contrats que l’on a signés. Le Prophète - paix et salut sur lui - nous a pourtant prévenus que le musulman qui ne renonce pas au mensonge ou à agir en menteur, Dieu n’a que faire qu’il s’abstienne de manger et de boire (pendant le Ramadan) [Al Boukhari]. Un musulman sincère ne peut agir de la sorte, et un médecin honnête ne peut cautionner cela ! Dieu dit : Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. Et craignez Dieu, car Dieu est, certes, dur en punition ! [5;2]. Comme nous l’avons dit quelques lignes plus haut, le fait que des gens pratiquent ce genre de chose ne nous autorise pas à faire de même, sauf à vouloir leur tenir compagnie, loin du Prophète - paix et salut sur lui - et des gens de droiture, le jour du Jugement dernier ?! Le musulman n’est pas comme ‘tout le monde’, il doit obligatoirement se distinguer positivement par sa moralité et son comportement, s’imposer en modèle, quitte à passer pour cela comme quelqu’un « d’un peu bizarre ». Dieu dit : Et si tu obéis à la majorité de ceux qui sont sur la terre, ils t’égareront du sentier de Dieu : ils ne suivent que la conjecture et ne font que forger des mensonges [6;116], et c’est ainsi que nous fîmes de vous une communauté modèle afin que vous soyez un exemple pour les gens [2;143].

Il paraît pour certains que mentir pour les affaires est « une obligation professionnelle sans laquelle on ne peut réussir ». Or le Coran répond à ceux-là en disant : Le diable vous fait craindre l’indigence et vous recommande des actions honteuses ; tandis que Dieu vous promet pardon et faveur venant de Lui. La grâce de Dieu est immense et Il est Omniscient [2;268]. Ils sont semblables également à ceux qui firent des affaires et du recours à l’usure deux choses indissociables : …ils disent : ‘le commerce est tout à fait comme l’intérêt usuraire’, alors que Dieu a rendu licite le commerce, et illicite l’usure [2;275]. Louanges à Dieu, qui a mis toute la bénédiction des affaires, et de toute chose, dans l’honnêteté et la véracité ! En effet, l’Islam ne se pratique pas uniquement dans les maisons et les mosquées au travers de quelques prières et paroles de dhikr ; mais il se pratique également dans le travail au quotidien, dans les salles de marché, les galeries commerciales et dans les échanges internationaux, au travers du principe d’honnêteté. C’est ce que l’on apprend de la Sounnah du meilleur des hommes - paix et salut sur lui -, qui se rendait régulièrement dans les rues commerçantes de Médine et rappelait aux musulmans que le commerçant honnête aura sa place parmi les prophètes, les véridiques, et les martyrs le jour du jugement dernier [Al Tirmidhi : Sahih].

Voici donc encore une grande Sounnah à déterrer, pour qui veut se rapprocher de Dieu et se prémunir de son châtiment. Car certes le mensonge est illicite et l’argent gagné par son biais et ce que l’on achète avec héritent de ce statut. Cela aura pour conséquence le non-exaucement de nos invocations, la possible non-acceptation de nos œuvres, la privation des bénédictions et de la préservation Divines, l’éloignement de Dieu et Son châtiment le Jour de la Résurrection. Au niveau collectif, si jamais la pratique du mensonge se propageait parmi nous cela aurait pour conséquence de ternir l’image de l’Islam, d’en éloigner les gens, d’avilir l’ensemble de la communauté musulmane ; tandis que la pratique de la sincérité et de la droiture aura l’effet inverse : elle attirera les gens et leur donnera envie de chercher l’origine de ce bien et de cette droiture. Ô vous qui croyez ! Craignez Dieu et soyez avec les véridiques ! [9;119].


Rubrique: Grandes Thématiques, Se réformer