Parmi les innombrables bienfaits du Seigneur sur Ses serviteurs, il n’est pas dans cette vie ici-bas de bienfait plus grand que celui de la foi en Dieu l’Unique car celle-ci place l’Homme sur un chemin droit et lui permet d’estimer ce bas-monde à sa juste valeur : une étape éphémère vers une autre vie, meilleure et plus durable. Toutefois, quel que soit le chemin emprunté pour parvenir à cette conviction intime, la foi est avant tout une lumière que la Miséricorde divine, Seule, a déposée au sein du cœur : Est-ce que celui dont Allah ouvre la poitrine à l’Islam et qui détient ainsi une lumière venant de Son Seigneur… [39;22]. Ainsi, au-delà de notre cheminement spirituel, nous ne pouvons croire que si le Très Haut le veut : Mais vous ne pouvez vouloir, que si Allah veut [81;29]. Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru [10;99]. Il en est de même pour ceux que nous aimons – femme, mari, parents, enfants, amis, gens ordinaires, etc. – et pour lesquels nous désirons autant que pour nous-mêmes la guidée. Le Coran a rappelé à maintes reprises au Prophète (paix et salut sur lui) qu’il ne pouvait en aucun cas guider les gens mais qu’il lui incombait seulement de transmettre fidèlement le Message Divin : Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? [idem] Sachez qu’il n’incombe à Notre messager que de transmettre le message clairement [5;92]. Nous nous proposons donc ce mois-ci d’étudier en partie l’exégèse d’un verset de la sourate Al Qasas et les versets 113 et 114 de la sourate Tawbah. Peut-être serons-nous reconnaissants et resterons-nous humbles devant l’immense bienfait par lequel Allah nous a honorés.
Seul t’incombe le Message
Ceci étant, le Très Haut dit dans Son Livre : Tu (Mohammad) ne guides pas celui que tu aimes mais c’est Allah qui guide qui Il veut. Il connaît mieux que quiconque qui sont les bien-guidés [28;56]. Dieu vient ici rappeler à Son Messager (paix et salut sur lui) que la guidée ne dépend pas de sa volonté et que sa mission consiste simplement à transmettre le Message de manière claire. Le Seigneur, dans Sa Sagesse, guide qui Il veut et Il sait, de par Son Savoir englobant toute chose, qui mérite la guidée et qui mérite l’égarement. Ibn Kathir explique que ce verset est encore plus spécifique que tout ce qui a été mentionné en d’autres endroits sur le thème de la guidée : Ce n’est pas à toi de les guider (vers la bonne voie), mais c’est Allah qui guide qui Il veut [2;272]. Et la plupart des gens ne sont pas croyants et ce malgré ton désir ardent [12;103]. Par ailleurs, s’agissant du contexte de Révélation, selon la majorité des savants ce verset descendit après que l’oncle du Prophète (paix et salut sur lui), Abou Talib, mourut sans avoir adhéré à l’Islam comme cela a été rapporté dans les Sahih d’Al Boukhari et de Mouslim. En effet, lorsque la mort se présenta à lui, le Messager de Dieu (paix et salut sur lui) vint à son chevet et lui dit : ô mon oncle, atteste qu’il n’y a pas d’autre dieu que Dieu ! Ainsi par cette parole je pourrai intercéder pour toi auprès d’Allah. Abou Jahl et Abdallah Ibn Oumaya qui étaient aussi présents dirent alors : O Abou Talib, renoncerais-tu à la religion d’Abdel Moutalib (ton père) ? Mohammed (paix et salut sur lui) ne cessa d’appeler son oncle à prononcer l’attestation de foi mais en vain et Abou Talib mourut sans avoir embrassé l’Islam. Le Prophète (paix et salut sur lui) dit alors : Par Allah, je demanderai le pardon pour toi tant que cela ne m’est pas défendu. Allah révéla alors : Il n’appartient pas au Prophète et aux croyants d’implorer le pardon en faveur des polythéistes, fussent-ils des parents alors qu’il leur est apparu clairement que ce sont les gens de l’Enfer [9;113]. Tu ne guides pas celui que tu aimes mais c’est Allah qui guide qui Il veut [28 ;56].
Invoquer Dieu pour ceux qui ne partagent pas notre foi.
Il n’y a aucun mal à invoquer Dieu en faveur de qui ne partage pas notre foi, pour demander qu’il soit guidé au droit chemin, surtout s’il s’agit de nos proches comme nos parents, nos frères et sœurs, un collègue ou une personne qui nous a fait du bien etc. Peut-être seront-ils bien guidés par la cause de cette prière. Le Prophète (paix et salut sur lui) a d’ailleurs invoqué Dieu, lors de la bataille d’Ouhoud, alors que son visage avait été sévèrement blessé par l’ennemi, en faveur des idolâtres – qui étaient aussi ses proches parents – en ces termes : O mon Dieu pardonne à mon peuple car il ne sait pas ! [Mouslim]. En revanche, le verset mentionné juste avant [9;113] nous apprend que l’invocation n’est plus permise en faveur de l’individu décédé en ayant choisi de rejeter le dernier Message. Et Dieu ne se montrera injuste envers qui que ce soit.
L’invocation d’Abraham comme argument ?
Al Nassa’i rapporte qu’Ali entendit une fois un homme demander le pardon pour ses parents qui étaient tous deux polythéistes. Comme il s’en étonna l’homme prit comme argument l’invocation d’Abraham en faveur de son père idolâtre : Paix sur toi, dit Abraham. J’implorerai mon Seigneur de te pardonner [19;47]. Ali se rendit donc auprès du Prophète (paix et salut sur lui) afin d’obtenir un éclaircissement. Dieu révéla alors en guise d’infirmation : Abraham ne demanda pardon en faveur de son père qu’à cause d’une promesse qu’il lui avait faite [9;114]. Cette invocation ne pouvait donc faire office de preuve. Ibn Abbas explique qu’Abraham invoqua Dieu en faveur de son père de son vivant conformément à la promesse qu’il lui avait faite puis, après que ce dernier mourut, et qu’Abraham eut appris qu’il n’avait pas adhéré à la foi monothéiste, il délaissa cette invocation comme le confirme la suite du verset : Mais, dès qu’il lui apparut clairement que son père était un ennemi de Dieu, Abraham le désavoua.
Et Allah est plus Savant !