4:20 - Dimanche 22 décembre, 2024

- 20. Jumādā al-Ākhira 1446

L’Imam Al Nawawi


L’imam Mohieddine Yahya Al Nawawi est né en 631 de l’Hégire (1233 EC) dans le village de Nawa au sud de Damas en Syrie. Il n’est pas issu d’une famille de savants célèbres, mais plutôt d’une famille modeste qui s’est illustrée par sa piété et sa crainte de Dieu. Il hérita lui-même de cette piété qui se manifesta dès son plus jeune âge par un amour et un attachement particulier au Coran. Il se démarqua ainsi des autres enfants en dédiant l’essentiel de son temps aux études. Un jour, alors que des enfants le forcèrent à jouer avec eux, il se mit à pleurer du fait qu’il fut contraint de leur accorder du temps, alors qu’il aurait préféré consacrer ce temps à la lecture du Livre d’Allah, qu’il récitait en toute circonstance. Le cheikh Ibn Youssouf al-Marakashi qui avait observé la scène dit alors à l’un des enseignants du jeune enfant : ‘Il est à espérer que ce garçon devienne le plus savant des gens de son temps et le plus versé dans l’ascétisme parmi eux, et il est à espérer que les gens bénéficient de son savoir’. Il ne savait pas alors à quel point son pressentiment allait s’avérer juste ! C’est ce même cheikh qui conseilla aux parents du jeune Mouhieddine d’encourager leur enfant à poursuivre ses études religieuses.

Jusqu’à ce jour, Al Nawawi travaillait dans une petite boutique dont il s’occupait, mais au vu de ses aptitudes, et suivant le conseil du cheikh, son père l’envoya à Damas afin qu’il y parachève son éducation religieuse. Al Nawawi  vécut à l’ombre de la mosquée des Omeyyades plusieurs années, seul dans une chambre étroite où il accumula une énorme quantité de livres. C’est à ce moment que sa prodigieuse capacité d’apprentissage se manifesta pleinement. Sa recherche de savoir dominait alors l’ensemble de sa vie. Il assistait à douze leçons par jour, auprès des grands savants dans tous les domaines des sciences religieuses, et passait ses nuits à étudier seul dans sa chambre, ne dormant que le strict nécessaire. Nous pourrions dire aujourd’hui qu’Al Nawawi optimisait son temps au maximum. Ainsi, même ses trajets à pieds étaient pour lui l’occasion de revoir ses notes et de réciter ce qu’il avait mémorisé !

Cette aptitude au travail était due à sa nature encline au délaissement de ce bas-monde. En effet, Al Nawawi était un vrai ascète, qui n’avait aucun besoin superflu. Il se satisfaisait du minimum qu’Allah lui accordait. Pour tout vêtement, il se contentait d’un habit simple et d’un turban, et n’éprouvait nul désir d’en posséder plus. Quant à son alimentation, il se limitait généralement à un repas par jour, qu’il prenait après la prière du soir, avant de s’adonner à ses études nocturnes. Il était, par ailleurs, très scrupuleux de la provenance licite de sa nourriture, et s’abstenait au moindre doute. Il ne faisait pas cela par ostentation, ou pour obtenir une quelconque position, mais par pure et sincère dévotion. Il était d’ailleurs très modeste et n’acceptait pas de se faire servir par ses étudiants et préférait plutôt les servir bien qu’il soit leur aîné et qu’il ait atteint les plus hauts degrés du savoir. Le seul « bien matériel » qu’il possédait était ses livres dont il avait plus besoin que tout autre chose dans sa quête de connaissances et de compréhension.

Al Nawawi était tellement absorbé par ses travaux qu’il ne trouva pas le temps de se marier, et ne laissa donc aucune descendance. Il restera malgré tout à jamais dans la postérité grâce aux nombreux ouvrages remarquables qu’il composa, dans de nombreuses disciplines des sciences religieuses telles que le hadith, la spiritualité, les sciences coraniques ou encore la jurisprudence. Le plus fameux de ses écrits étant certainement son commentaire de l’authentique de Mouslim, reconnu comme inégalé à ce jour. Il est également l’auteur de livres accessibles et utiles à tous, que chaque foyer possède ou se doit de posséder et de lire en famille, tels que le Jardin des vertueux (Al Riyad Al Salihin) ou encore ses quarante hadiths (Al arba’ïn Al Nawawiyya), dont la valeur est attestée par tous les gens de sciences et qui font l’objet encore aujourd’hui de nombreux commentaires et études. Nous pouvons encore citer son ouvrage Al Tibyan fi adabi hamalati al Qor’an dans lequel l’Imam énumère les règles relatives à la lecture et la psalmodie du Livre Saint ; ou encore son célèbre kitab al adhkar consacré à l’évocation de Dieu, à son mérite et aux différentes formules à prononcer aux différentes occasions de la vie.

Notons également, que bien que l’Imam Al Nawawi ait atteint un haut niveau de savoir, il n’abandonna jamais le madhab d’Al Shafi’i dans lequel il fut éduqué.

Al Nawawi ne put réaliser toutes ces œuvres qu’au terme d’une vie d’efforts et de sacrifices. Il est en effet impossible d’atteindre ce niveau de savoir et de compréhension par le repos et le loisir. De plus, nous voyons ici la seule méthode correcte d’acquisition des sciences religieuses qui est d’être sincère avec Allah, de fréquenter et d’étudier auprès des savants compétents, de mémoriser ce que l’on apprend, sans oublier le travail de recherche et l’effort personnel. Remarquons enfin, que cet héritage immense laissé par l’Imam au patrimoine islamique et aux générations musulmanes fut constitué au terme d’une vie relativement courte, puisque l’Imam Al Nawawi est décédé à l’âge de quarante-cinq ans dans son village d’origine.

Puisse Allah récompenser généreusement cet Imam et en susciter de semblables !


Rubrique: Biographies