7:30 - Dimanche 22 décembre, 2024

- 20. Jumādā al-Ākhira 1446

L’imam Ahmad (780-855)


«Je n’ai point vu plus connaisseur du Livre de Dieu que ce jeune homme quraychite» [Al Shafi’i]

Né en 164H, il est l’imam de Bagdad, le célèbre théologien et juriste, fondateur de la quatrième école de jurisprudence sunnite, le grand savant du hadith, l’ascète, le défenseur de la sunna, l’étendard de l’Islam. Dès son plus jeune âge, son caractère était marqué par un désir ardent pour le savoir. Il commença par mémoriser le Coran puis se lança dans la science du hadith qui allait devenir sa spécialité. Il prit le savoir des plus grands maîtres de son temps. Tout d’abord à Bagdad, avec par exemple Abû Yûssuf, célèbre disciple d’Abû Hanifa ou encore avec le maître du hadith l’imam As-Sulamî. Puis sa quête de connaissance le poussa à voyager à travers le monde musulman pour rencontrer de nombreux savants et se perfectionner dans de multiples disciplines. Lors du pèlerinage, il fit ainsi la connaissance du savant du hadith Abd Ar-razzaq ibn al Hûmam. Il rencontra aussi l’imam Shafi’i avec lequel il se lia d’amitié. Malgré sa notoriété et son savoir reconnu, il n’hésitait pas à s’asseoir en tant que simple étudiant dans des cercles d’études. A ceux qui s’en étonnaient, il répondait humblement : ma plume m’accompagnera toujours, jusqu’à ma tombe ! A l’âge de 40 ans, il se consacra à la fatwa et à l’enseignement à Bagdad. Il eut de brillants disciples tels qu’Abû bakr al Marwazî, Boukhari, Muslim… Cependant une période de trouble allait bientôt s’abattre sur les savants de Bagdad.

A cette époque, la secte musulmane des Mu’tazilites proclama la thèse de la création du Coran. Le problème des Mu’tazilites était de vouloir appliquer le raisonnement rationnel à toute chose y compris à ce qui dépasse l’entendement humain. Si le Coran était pour eux la création d’Allah c’est qu’ils ne voulaient surtout pas que l’on dise qu’Allah parle. Pour les sunnites, le coran est la parole d’Allah révélée au Prophète (Paix et Salut sur Lui) par l’intermédiaire de l’ange Gabriel mais dont l’essence est ignorée. Ils s’en tiennent ainsi au sens réel des attributs Divins sans faire de rapprochement entre le Créateur et la créature car Allah dit dans son Livre : «Il n’y a rien qui Lui ressemble; et Il est Celui qui voit et qui entend» (42,11). Les Mu’tazilites jouissaient d’une forte influence dans les cercles du pouvoir et ils profitèrent de ce privilège pour imposer leur théorie et se rapprocher du calife al Ma’mûn. Ce dernier ordonna à son représentant à Bagdad de réunir tous les savants et de les convaincre de la création du Coran. Ceux qui comme l’imam Ahmed refusèrent d’y adhérer furent démis de leur fonctions, arrêtés et expédiés au calife sous peine de mort.

Dans son livre Târikh Al-Jadal, Sheikh Abû Zahrah rapporte les interrogatoires auxquels fut soumis Ahmed Ibn Hanbal. Il écrit notamment : «Il (l’inquisiteur Ishâq Ibn Ibrâhim) se tourna de nouveau vers Ahmad Ibn Hanbal et lui demanda : « Que dis-tu à propos du Coran ?» Il répondit : “Il est la Parole de Dieu.» Il lui demanda : “Est-il créé ?» Il répondit : « Il est la Parole de Dieu, je n’ai rien d’autre à ajouter »…Ishâq interrogea Ahmad Ibn Hanbal : « Que signifie Il est l’Audient le Clairvoyant ?» Il répondit : « Il est Tel qu’Il S’est décrit Lui-même.» Il demanda de nouveau : “Qu’est-ce que cela signifie ?» Il répondit : “Je ne sais pas, Il est Tel qu’Il S’est décrit Lui-même». Les mains enchaînées Ahmed invoqua alors son Seigneur. Avant même son arrivée devant le calife, ce dernier décéda. Allah dit dans le hadith Qudsi : «celui qui est  l’ennemi de Mon élu je lui ai effectivement déclaré la guerre» (Boukhari). Le nouveau calife Al-Mu’tasim continua de mener la politique d’inquisitions et de persécutions instituée par son frère. L’imam Ahmed fut donc emprisonné, torturé et flagellé. Bien qu’Allah pardonne à celui qui, sous la torture, prononce des propos contraires à Sa religion, le cœur d’Ahmed ne flanchait pas et Dieu tout Puissant voulut que son dos soit le bouclier de la croyance juste et des raisons saines contre l’innovation et la tyrannie. Le Prophète (Paix et Salut sur Lui n’avait-il pas dit : « les justes de chaque génération porteront ce savoir et le préserveront contre la déformation des rigoristes, l’usurpation des imposteurs et l’interprétation des ignorants » (Authentifié selon Ibn Abd al Barr).

Enfin, après deux ans et demi de souffrance, devant la colère des savants de Bagdad, il finit par être libéré. Lorsqu’on l’interrogea sur le calife, et ce qu’il pensait de lui, il invoqua le pardon pour lui. Certains objectèrent : lorsque les gens subissent une épreuve due à une personne, ils font des invocations contre cette personne ; et toi tu pries pour le pardon de al-Mu’tassim ? Voilà bien «ceux qui contiennent leur colère et pardonnent à autrui, Dieu aime les bienfaiteurs» (3,134). Assigné à résidence, il fut finalement réhabilité sous le califat d’al-Mutawakkil et la doctrine de la création du Coran fut abolie. Il put ainsi poursuivre ses activités d’enseignement et de transmission du hadith et laissa derrière lui plusieurs ouvrages dont son célèbre recueil, le Musnad, qui réunit quelques 40 000 hadiths sélectionnés tout au long de sa vie parmi un corpus de 700 000 hadiths. Il mourut en 241H âgé de 77 ans et des centaines de millier personnes assistèrent à son enterrement à Bagdad.

Qu’Allah lui fasse miséricorde et illumine sa tombe !


Rubrique: Biographies