Allah le Très Haut dit au sein de Son Livre : Parmi les êtres humains, il en est qui donnent à Dieu des égaux, en les aimant comme l’on doit normalement aimer Dieu [Seul]. Or les croyants n’aiment rien ni personne plus que Dieu… [2;165]. Au travers de ce verset Allah le Très Haut nous apprend que la foi véritable ne se résume pas simplement à un ensemble d’articles et de chapitres mémorisés mais qu’elle doit également se traduire par des sentiments, et notamment le noble sentiment qu’est l’amour ; puisque les croyants aiment Dieu plus que tout. Ceci constitue l’une des branches les plus importantes, si ce n’est la plus importante parmi les branches du tawhid (la science de l’Unicité, des Attributs et des Droits Divins), branche que nos savants ont appelé tawhid al mahabba, ou le fait de vouer à Dieu un amour spécifique et particulier, un amour à la fois intense mais rationnel, qui pousse à vouer à Dieu sa vie et ses actions : Dis : En vérité, ma Prière, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Dieu, Seigneur de l’Univers [6;162] sans pour autant manquer de clairvoyance ou sombrer dans la folie, à l’instar de la femme qui tenta de corrompre Joseph et qui devint la risée de ses contemporaines à cause de cela : Et dans la ville, les femmes dirent : La femme du gouverneur essaie de séduire son valet ! Il l’a vraiment rendue folle d’amour. Nous la trouvons certes dans un égarement évident [12;30].
Le verset de la sourate al baqara cité en introduction, nous met également en garde contre une faille majeure dans la croyance, et l’une des formes subtiles de paganisme qui consiste à vouer à des créatures, des hobbies ou des passions un amour intense, démesuré ; un amour qui nous pousse à transgresser et à vouer nos actes et nos vies à autres que Dieu, ce qui constitue le chirk al mahabba (l’idolâtrie dans l’amour). Le Coran met en garde et qualifie de fasiq (déviant) toute personne qui se laisse aller à ce piège satanique : Dis : Si vous aimez vos pères, vos enfants, vos frères, vos épouses, vos clans, le salaire que vous gagnez, votre commerce dont vous craignez le déclin et les demeures qui vous sont agréables, plus encore que vous n’aimez Dieu, Son messager et le fait de lutter au service de Dieu, alors attendez que Dieu fasse venir Son ordre. Et Dieu ne guide pas les gens déviants [9;24]. Aussi, les détracteurs de l’Islam et ses mauvais partisans, tendent à présenter, consciemment pour les premiers et inconsciemment pour les seconds, cette religion, son Prophète(paix et salut sur lui), et son Dieu comme violents, dénués de toute clémence et de tout amour. Or si, par la grâce d’Allah, nous avons déjà pu par le passé évoquer le sujet de la douceur, de la miséricorde et également de la place des sentiments dans notre religion, nous allons, si Dieu nous le permet aborder de manière plus particulière la place de l’amour dans cette dernière.
Allah un Dieu qui aime et qui est aimé. L’amour (houbb ou woudd) est un penchant naturel du cœur, un sentiment qui découle de la miséricorde (rahma) et qui en est même la plus belle manifestation ; n’en est privé qu’un malheureux ! Dieu, qui Se connaît le mieux et qui Seul peut se qualifier, par les expressions qu’Il veut, soit par le biais de la Révélation, soit par la langue de ses envoyés et de ses prophètes, S’est Lui-même désigné comme Al Waddoud : Celui qui aime ou qui est aimé, Al Habib, selon le commentaire d’Ibn ‘Abbas. Le prophète Chouaïb prêchait ainsi son peuple qui pourtant persistait dans l’incroyance et le rejet de Dieu : Et implorez le pardon de votre Seigneur et repentez-vous à Lui. Mon Seigneur est vraiment Miséricordieux et Aimant (Wadoud) [11;90]. Ou encore dans la sourate al Bouroudj : C’est Lui (Dieu) le Pardonneur, l’Aimant [85;14]. En effet, Dieu accorde son amour à ses serviteurs à la moralité saine, au bon comportement, dotés d’une éthique et fermes dans leurs principes et leur croyance, ceux qui n’œuvrent pas en vue des biens éphémères, de la réputation, du regard des gens ou de leurs éloges ; et ces gens-là aiment Dieu également : Ô croyants ! S’il vous prenait de renoncer à votre religion, sachez alors que Dieu ne tardera pas à faire venir des gens qu’Il aime et qui L’aiment, modestes envers les croyants et fiers face aux négateurs, qui luttent au service de Dieu, ne redoutant le blâme de quiconque. Telle est la grâce de Dieu qu’Il donne à qui Il veut. Dieu est Immense et Omniscient [5;54].
Pourquoi aimer Allah ? L’être humain est ainsi fait, naturellement il est porté à aimer ce qui est beau ; or les croyants savent que Dieu est Beau (Djamil), au-dessus de toute beauté, et que tout ce qui est beau dans la création, qu’il s’agisse d’une beauté apparente ou d’une beauté cachée ; de beaux paysages, de créatures merveilleuses, ou de belles actions et de beaux sentiments, tout cela, provient de Dieu ; cela nous pousse donc à L’aimer. De plus l’être humain aime celui qui lui fait du bien, et nous croyants, savons que tout bien provient directement de Dieu, tandis que le mal s’il existe par Sa permission, ne saurait Lui être attribué directement : Dieu, c’est Lui qui a créé les cieux et la terre et qui, du ciel, a fait descendre l’eau ; grâce à laquelle Il a produit des fruits pour vous nourrir. Il a soumis à votre service les vaisseaux qui, par Son ordre, voguent sur la mer. Et Il a soumis à votre service les rivières. Et pour vous, Il a assujetti le soleil et la lune à une perpétuelle révolution. Et Il vous a assujetti la nuit et le jour. Il vous a accordé de tout ce que vous Lui avez demandé. Et si vous comptiez les bienfaits de Dieu, vous ne sauriez les dénombrer [14;32 à 34]. Dieu est Le Bon (Al Barr) et Le Bienfaiteur(Al Moun’im, al Mouhsin), le Généreux (al Karim), le Miséricordieux (al Rahman, al Rahim), Celui qui rassure (al Mou’min), Qui demeure sans jamais disparaître (al Baqi), le fort (al Qawwiy), que rien ni personne ne peut ébranler (al Matin), le Créateur (al Khaliq) qui a tout réalisé à la perfection [27;88]. Pour toutes ces raisons, pour toutes Ses qualités, Ses attributs et Ses bienfaits innombrables, Dieu mérite plus que quiconque qu’on Lui voue un amour pur et sincère, sans lequel le concept de servitude ou d’adoration (‘ibada), n’a strictement aucun sens. À ce propos l’imam Ibn al Qayyim dit que l’adoration réunit deux principes essentiels que sont l’extrême amour mêlé au maximum d’humilité (…) nier à Dieu Sa qualité de Bien-aimé des croyants, revient à nier Sa Divinité (…) ceux qui agissent ainsi, limitent en fait leur compréhension du tawhid au fait que Dieu soit seulement Seigneur et Créateur, et se mettent ainsi au niveau des arabes de la période de l’Ignorance (al Jahiliya), qui reconnaissent à Dieu Ses seuls attributs… Ces gens, reprend-il, sont les plus voilés (…) les plus durs de cœur, les plus éloignés de l’esprit de l’amour, de la Divinité, et du bonheur des esprits et des cœurs.
