‘Omar Ibn Al Khattab, de la tribu des Bani ‘Adiy, naquit à La Mecque, treize ans après le Prophète (paix et salut sur lui). Venant d’une famille pauvre, il dût dès son jeune âge travailler pour le compte de son père Al Khattab, qui était un homme dur et sévère. Arrivé à l’âge adulte, ‘Omar deviendra commerçant, puis sera sollicité par Qoraysh pour jouer le rôle de diplomate dans les conflits avec les tribus alentour.
‘Omar avait hérité du caractère dur de son père, qui allait de pair avec son allure colossale. Il était, ce que certains appellent, un « bon vivant » et « un patriote », toujours prêt à défendre son peuple et ses traditions. C’est ce dernier trait de caractère qui poussera d’ailleurs ‘Omar à persécuter ceux des siens qui avaient osé remettre en cause la religion de son peuple en suivant le nouveau Prophète (paix et salut sur lui).
Un jour, n’en pouvant plus d’entendre parler de nouvelles conversions et des conflits que celles-ci entraînaient dans les familles, ‘Omar se ceignit de son épée et partit fou de rage avec la ferme intention d’assassiner l’Envoyé de Dieu (paix et salut sur lui) ! Ainsi, pensait-il qu’il deviendrait le héros de son peuple, celui qui rétablirait par son geste la concorde et la paix, quand bien-même serait-il condamné lui-même par la suite.
En chemin, il croisa Nou’aym Ibn Abdallah, à qui il confia son dessein. Ce dernier, qui cachait lui-même sa foi musulmane, lui suggéra de commencer par « balayer devant sa porte » puisque, sa propre sœur, Fatima et son beau-frère Saïd, s’étaient eux-mêmes convertis. Toujours dominé par sa rage, ‘Omar changea de direction, pour se précipiter chez sa sœur. Une réunion spirituelle s’y tenait alors. On y récitait et expliquait les derniers versets tout juste révélés. ‘Omar frappa brutalement à la porte, Khabbab, qui lisait les versets, se cacha aussitôt, tandis que Fatima vint ouvrir la porte. ‘Omar pénétra à l’intérieur de la demeure et demanda à sa sœur et à son beau-frère s’il était vrai qu’ils avaient tous deux renoncé à la religion de leurs pères. Zayd chercha vainement à tempérer sa réponse : « Et si ton père n’était pas sur la bonne voie ?… ». ‘Omar se jeta alors sur lui. Fatima chercha à s’interposer pour secourir son époux. Elle fut alors très violemment projetée à terre. C’est à ce moment seulement, qu’Omar retrouva ses esprits et comprit qu’il était allé trop loin sous l’effet de la colère. Voyant sa sœur blessée, il tenta de s’excuser et demanda qu’on l’informe simplement du discours qui se tenait juste avant son arrivée. Fatima saisit l’occasion exigeant d’Omar qu’il se lave avant car « seuls les purifiés peuvent toucher » le Livre Saint. ‘Omar obtempéra. Le parchemin sur lequel étaient écrits les premiers versets de Ta-Ha lui fut remis : « Ta-Ha. Nous ne t’avons pas révélé le Coran pour te faire du mal. Ce n’est qu’un rappel pour ceux qui craignent. Révélation de Celui qui créa la Terre et les cieux auparavant. Le Miséricordieux qui siège sur Son Trône. Qui lorsque tu élèves la voix, t’entend aussi bien que les murmures et les secrets. Allah, nul divinité que Lui. À Lui les Noms les plus beaux ». La traduction ici ne nous permet pas de retranscrire la profondeur et la beauté de ces paroles qui eurent sur ‘Omar un puissant effet. En effet, le voile qui couvrait jusqu’alors son cœur et son intellect, venait de se déchirer pour laisser y pénétrer les premières lueurs de la foi.
Aussitôt, ‘Omar demanda qu’on le conduise auprès de celui qu’il était d’abord parti pour assassiner afin qu’il puisse témoigner de sa foi ! N’est-ce pas là un miracle – comme il s’en produisit d’autres du vivant du Messager et après sa mort – de voir comment, en un laps de temps, l’ennemi acharné peut devenir un partisan zélé ! Par ailleurs, autre signe de la prophétie, l’Envoyé de Dieu (paix et salut sur lui), avait quelques jours plus tôt annoncé l’évènement à venir, puisqu’il avait formulé devant les musulmans la prière suivante : « Ô Seigneur Dieu… renforce l’Islam par la conversion de celui de ces deux hommes que Tu aimes le plus : ‘Omar Ibn Al Khattab ou Al Hakam Ibn Hicham ». C’est dire que pour le Prophète (paix et salut sur lui), ‘Omar avait le même degré d’hostilité et de dangerosité pour le message qu’Abou Jahl ; et espérait donc que la conversion de l’un de ces deux individus entraînerait un changement dans le rapport de force entre la foi et ses détracteurs.
Le réveil de ‘Omar ne se fit pas à moitié. Dès lors qu’il eut prononcé l’attestation de foi, il eut la réflexion suivante : « Ô Envoyé d’Allah… n’est-ce pas l’Islam qui est la vérité ? N’est-ce pas que nos concitoyens sont dans l’erreur ? Pourquoi alors devrions-nous cacher notre foi ? ». Il est vrai qu’Omar était un homme fier qui en imposait et pour qui courber l’échine était impensable. Aussi, joignant l’acte à la parole, il partit frapper aux portes des leaders Qorayshites, pour leur annoncer fièrement sa conversion. Ceci lui valut d’être violemment pris à parti par un groupe de jeunes intrépides qui durent finalement reculer face à lui et se disperser.
À suivre si Dieu le veut…