5:47 - Dimanche 22 décembre, 2024

- 20. Jumādā al-Ākhira 1446

Des interprétations erronées de la Prédestinée


Dans les articles précédents, nous avions donné un aperçu général de la croyance au Destin en Islam. Nous avons notamment étudié les quatre fondements sur lesquels repose cette croyance : l’Omniscience d’Allah, la Table Préservée, Sa Volonté accomplie et Dieu comme unique Créateur. Dès lors, il sera ici question des erreurs à éviter en terme d’interprétation de la Prédestinée.

Qadariya et jabriya : Les premières interprétations du Destin qui dévièrent de la croyance orthodoxe apparurent à la fin de l’époque des compagnons. Certains, en tentant d’étudier la question, finirent par nier totalement la prédestinée. Quelles que soient leurs approches et leurs conclusions, tous commirent la même erreur, celle de vouloir appréhender le sens du Destin au seul moyen de la raison tandis que celui-ci est par essence insaisissable et que l’étude approfondie sur cette question mène au doute, à la tourmente et à la malédiction. Il existe deux principaux courants déviants : les partisans du libre-arbitre ou qadariya et les partisans du fatalisme ou jabriya. Pour al qadariya, l’être humain jouit d’une liberté de choix totale. Ses actes ne sont pas créés par Allah mais par l’homme lui-même du fait de son libre-arbitre absolu. Ce faisant, ils ont nié au Seigneur les attributs de l’omniscience et de la Création de toute chose. Ils ont également dit que la volonté de l’être humain est supérieure à la Volonté Divine puisque Dieu veut par exemple pour une personne la foi et le bien mais cette dernière choisit de mécroire et de faire le mal. De même, puisque Dieu ne crée pas les actes de l’homme, Il ne connaît pas les évènements avant qu’ils se produisent et ne sait donc pas non plus qui ira au Paradis et qui ira en Enfer tant que le jour du Jugement n’aura pas eu lieu. Quant à al jabriya, ils ont pris la position inverse à savoir que l’homme ne jouit d’aucune forme de libre arbitre et qu’il ne fait que subir son Destin. Il est ainsi semblable à un acteur de cinéma qui joue son rôle en suivant scrupuleusement le scénario écrit à l’avance par le scénariste ! Se faisant, ils ont renoncé aux œuvres pieuses et ont abandonné leurs âmes à leurs passions. Si on leur reproche leur désobéissance, ils objecteront que Dieu Lui-même l’a voulu et qu’il est inutile de vouloir s’opposer à Son ordre. Ce type de raisonnement donne ainsi libre cours aux pires abominations puisque l’homme délaisse la purification de son âme pour ce qu’il a de plus mauvais en lui, cédant par là à ses désirs et caprices les plus primaires. Cela sous-entend aussi qu’Allah est injuste car l’être humain sera jugé sur des actes qui lui ont été imposés et qu’il n’a pas choisis.Pureté à Lui ! Il est plus haut et infiniment au-dessus de ce qu’ils disent ! [17;43]. Tous les autres courants négateurs du Destin sont en fait dérivés de ces deux doctrines, les reprenant soit totalement soit en partie sous une forme différente.

Deux types de volonté : Qu’il s’agisse de l’une ou de l’autre doctrine, chacune d’elles s’est égarée en tentant d’étudier la réalité de la Volonté Divine et de la volonté humaine. Les premiers ont dit : Dieu ne veut pas le mal et aime le bien. Par conséquent si un homme fait un mal, il est le seul à l’avoir décidé car la Volonté Divine ne peut concéder au mal. Les deuxièmes ont dit : à quoi bon œuvrer ! Nous sommes impuissants car tout est déjà écrit. Notre volonté de faire un bien ou un mal ne dépend que de la Volonté Divine. Les savants ont alors réfuté ces idées, qui comportent une part de vérité mais dans le même temps en rejettent une autre ; en expliquant qu’il faut distinguer la volonté légale (char’iya) de la volonté universelle (qadariya). La première est ce qui est agréé par Allah et ce qu’Il recommande à l’homme pour son bien mais qui ne se produit pas nécessairement. Il-Exalté soit-Il- aime la bonté, la piété, la prière, l’aumône ; Il déteste le mensonge, l’impiété, le crime, etc. Allah ne veut pas vous imposer quelque gêne, mais Il veut vous purifier et parfaire sur vous Son bienfait [5;6]. La deuxième est celle qui englobe toute l’existence et concerne le Destin qui a été consigné dans l’Ecriture-Mère, avant même la création de l’univers, pour toute chose. Il s’agit donc de l’omniscience d’Allah selon laquelle si Dieu veut une chose elle est et dans le cas contraire elle n’est pas. Si Allah avait voulu, ils ne se seraient pas entre-tués, mais Allah fait ce qu’il veut [2;253].

Et Allah sait mieux !


Rubrique: La foi du musulman