Le pacte d’al Fudhûl. Tandis que Mohammad (Paix et Salut sur lui) était âgé de quinze ans, la guerre dite du sacrilège éclata, opposant les clans de Quraych et Kinâna à Qays ‘Aylân. Elle fut nommée ainsi car elle se déroula durant les mois sacrés où la guerre était en principe proscrite. Lorsque la paix fut restaurée, les gens de la Mecque ressentirent le besoin d’instaurer une confédération ayant pour rôle d’enrayer la violence et l’injustice. En effet, l’esprit tribal y étant prédominant, la ville était en proie à une incessante insécurité rendant toute organisation sociale et toute justice impossible. C’est ainsi que les représentants de différentes tribus se retrouvèrent et conclurent un pacte afin de faire valoir les droits des plus faibles. A propos de ce pacte, le Prophète (Paix et Salut sur lui) a dit : j’ai assisté dans la maison de ‘Abdullah ibn Jad’ân à la conclusion d’un pacte. Je n’échangerai pas la part que j’y ai prise contre un troupeau de chameaux rouges. Et si l’on me demandait maintenant, en Islam, d’y prendre part, je répondrais favorablement (Ibn Hichâm). A travers ce hadith nous pouvons voir combien l’Islam dans son essence est attaché à la justice, que le musulman se doit de soutenir dès lors qu’elle se manifeste clairement, et même s’il doit pour cela s’associer à des personnes qui ne partagent pas les mêmes idées ou les mêmes croyances que lui.
Le mariage avec Khadîja. Khadîja était une femme noble et riche. Veuve et âgée de quarante ans, elle faisait du commerce, employant des hommes avec lesquels elle partageait les bénéfices. Ayant entendu parler de l’honnêteté et de la droiture de Mohammad (Paix et Salut sur lui), elle lui proposa de travailler pour elle. Ce dernier accepta et dirigea l’une de ses caravanes vers la Syrie accompagné de Maysara, serviteur de Khadîja. Sans encore se l’avouer, le cœur de cette dernière s’était épris pour le jeune homme, fortement impressionnée par la noblesse de son caractère. Au retour de la caravane elle put remarquer que les bénéfices tirés du voyage étaient nettement supérieurs à ceux qu’elle engendrait d’habitude. Consciente d’être tombée sur l’homme qu’elle recherchait, elle fit part à son amie Nafîsa de son désir d’épouser Mohammad (Paix et Salut sur lui). Nafîsa rapporta l’affaire au Messager de Dieu (Paix et Salut sur lui) qui accepta. Après concertation entre les oncles paternels du Prophète (Paix et Salut sur lui) et l’oncle de Khadîja, le mariage fut conclu. Mohammad (Paix et Salut sur lui) était alors âgé de vingt cinq ans.
La reconstruction de la Kaaba. La Kaaba est le premier temple à avoir été érigé pour l’adoration de Dieu. Elle fut construite sur ordre d’Allah, par le prophète Ibrahim et son fils Ismaël. Même si certaines sources avancent qu’elle fut édifiée à l’origine par Adam, le père de l’Humanité, nous ne pouvons retenir ces récits qui manquent de fondements. Quoi qu’il en soit, symbole de l’Unicité Divine, la Kaaba était devenue au cours du temps le théâtre de l’idolâtrie, en totale opposition avec la religion d’Abraham. Toutefois, malgré le culte des idoles, qui la déshonorait un peu plus chaque jour, la Kaaba restait vénérée par les Arabes. Cinq ans avant le début de la Révélation, ces derniers entreprirent de la reconstruire suite à des intempéries qui l’avaient partiellement détruite. A cette occasion, la grandeur d’âme et l’ingéniosité du Prophète allaient de nouveau s’illustrer. En effet, tandis que chaque tribu reconstruisait la portion de l’édifice qui lui était impartie, un violent conflit éclata, chaque tribu disputant aux autres l’honneur de poser la Pierre Noire. Alors que la situation était sur le point de dégénérer, un certain Abû Umayya proposa de choisir pour arbitre la première personne qui entrerait dans l’enceinte. L’idée fût acceptée, et lorsque le Destin voulut que Mohammad (Paix et Salut sur lui) fût le premier à y entrer, tous les acteurs du conflit se dirent qu’ils n’auraient pas pu mieux tomber, compte tenu de l’estime dont il jouissait à la Mecque. Le Prophète (Paix et Salut sur lui) demanda à ce que la pierre soit placée sur une étoffe de tissu dont chaque coin devait être saisi par le représentant d’une tribu. La Pierre Noire fut ensuite portée à hauteur de son emplacement. Le Messager de Dieu (Paix et Salut sur lui) s’en saisit alors et se réserva l’honneur de la poser ; honneur que personne ne pensa lui contester du fait de sa haute moralité. Ainsi, la querelle prit fin, la reconstruction fût achevée et la Kaaba recouverte d’un fin voile de lin. Ce n’est que sous le califat omeyade d’Abdel Malik Ibn Marwan qu’elle fut vêtue du long drap de soie noir que nous voyons aujourd’hui et qui est remplacé chaque année. Il est à noter enfin que la Maison de Dieu ne fut pas reconstruite sur les fondations datant de l’époque d’Abraham. Bien plus tard, quand l’Islam eut triomphé, le Prophète ne la fit cependant pas reconstruire sur les bonnes fondations, de crainte de brusquer ceux qui venaient tout juste d’entrer en Islam. Il renonça ainsi à un acte souhaitable pour éviter une fitna.
Et Allah sait mieux…