L’imam Ibn Qayyim a dit : Les hommes qui connaissent Dieu s’accordent pour dire que l’abandon, c’est que Dieu t’abandonne à toi-même et ne s’interpose plus entre ton égo et toi ; à l’inverse, la réussite c’est qu’Il ne te confie pas à ton âme. Il reste que, dans les deux éventualités, la repentance se ramène à ton attachement à Lui et à sa protection en ta faveur. Quant à la joie que procure le péché, elle est une preuve de l’intensité du désir, de l’ignorance de la valeur de Celui à qui on a désobéi, et des conséquences graves et désastreuses du péché. Le fait de s’en réjouir a éclipsé pour le serviteur tout le reste, alors que cette réjouissance lui est plus préjudiciable que la consommation du péché lui-même. Il faut d’ailleurs dire que le serviteur ne se délecte jamais du péché et ne se réjouit pas. S’il ne l’aborde pas avec de la tristesse qui se mêle en son cœur, c’est parce que l’ivresse du désir le voile par rapport à la conscience de l’avoir commis. C’est pourquoi, si la tristesse quitte son cœur et qu’il ne ressent que gaîté et joie, il doit mettre en cause sa foi et pleurer la mort de son cœur. Au contraire, s’il était vivant, il ressentirait de la tristesse pour avoir commis un péché, s’emporterait même et trouverait cela insupportable. Ce point subtil à propos du péché, rare sont ceux qui y prêtent attention. Pourtant, c’est quelque chose d’effrayant qui conduit le serviteur à sa perte s’il ne se rattrape pas par trois choses : la crainte d’y succomber avant la repentance, le regret d’avoir désobéi à Dieu et l’accomplissement de l’effort sérieux pour se rattraper. […] L’obstination constitue également un autre péché qui est peut- être plus grand que le premier. Cela relève d’ailleurs du châtiment : il implique un péché plus grand, puis un deuxième, puis un troisième…jusqu’à que la perte soit assurée.
Tiré des Sentiers des Itinérants