5:21 - Dimanche 22 décembre, 2024

- 20. Jumādā al-Ākhira 1446

‘Abdallah Ibn ‘Abbas


Abdallah Ibn ‘Abbas est le fils d’Al ‘Abbas, et donc le cousin du Prophète (paix et salut sur lui). Il est aussi l’un des plus éminents compagnons, malgré son jeune âge et le peu de temps passé en compagnie du Prophète (paix et salut sur lui) ; en effet, il n’avait que treize ans lorsque ce dernier rendit l’âme. Il s’est illustré notamment par l’étendue de son savoir et de sa sagesse. Il reste connu comme ‘l’Interprète (tourjaman) du Coran’, ‘l’océan de science’ ou encore ‘l’érudit de cette communauté’ (habr al oumma).

Sa mère est une des premières femmes à avoir embrassé l’Islam. Dès sa naissance, elle l’emmena voir le Prophète (paix et salut sur lui) pour que celui-ci mélange de sa salive bénie à celle de son fils, avant même qu’elle ne le laisse boire de son sein ! Ce fut le début d’une relation étroite entre le Prophète (paix et salut sur lui) et son cousin. Abdallah Ibn ‘Abbas a ainsi pu profiter pleinement du peu de temps qu’il vécut en compagnie du Prophète (paix et salut sur lui) se mettant à son service dès qu’il en eut la possibilité, et le suivant dans ses moindres faits et geste jusqu’à devenir comme son ombre. Il a montré très tôt les signes d’une grande intelligence, et avait une capacité d’assimilation et de compréhension hors du commun, ce qui lui a permis d’accumuler une immense quantité de savoir alors qu’il n’était qu’un enfant. Le Prophète (paix et salut sur lui) qui éprouvait une grande affection pour lui, avait remarqué ses aptitudes et sa dévotion, et invoqua Allah pour lui en ces termes : ‘Ô Allah, donne-lui une compréhension profonde de l’Islam et apprends lui les subtilités de l’interprétation’ [Al Hakim, auth. Al Dhahabi, Al ‘Iraqi]]. Le Prophète (paix et salut sur lui) a voulu ce qu’il y a de meilleur pour son jeune cousin, en demandant à Allah de lui accorder une compréhension qui va au-delà des choses apparentes et superficielles, lui permettant ainsi d’accéder à l’essence de notre religion, d’en saisir les objectifs profonds, et les finalités sublimes. Il deviendra par la suite une référence dans l’interprétation des versets du Coran, tant dans leurs significations apparentes, que dans leurs sens cachés.

À la mort du Prophète (paix et salut sur lui), Ibn Abbas redoubla d’effort dans la recherche du savoir et la mémorisation des hadiths. Il préférait la compagnie des adultes à celle des enfants de son âge, tant il avait soif de connaissances. Il faisait preuve d’une maturité exceptionnelle et avait le souci de recueillir un maximum de sagesse des compagnons qui avaient côtoyé le Prophète (paix et salut sur lui) tant qu’ils étaient encore en vie. Il a su profiter de la fraîcheur de sa jeunesse dans ce qui lui était utile, délaissant très tôt les futilités de ce bas-monde afin de faire ses provisions pour l’au-delà. ‘Omar le surnommait ‘le jeune qui ne fréquente que les vieux’.

Il était d’une curiosité intarissable, et d’une rigueur sans faille, vérifiant chaque nouvelle information qu’il recueillait auprès de plusieurs compagnons. Durant cet apprentissage, il se faisait humble devant ses aînés et se mettait à leur service étant donnée leur position, tout comme eux se faisaient humbles devant l’étendue de son savoir et de ses qualités. Ainsi, lorsque Zayd Ibn Thabit, le scribe du Prophète (paix et salut sur lui) prévoyait de partir en voyage, le jeune Abdallah se tenait humblement à ses côtés en prenant les rênes de sa monture, adoptant l’attitude d’un serviteur à l’égard de son maître. Zayd lui dit alors : ‘Ne fais pas cela ô cousin du Prophète !’. ‘C’est ainsi que l’on nous a ordonné de traiter les plus érudits d’entre nous’, lui rétorqua Abdallah. Et Zayd lui répondit : ‘Laisse-moi voir ta main’. Abdallah tendit sa main. Zayd l’embrassa et dit : ‘c’est ainsi que l’on nous a ordonné de traiter les membres de la maison du Prophète’.

Il s’illustra très vite comme une référence en matière de connaissance et de sagesse, au point que ‘Omar l’invitait à siéger dans son conseil, et ce malgré son jeune âge. Sa’d Ibn Abî Waqqâs témoigne en ces mots : ‘Je n’ai jamais vu quelqu’un de plus intelligent, de plus érudit, de plus sage, et de plus bienveillant qu’Ibn ’Abbas. J’ai vu ’Omar le convoquer afin de discuter de problèmes difficiles en présence des gens de Badr parmi les Mouhajirîn et les Ansars. Ibn ’Abbas, parlait, et ’Omar ne remettait jamais en cause ses jugements’ !

Les gens affluèrent bientôt de partout afin de tirer profit de ses enseignements. Il était passé maître dans chaque discipline, et des foules d’élèves se succédaient chez lui pour assister à ses cours dans l’interprétation du Coran, le fiqh, le hadith, l’histoire, la sira, ou encore la langue arabe.

Il mettra à profit son immense savoir et sa logique lors du califat de ‘Ali, alors qu’un groupe de dissidents ignorants se rebellèrent contre le Calife en prétextant des arguments religieux ; arguments qu’Ibn ‘Abbas réfuta un à un dans un débat pacifique qui mena au repentir d’un grand nombre d’entre eux. Les quelques obstinés restant, qui étaient profondément encrés dans l’ignorance et l’innovation religieuse, formeront les khawarij.

Lorsque la communauté commença à se fragmenter durant le Califat d’Ali Ibn Abi Taleb et à connaître des troubles politiques assez graves, Ibn ‘Abbas fit son possible pour apaiser les tensions et réconcilier les différents partis. Enfin, notons qu’aucune des épreuves que vécut la communauté ne détourna Ibn ‘Abbas de sa mission de prédication et d’éducation, jusqu’à l’âge de 71 ans auquel il fut rappelé à son Seigneur.

‘Abdallah Ibn ‘Abbas a mené une vie exemplaire jusqu’au bout. Il fut le fruit de l’éducation prophétique, à l’instar de compagnons comme ‘Abdallah Ibn ‘Omar et Oussama Ibn Zayd, qui sont des modèles de sincérité et de dévotion dans la recherche du savoir, sa mise en pratique, et sa transmission. Il a participé à l’essor de la communauté et au rayonnement de l’Islam, et il est l’un des plus grands rapporteurs de hadiths. À ce titre, sa vie mérite d’être méditée et enseignée à nos enfants pour en faire une source d’inspiration ; ‘Celui a qui Allah veut du bien, Il lui donne une compréhension profonde et globale de la religion’ [Al Boukhari].


Rubrique: Biographies, Les Compagnons