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- 19. Jumādā al-Ūlā 1446

Abraham [Ibrahim], le père des prophètes


Abraham est né des siècles après le Déluge, en Mésopotamie (actuelle région du Koweït et de l’Irak), alors que la majorité des hommes étaient retombés dans l’idolâtrie. Son père vendait des idoles qu’il taillait dans le bois. Depuis tout petit, Abraham voyait comment ces morceaux de bois inertes devenaient des statues que les gens achetaient, leur attribuant des pouvoirs de protection, de guérison, s’adressant à elles et leur formulant leurs vœux.

Abraham grandissait et observait la société et l’univers qui l’entouraient et se posait des questions. Il sentait au fond de lui l’existence de « quelque chose » de plus grand derrière tout cela, et n’acceptait pas les croyances et le mode de vie de ses contemporains. Il cherchait la vérité et Dieu le guida et se révéla à lui. Abraham reçut l’ordre d’appeler son peuple à délaisser les idoles pour adorer le Créateur. Il leur expliquait que les hommes ne sont pas sur Terre sans raison, pour manger, s’amuser et se reproduire mais que cette vie a un sens.

Abraham commença à débattre avec son père, avec douceur et amour : comment pouvait-il adorer ce que lui-même sculptait de ses mains ?! Mais son père et son peuple ne voulaient pas comprendre ; ils se contentaient de faire ce que faisaient leurs aïeux avant eux, et ces questions métaphysiques ne les intéressaient guère, tout ce qui comptait pour eux était de mener une vie paisible, sans contraintes et sans rendre de comptes à personne. Abraham était sincère et il était zélé pour défendre la vérité. Pour les obliger à réfléchir, il alla discrètement détruire leurs statues sacrées et remis le bâton dans la main de la plus grande d’entre-elles qu’il laissa intacte. Quand ils vinrent à lui, décider à venger leurs divinités, il leur dit que peut-être était-ce la grande statue qui avait fait cela afin que l’on adore qu’elle ! Or eux-mêmes durent avouer que c’était impossible, car au fond d’eux ils savaient bien que ces statues étaient mortes et incapables de faire pareille chose. Mais même devant l’évidence, ils ne pouvaient accepter qu’un seul jeune homme puisse détenir la vérité alors qu’eux et leurs ancêtres aient été dans l’erreur. Aussi, décidèrent-ils, puisqu’Abraham avait dépassé la ligne rouge en osant s’attaquer à ce qui était sacré pour eux, de le condamner à mort en le jetant dans un brasier. Mais Allah qui est Vivant et Tout Puissant le préserva du mal du feu, dans lequel il demeura sept jours et fut nourri d’une nourriture céleste. Cela n’est pas dur pour Celui qui a donné au feu la propriété de brûler de la lui enlever exceptionnellement. Au sortir du feu, Abraham essaya encore une ultime fois de convaincre son père de suivre le droit chemin, mais celui-ci se mit en colère, devint menaçant, et lui dit qu’il ne voulait plus jamais le revoir. Aussi Abraham quitta son pays, suivi des quelques personnes qui crurent en lui.

Il se maria avec Sara, Allah l’enrichit et lui promit une descendance très nombreuse. Mais les mois et les années passaient sans que Sara n’enfante. Aussi, chagrinée de ne pouvoir donner d’enfant à son mari, elle suggéra qu’il épouse sa servante Hagar. Abraham consulta son Seigneur puis épousa Hagar avec la permission Divine.

Cette dernière tomba enceinte et donna bientôt naissance à Ismaël. Celui-ci fut éduqué dans l’obéissance à Dieu. Alors qu’il était encore enfant, Abraham se vit en rêve en train l’offrir en holocauste à Allah, or le rêve des prophètes est une révélation. Aussi, Abraham partit raconter sa vision à son fils. Celui-ci fit preuve de résignation et accepta d’être sacrifié si telle était la volonté Divine, il dit : ‘Ô père fais ce qu’on t’a ordonné, tu me trouveras patient si Dieu le veut’ (38;102). Allah sait ce qui est bon pour nous et Il n’ordonne pas le mal. Abraham partit donc avec son enfant, et ni l’un ni l’autre ne répondirent favorablement aux appels du diable qui tentait de les faire fléchir. Abraham accomplit ce qu’il avait vu en rêve mais le couteau ne put pénétrer la chair de l’enfant ; ce n’était qu’une épreuve, par laquelle Allah voulait montrer aux mondes la grandeur, la sincérité et la pureté de la foi de Son ami Abraham, son entière soumission à Dieu et sa grande résolution. Abraham sacrifia finalement un bélier pour Allah et repartit avec son fils bien-aimé.

C’est pour cela que notre Prophète, Mohammad, paix et salut sur lui, a rétabli et institué à sa communauté la coutume du sacrifice, le dixième jour de Dhull Hijja, en souvenir de cette grande histoire. Que la paix soit sur Abraham et sur son fils Ismaël !

Peu de temps après l’épisode du sacrifice, Abraham reçut la visite d’un groupe d’anges, ayant pris une apparence humaine, envoyés par Allah, pour lui annoncer que Sara allait bientôt donner naissance à un garçon vertueux qui se prénommera Isaac (Ishaq). Sara fut étonnée, étant donné qu’elle était âgée et stérile et que son mari était lui aussi un vieil homme. Cependant Allah a fixé les lois de la nature et Il n’y est pas soumis, quand Il veut une chose, Il n’a qu’à dire : ‘Sois !’ et elle est aussitôt. Les anges annoncèrent également qu’ils avaient pour mission d’anéantir la cité de Lot.

Isaac naquit comme Allah l’avait promis, faisant la joie de ses parents et alors qu’il grandissait, Abraham reçut d’Allah l’ordre d’accompagner Ismaël et sa mère dans le désert d’Arabie et de les y laisser. Aussitôt il se mit en route, puis les abandonna là où il en avait reçu l’ordre : dans une vallée aride au milieu du désert. Alors qu’il s’en allait le cœur lourd du fait de sa séparation d’avec son épouse et d’avec son fils chéri, Hajjar lui demanda inquiète, s’il accomplissait là un commandement Divin. Abraham acquiesça ce qui rassura Hajjar, puis il repartit implorant Allah pour sa femme et son fils.

Les heures passèrent et les réserves d’eau d’Hajjar s’épuisèrent, le petit Ismaël  commençait à agoniser et sa tendre mère s’affolait. Effrayée à l’idée de perdre son enfant, Hajjar se mit à courir jusqu’à la colline la plus proche pour voir si elle apercevait quelque caravane à l’horizon, mais elle ne vit rien d’autre que du sable. Elle courut ensuite jusqu’au sommet de l’autre colline mais ne vit rien. Sa pitié et son amour pour son enfant la conduisirent à faire sept fois l’aller-retour entre ces deux collines que l’on appela plus tard Al Saffa et Al Marwa. Désespérant de trouver de l’aide auprès des hommes, elle se souvint de Celui qui est Vivant et est Témoin de tout, Lui adressa alors ses supplications. Allah répond à l’appel de qui L’invoque sincèrement et délivre l’angoissé de ce qui l’effraie. Aussi envoya-t-Il l’Archange Gabriel (Jibril) pour que celui-ci sauve l’enfant et sa mère. Gabriel frappa le sol de son pied et l’eau du puits de Zam-zam apparut à la surface. Ismaël et sa mère purent se désaltérer. Bientôt arrivèrent des groupes de marchands arabes qui s’installèrent avec la permission d’Hajjar dans cette vallée qui deviendra la ville sainte de la Mecque. C’est en souvenir de cet évènement qu’Allah a ordonné aux musulmans et aux musulmanes qui en ont les moyens d’accomplir une fois dans leur vie le pèlerinage à la Mecque. Ismaël fut un homme, fidèle à la foi de son père et y appelant ses proches. Dieu fit de lui un prophète, le bénit et lui accorda femmes et enfants.

Des années plus tard, Abraham revint voir son fils, pour construire avec lui un temple pour Dieu, comme il en avait reçut l’ordre. Aussi se mirent-ils à la tâche et construisirent-ils la Kaaba, autour de laquelle tournent, ont tourné et tourneront aussi longtemps qu’Allah le voudra, des millions de croyants. Allah promit qu’Il susciterait dans le futur un grand prophète issu de la descendance d’Ismaël et Il réalisa sa promesse des millénaires plus tard en envoyant Mohammad, paix et salut sur lui.

Pendant ce temps, Isaac avait grandi auprès de son père jusqu’à ce que celui-ci le marie. Allah accorda à Isaac un enfant qu’il prénomma Jacob (Yaqoub) et qui fut plus tard renommé Israël (Israïl). Isaac et Jacob suivirent toutes leurs vies la religion d’Abraham et furent tous deux des prophètes. Jacob eut des épouses, qui lui donnèrent douze fils. Ses deux derniers fils furent Joseph (Youssouf) et Benjamin.

Ce que nous retenons de ce récit :

(1) Les prophètes sont les êtres humains les plus éprouvés,

(2) C’est dans l’épreuve que se manifeste la véracité de la foi,

(3) La religion d’Abraham était l’entière obéissance à Allah sur la base d’un discernement et d’une certitude, sans jamais se rebeller contre Ses commandements et le rejet de l’idolâtrie sous toute ses formes,

(4) Abraham, Lot, Ismaël, Isaac, Jacob et Joseph étaient tous des prophètes parents les uns des autres et dévoués à Allah jusqu’à leur mort.


Rubrique: Les histoires des prophètes