Allah le Très Haut dit : Une parole agréable et un pardon valent mieux qu’une aumône suivie d’un tort. Dieu n’a besoin de rien, et Il est indulgent [2;263]. Et Il nous rappelle l’engagement qu’Il prit de nos prédécesseurs – et cela vaut pour nous également – de n’adorer que Dieu, d’être bons avec nos parents, avec nos proches, avec les orphelins et les nécessiteux, d’avoir de bonnes paroles à l’égard des gens… [2;83]. À travers ces versets éloquents, le Coran nous rappelle l’importance qu’il y a, pour le musulman, à bien se comporter avec autrui, et ce, quelles que soient ses convictions – tant que cette personne n’est pas malfaisante – en effet, Dieu ne vous défend aucunement de bien vous comporter et d’être justes envers ceux [qui ne partagent pas votre foi et] qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. [Bien au contraire] Dieu aime les gens justes [60;8]. Ceci étant, l’affabilité ou le fait de bien se comporter avec autrui est l’un des principes fondamentaux de l’Islam. Le Prophète (paix et salut sur lui) n’a eu de cesse de nous apprendre l’affabilité tant par l’acte que par la parole. Arrêtons-nous donc quelques instants sur quelques-uns de ses enseignements lumineux, espérant que cela nous aidera à réformer nos caractères et à « déterrer » ces [si belles] sounan, qui participèrent à faire la splendeur de l’Islam et des musulmans des premiers siècles, et qui contribuèrent aussi grandement à la propagation du Message de l’Islam et à l’adhésion des populations à son appel.
Exprimer de bonnes paroles. Outre les versets déjà cités, Allah le Très Haut dit : Ô vous qui croyez, craignez donc Dieu, et tenez des propos corrects, afin qu’Il améliore vos actions et vous pardonne vos péchés [33;70-71]. Nous voyons ici que la bonne parole est liée à la foi et à la piété ou crainte de Dieu. Le Prophète (paix et salut sur lui) confirme cela lorsqu’il dit : que celui qui croit en Dieu et au Jour du Jugement dise du bien ou se taise [Al Boukhari & Mouslim].
Nous devons comprendre que la bonne parole est une véritable adoration comme le sont la prière, le jeûne etc. Allah dit : vers Lui [Dieu] monte la bonne parole, et Il élève haut la bonne action [35;10], et le Prophète (paix et salut sur lui) nous apprend qu’une bonne parole est comme une aumône [Al Boukhari & Mouslim]. En d’autres lieux il exhortait les gens en ces termes : préservez-vous de l’enfer, ne fut-ce qu’en partageant un morceau de datte, et celui qui n’en a pas, qu’il s’en préserve alors par une bonne parole [Al Boukhari & Mouslim].
Le fait d’avoir des bonnes paroles participe à rapprocher les cœurs, à établir de bonnes relations avec autrui, à rassurer les gens, et de ce fait à consolider les fondations de l’Islam ; comme à l’inverse, les mauvaises paroles contribuent à propager la haine et la rancœur, à faire peur aux gens et à les éloigner finalement de nous : Et dis à Mes serviteurs d’exprimer les meilleures paroles, car le diable sème la discorde parmi eux [au travers des mauvaises paroles]. Le diable est certes, pour l’homme, un ennemi déclaré [17;53]. Allah dit d’ailleurs à Son Prophète (paix et salut sur lui) : ton affabilité/douceur envers les gens procède de la Miséricorde Divine ; si tu étais rude et dur [le contraire de l’affabilité] les gens s’éloigneraient de toi [3;159]. C’est dire que l’éloquence, le charisme ou l’érudition ne sont pas seuls suffisants à gagner les cœurs, si ces qualités ne sont pas accompagnées de douceur et de tact, qui découlent de la sincérité.
Que sont donc ces bonnes paroles ? Nous pouvons citer des choses très simples comme le fait de saluer correctement les gens. Allah dit : Si on vous fait une salutation, saluez d’une façon meilleure ; ou bien rendez-la (simplement). Nous serions tentés de sous-estimer la portée de ce commandement, et de nous demander pourquoi-donc Dieu qui a créé cet univers immense nous demande un acte à priori insignifiant, mais le verset précise : certes, Dieu tient compte de tout [4;86]. Dans un autre passage du Coran, Dieu dit : Quand donc vous entrez dans des maisons, adressez-vous mutuellement des salutations venant de Dieu, bénies et agréables. C’est ainsi que Dieu vous expose Ses versets, afin que vous compreniez [24;61]. Or la salutation que l’Islam nous a enseignée est le salam, ce qui signifie que l’on souhaite la paix, tant dans cette vie que dans l’autre, à la personne à qui on l’adresse. Quel meilleur moyen d’apaiser les relations entre les gens et quelle meilleure salutation surtout lorsque l’on sait que Dieu nous récompensera pour cela ?! En effet, il est rapporté dans un hadith que le fait de répondre simplement ‘wa ‘alaycoum salam’ à celui qui nous salue, nous vaut d’être gratifié de dix bonnes actions, et que si l’on ajoute à cela le fait de souhaiter à notre interlocuteur la Miséricorde de Dieu et Ses bénédictions, l’on ait gratifié à chaque fois de dix bonnes actions supplémentaires ! [Abou Dawoud & Al Tirmidhi : hassan]. Le fait de demander des nouvelles des gens, de manifester de l’intérêt pour ce qu’ils vivent, de la compassion pour ce qu’ils endurent, d’invoquer Dieu en leur faveur, d’indiquer son chemin à celui qui est perdu, de consoler celui qui est triste, de rassurer celui qui est anxieux, de conseiller celui qui hésite, de rappeler à celui qui oublie, tout cela fait partie des bonnes paroles, comme l’indiquent de nombreux versets et hadiths. À l’inverse les mauvaises paroles consistent à blesser notre interlocuteur, à lui faire peur, à le mettre en colère, à le rendre malheureux, à l’humilier, à le dénoncer, à le maudire, à l’insulter, ou à se moquer de lui ; et tout cela est condamné religieusement.
Il relève également de l’affabilité le fait de rencontrer autrui avec un visage souriant, même lorsque l’on est soi-même éprouvé, et Dieu nous comptera certainement cela à notre avantage. En effet, le visage et le comportement sont des moyens d’expression, comme le sont les mots, et peuvent même parfois être plus expressifs encore. L’imam Mouslim rapporte ainsi que le Prophète (paix et salut sur lui) conseilla un jour Abou Dhar par ces mots : Ne sous-estime aucune bonne action ne serait-ce que le fait de rencontrer ton frère avec un visage détendu [Mouslim]. Le fait également de passer sur les torts d’autrui, lorsque leur portée est négligeable et que l’on ne pressent pas une réelle intention de nuire, relève aussi de l’affabilité dans les relations. Dieu dit à Son Prophète (paix et salut sur lui) : Accepte le principe du pardon, recommande ce qui est bien et détourne-toi des gens stupides [8;199]. Il arrive parfois qu’une personne commette une faute par inattention, qu’on lui en tienne rigueur et que cela provoque un conflit beaucoup plus grave de ce fait, transformant une étincelle en véritable incendie ; tandis que si nous mettions en pratique ce commandement Divin cela permettrait d’éviter de nombreuses disputes. Enfin, le fait de se montrer généreux avec autrui, en lui offrant un cadeau, en lui rendant service, ou ne serait-ce qu’en lui accordant un peu de temps pour l’écouter lorsqu’il en a besoin ; tout cela relève encore une fois de l’affabilité. Nous ne citerons à titre d’exemple que la parole du Prophète (paix et salut sur lui) : offrez-vous des cadeaux, vous vous aimerez [Al Boukhari].
Enfin, le plus affable des hommes est notre Prophète (paix et salut sur lui) et après lui ses compagnons qui ont hérité de son caractère et de sa bonté. Nous invitons nos lecteurs à aborder les ouvrages de référence pour approfondir ce sujet.
Et Dieu sait mieux !