15:19 - Samedi 21 décembre, 2024

- 19. Jumādā al-Ākhira 1446

Agir avec sagesse


Allah le Très Haut dit : Œuvrez car Allah verra votre œuvre, de même que son Messager et les croyants… [9;105]. L’Islam donne à la personne désirant s’engager dans une œuvre importante, d’user de sagesse pour atteindre ses objectifs. Et celui à qui la sagesse est accordée, a véritablement été comblé d’un bien immense, mais seuls les doués d’intelligence s’en souviennent [2;269]. Du Coran et des hadiths peuvent être tirées quelques règles que nous détaillons ci-dessous.

En premier lieu, et comme dans toute œuvre, il faut se montrer sincères envers Allah, en l’invoquant abondement, en clarifiant son intention en son for intérieur, et en visant à gagner Sa Satisfaction au travers de ces œuvres : (…)Invoquez-le, sincères dans votre culte (…) [39;65].

Temporiser. Du hadith, il apparaît que la pondération vient d’Allah, tandis que la précipitation provient du diable [Al Tirmidhi, auth. Al Haythami]. Mouslim rapporte également que le Prophète, qu’Allah le bénisse et le préserve, dit à un de ses compagnons : Il y a en toi deux qualités qu’Allah aime, il s’agit de la bonté (hilm) et de la pondération. La pondération est le contraire de la précipitation, et consiste à laisser un temps de réflexion et d’analyse avant de s’engager dans quoi que ce soit, et à ne pas ‘foncer tête baissée’.

Ainsi, nous pourrons profiter de ce temps pour prendre le conseil auprès des bonnes personnes. Allah dit à son Prophète, paix et salut sur lui : Consulte-les [tes proches compagnons] à propos des affaires, – c’est à dire, celles qui te préoccupent – ; puis une fois que tu t’es décidé, confie-toi donc à Allah, Allah aime, en vérité, ceux qui Lui font confiance [3;159]. Ainsi Allah a-t-Il recommandé à son Prophète, paix et salut sur lui, de solliciter le conseil de certains de ses compagnons, bien qu’il fut plus pieux et plus instruit qu’eux. Cette exhortation s’adresse évidemment après le Prophète, à tout musulman, pour les affaires dans lesquelles il pense s’engager. En effet, Allah décrit ses bons serviteurs comme ceux qui célèbrent les prières, se consultent mutuellement dans leurs affaires, et dépensent de leur argent dans le bien [42;38].En effet, lorsque l’individu s’engage seul dans un projet aventureux, il y a des risques que son conseiller soit le diable, sauf la miséricorde d’Allah, car le Prophète dit : Le diable accompagne l’individu esseulé et est plus éloigné de deux. Il faut évidement demander aux gens d’expériences, en fonction de ce pour quoi on les sollicite. On prendra l’avis des médecins, sur la médecine, des architectes sur l’architecture, des fouqaha sur le fiqh, etc. Mouslim rapporte ainsi que le Prophète fut une fois sollicité concernant un problème agricole. Il formula alors son opinion personnelle. Ces agriculteurs revinrent un an plus tard se plaindre auprès du Prophète du fait que leur récolte avait été maigre. L’Envoyé d’Allah, paix et salut sur lui, se disculpa en disant : Lorsque je vous prescrit une chose relative à votre religion, faîtes-la, mais lorsque je vous donne mon opinion personnelle [sur un sujet non religieux], alors considérez que je ne suis qu’un homme. Dans une autre version, il dit : Vous êtes mieux informés que moi des choses relatives au bas-monde [Mouslim].

Après avoir demandé conseil aux gens, il faut s’en remettre à Allah, à travers la prière de consultation [Salat al istikhara]. Jabir Ibn Abdillah rapporte à ce sujet, que le Prophète, paix et bénédictions sur lui, leur apprenait [aux compagnons], comment faire la prière de consultation avant de prendre une quelconque décision, comme il leur apprenait les sourates du Coran. Cela pour signifier l’attention qu’y mettait l’Envoyé d’Allah. Cette prière consiste à s’acquitter de deux ra’akats, surérogatoires, à l’issu desquelles, on formulera l’invocation transmise par Jabir et consignée dans l’authentique d’Al Boukhari. On exprimera son besoin au cours de cette invocation.

Ensuite, il faut réunir les connaissances nécessaires. On ne peut se baser en la matière sur des simples préjugés ou hypothèses ni même sur des sentiments : Ils ne s’appuient que sur des conjonctures et sur des passions, tandis que la guidée leur est venue d’Allah (…) et les préjugés ne valent rien face à la vérité [53;23 & 28], mais l’on doit au contraire s’appuyer sur un véritable savoir, comme c’est le cas pour les croyances religieuses : Donnez votre preuve si vous êtes véridiques [2;111]. Parmi ces connaissances est le fait de bien connaître l’environnement immédiat. Les premiers musulmans connaissaient le monde qui les entourait, au-delà des seules frontières du Hedjaz. En témoignent les premiers versets de la sourate Al Roum [30], qui furent révélés à propos d’une polémique qui éclata entre les croyants et les incroyants de la Mecque, et qui concernait le conflit bysanto-romain. Lorsque le Prophète, paix et salut sur lui, choisit d’envoyer un groupe de croyants immigrer en Abyssinie, pour fuir les persécutions qorayshites, il dit : Il y a un roi, là-bas, qui n’opprime personne [Ibn Hicham]. Ceci démontre que les musulmans d’alors connaissait le monde qui les entourait.

Il faut tenter de prévoir les épreuves et les difficultés susceptibles de survenir, à l’instar du prophète Youssouf lorsqu’il conseilla aux égyptiens d’épargner une partie de leurs récoltes pour faire face à la sécheresse à venir [voir 12;47-48]. Ces difficultés sont d’autant plus prévisibles lorsque l’œuvre vise la satisfaction d’Allah : Le diable est pour vous un ennemi, prenez le donc comme tel [35;6]. Ce dernier a en effet juré : (…) Je m’assiérai sur ton droit chemin [ô Allah] pour les empêcher de passer, et je les assaillirai de devant, de derrière, de leur droite et de leur gauche (…) [7;16-17].

Ainsi, il faut parfois user de prudence dans ses actesà l’instar des jeunes de la caverne lorsqu’ils dirent : (…) Qu’il agisse avec tact ; et n’éveille le soupçon de personne à votre sujet [18;19].

S’en remettre à Allah d’un vrai tawwakoulLa remise confiante en Allah, est un état d’esprit qui doit accompagner le croyant du début à la fin, sans pour autant que ce sentiment ne le pousse à négliger les causes. Des savants, comme Ibn al Qayyim, ont dit que le tawwakoul était l’état d’esprit du Prophète, tandis que l’action était sa Sounnah. Ibn Hibban et Ibn Khouzayma rapportent un hadith Sahih illustrant bien ceci : Un bédouin qui venait prier à la mosquée demanda à l’Envoyé d’Allah, s’il devait attacher sa chamelle, ou se contenter de placer sa confiance en Allah. Le Prophète, paix et salut lui, répondit : Attache-là puis fie toi à Allah. Et quoi qu’il en soit la réussite en ce monde et dans l’autre ne proviennent que d’Allah.


Rubrique: La religion médiane