Abou Al Hassan, Ali Ibn Abi Taleb Ibn Abd Al Moutaleb Al Hachimi, fils de Fatima Bent Asad Al Hachimiya, est né dix ans avant le début de la mission prophétique (Ibn Hajar). Afin de soulager un peu son oncle Abou Taleb, qui l’avait lui-même recueilli durant sa jeunesse, et qui avait la charge de six enfants, Mohammad proposa de prendre le jeune Ali sous son toit, tandis que le grand frère d’Ali, Ja’far, grandirait dans la maison de son oncle Al ‘Abbas.
Quelques jours après le début de l’apostolat, Ali surprit son grand cousin, devenu Prophète et son épouse Khadija en train de prier. Surpris, il demanda : « Que faites-vous donc, Mohammad ? – Ceci est la religion d’Allah, répondit le Prophète (paix et salut sur lui), qu’Il a choisi pour Lui-même et pour laquelle Il a suscité ses messagers. Je t’invite à adorer Allah seul et rejeter le culte de Lat et de ‘Ouzza. – C’est là quelque chose dont je n’ai jamais entendu parler, reprit le jeune Ali. Je ne m’engagerai pas sans avoir demandé l’avis de (mon père) Abou Taleb ». Le Prophète (paix et salut sur lui) qui ne souhaitait pas que la nouvelle de son apostolat se diffuse trop vite lui dit alors : « à toi de voir si tu veux te convertir ou non, mais de grâce, n’en parle à personne ». Ali profita de la nuit suivante pour réfléchir à la proposition qui lui avait été faite. Le lendemain matin, il vint trouver le Prophète (paix et salut sur lui) et lui demanda comment embrasser la foi nouvelle. « Atteste qu’il n’y a de dieu qu’Allah, Seul, sans associé, rejette le culte de Lat et de ‘Ouzza, et ne donne point d’égaux à Allah ». Ali s’exécuta, puis commença dès lors à pratiquer secrètement l’Islam avec son grand cousin, le Prophète, et sans éveiller le soupçon de son père. Il fut dès lors le premier enfant à embrasser l’Islam et eut la chance et l’honneur immense de vivre au sein du foyer prophétique.
Ali sera par la suite de tous les évènements, vivra avec les musulmans toutes les épreuves et sera de toutes les batailles. Lors de la tentative d’assassinat du Prophète (paix et salut sur lui), la nuit de l’émigration de ce dernier vers Médine, c’est Ali qui accepta de jouer le rôle de leurre, pour prendre la place du Prophète (paix et salut sur lui) dans son lit afin de tromper l’équipe chargée de commettre le crime. Le Prophète (paix et salut sur lui) lui avait assuré qu’il ne lui arriverait rien. Cependant, on imagine comme la foi d’Ali devait être grande pour accepter cette mission dans laquelle il risquait sa vie conformément à la Parole du Très Haut : « Parmi les hommes il en est qui sont prêts à donner leur vie pour obtenir la satisfaction Divine, et Allah est Bon envers ses serviteurs » [2;207]. Le Prophète (paix et salut sur lui) avait de plus demandé à Ali de restituer à leurs propriétaires tous les biens qui lui avaient été confiés et ce, sans regard à l’inimitié que lui portaient certains d’entre eux : le Prophète (paix et salut sur lui) tenait absolument à ne rien dérober à qui que ce soit, y compris à ses ennemis jurés qui le contraignaient à l’exil ! Nous voyons quelle place l’Islam et la Sounnah donnent à l’éthique et au bon comportement, à l’honnêteté, vis-à-vis des gens, fussent-ils des ennemis acharnés de l’Islam !
Lorsque les incroyants qurayshites découvrirent qu’ils avaient été trompés et que le Prophète (paix et salut sur lui) leur avait échappé, ils s’en prirent violemment à Ali, qui fut interrogé et battu. Dès qu’il fut libéré et qu’il eut terminé de restituer les dépôts du Prophète (paix et salut sur lui) à leurs ayants droit, Ali profita d’une nuit obscure pour quitter sa terre natale de Mekka. Il fit le trajet vers Médine de nuit et à pied. Il était alors un jeune homme de 23 ans.
Deux ans plus tard, peu après la bataille de Badr, le Prophète (paix et salut sur lui) maria Ali avec sa plus jeune fille Fatima, qui était alors âgée d’une vingtaine d’années. Ali nous a rapporté l’histoire de ce mariage béni : « Plusieurs prétendants étaient venus demander la main de Fatima. Une de mes domestiques m’en informa et m’encouragea vivement à aller moi aussi demander sa main. J’objectai que j’étais sans le sou, mais ma servante insista pour que j’y allasse quand même, m’assurant que le Prophète (paix et salut sur lui) me l’accorderait. Je me rendis donc chez le Prophète (paix et salut sur lui) et entrai chez lui. Je m’assis. Par Allah, je ne pus rien dire tant j’avais le trac. Le Prophète (paix et salut sur lui) se mit alors à m’interroger : « Quel bon vent t’amène ? As-tu besoin de quoi que ce soit ? ». Je demeurai silencieux et n’arrivai pas à lui répondre. Alors il reprit : « Peut-être es-tu venu demander la main de Fatima ? – Oui, répondis-je. – Qu’as-tu donc à lui offrir, me demanda-t-il. – Par Allah, je ne possède rien, ô Envoyé d’Allah. – N’as-tu plus cette cuirasse que je t’avais offerte et dont la valeur avoisinait les 400 Dirhams ? – Si, je l’ai encore en ma possession, dis-je. – J’accepte donc que tu l’épouses à condition que tu lui en offres le montant, conclut l’Envoyé ». Voilà donc quelle était l’attitude du Prophète vis-à-vis d’un jeune homme qu’il avait vu grandir et dont il connaissait la foi et le bon comportement. Voilà comment devraient se comporter les parents musulmans vis-à-vis des prétendants de leurs enfants, plutôt que faire obstacle à leur mariage avec des personnes vertueuses pour des motifs inavouables, et les laissant vieillir seuls et exposés aux tentations de toutes sortes !
Ali eut avec son épouse trois enfants : Al Hassan, Al Houssayn et Oum Kalthoum. C’est le Prophète (paix et salut sur lui) qui choisit les noms des deux premiers. Ali voulut à chaque fois prénommer ses fils Harb (lit. Guerre) puisqu’il les eut en l’an 4, au lendemain des batailles de Badr et de Ohoud, qui avaient échaudé les musulmans. Cependant le Prophète (paix et salut sur lui) n’apprécia pas ce prénom pour ces petits-fils, car il était un homme de nature pacifique. Aussi, les renomma-t-il Hassan et Houssayn, prénoms qui sous-entendent bonté et générosité.