Nous ne fûmes créés que pour vivre, connaître, et voir le Créateur dans la Demeure éternelle. Notre existence a débuté en ce Bas-Monde car il est telle une école où nous apprenons à écrire et à lire, à la manière de l’enfant afin qu’à sa puberté il puisse gagner sa vie. Certains enfants […] restent longtemps dans l’école et en sortent sans rien. Cela est semblable à celui qui ne connaît pas son existence et n’en atteint pas l’objectif.
[...] L’homme raisonnable est donc celui qui prépare des provisions en vue des épreuves, qui sont inéluctables ; même si ce n’est qu’au moment de la mort car lorsque celle-ci arrive et qu’elle ne trouve aucune connaissance qui amène l’agrément ou la patience, elle conduit à la mécréance. J’ai entendu une personne de laquelle je pensais beaucoup de bien dire la nuit de sa mort : ‘C’est mon Seigneur qui m’opprime !’ et depuis je n’ai cessé d’être préoccupé et soucieux de me préparer pour ce jour fatidique. [...] L’homme, qui ne sait quand la mort va le surprendre, doit être prêt et ne pas être trompé par la jeunesse et la santé. [...] La trop grande espérance est une tromperie, et il n’est pas d’erreur plus grave, car sans cela l’insouciance ne surviendrait point. Et on ne se livre aux péchés tout en remettant à plus tard le repentir, de même qu’on ne se précipite sur les désirs en oubliant le retour vers Allah, qu’en raison d’une trop grande espérance. […] Agis ainsi : ne te couche pas sans avoir réfléchi à la journée passée, et si tu constates une faute, repens-toi et demande le pardon d’Allah ; et au matin médite sur la nuit passée. Prends bien garde de ne rien remettre au lendemain car cela est une technique d’Iblis pour perdre l’être humain. [...] Puis représente-toi la brièveté de la vie, la multitude des occupations, la force du regret devant la négligence au moment de la mort, et le crève-cœur d’avoir laissé passer une occasion lorsqu’elle s’est présentée. Figure-toi la récompense de ceux qui agissent à la perfection alors que tu es imparfait, de ceux qui font des efforts alors que tu es paresseux. N’épargne à ton âme aucune exhortation que tu pourrais lui faire entendre, car l’âme est comme une jument fougueuse : si tu lâches la bride, tu n’es pas à l’abri qu’elle te jette à terre. […] Hâte-toi donc de te purifier avant que ce qui ne reste de ton existence ne soit perdu.Tiré des pensées précieuses d’Ibn Al-Jawzi