19:21 - Lundi 30 décembre, 2024

- 28. Jumādā al-Ākhira 1446

L’assemblage du Coran (2/3)


Nous continuons notre série sur l’histoire de l’assemblage du Coran dit jam’al qur’an. Nous avions vu dans notre première partie comment le Livre fut mémorisé dès les débuts de la Révélation, en partie ou en totalité, tant au niveau individuel qu’au niveau communautaire, assurant la transmission du Texte et par là même du Message de l’Islam par de nombreuses voies. Néanmoins, la transmission orale ne pouvait à elle seule garantir la préservation du message coranique. Il fallait pour cela un autre support : l’écriture. Ainsi, en plus d’être mémorisée par les croyants, la Révélation fut, dans le même temps, systématiquement consignée par écrit sur ordre du Prophète (paix et salut sur lui). En vérité c’est Nous qui avons fait descendre le Coran, et c’est Nous qui en sommes les gardiens [15;10].

La consignation par écrit

Comme nous l’avons déjà évoqué, l’essentiel des Arabes au temps du Prophète (paix et salut sur lui) était illettré. De la même façon, Mohammad (paix et salut sur lui) comme la majorité de ses compatriotes, ne savait ni lire ni écrire. La tradition arabe était alors véhiculée par voie orale, d’où l’importance donnée à la poésie et le caractère sacré conféré à la langue, que les Arabes s’évertuaient sans cesse d’embellir. Et si certains comme Waraqa Ibn Nawfal, pour ne citer que lui, connaissaient l’écriture, cela n’était pas le cas de la majorité. Néanmoins, le Prophète (paix et salut sur lui) dans un souci de sauvegarde du Coran, avait désigné des scribes qui avaient pour rôle de mettre par écrit les versets, au fur et à mesure des révélations. Parmi eux, on trouve le médinois Zayd ibn Thabit, l’un des plus illustres, qui sera chargé, comme nous le verrons, après la mort du Prophète (paix et salut sur lui) de l’assemblage du Coran. Al Bara rapporte ainsi que lorsque fut révélé le verset 95 de la sourate Al Nissa, le Prophète (paix et salut sur lui) dit : appelez-moi Zayd ; qu’il apporte la planchette, l’écritoire et l’omoplate. Puis il (paix et salut sur lui) lui dit : Ecris : Ceux d’entre les croyants qui demeurent chez eux… [Al Boukhari].

Aussi, de nombreux hadiths font état du Coran sous forme écrite du temps de la Révélation. Nous pouvons citer le hadith relatant la conversion d’Omar Ibn Al Khattab lorsque ce dernier, ayant appris la conversion de sa sœur, se rendit chez elle furieux, la violenta, puis pris de remords, lui demanda : laisse-moi voir ces feuilles que je t’ai entendu lire tout à l’heure pour que je puisse voir ce que Mohammad a apporté. Sa sœur lui objecta que seuls les purifiés peuvent toucher le Coran. Après quoi, Omar se lava puis se mit à lire les feuillets sur lesquels était écrite la sourate Ta Ha. Emerveillé par la beauté du discours coranique, il se convertit aussitôt à l’Islam. Dans un autre registre, on trouve aussi le hadith d’Ibn Omar où le Prophète (paix et salut sur lui) dit : Ne prends pas le Coran avec toi en voyage, car je crains qu’il ne tombe entre les mains de l’ennemi [Mouslim].Par ailleurs, la consignation du Coran se faisait sur différents supports : parchemins, peaux de bêtes, omoplates d’animaux, feuilles de palmier. L’ordre des versets dans une sourate était clairement défini par le Prophète (paix et salut sur lui) qui le tenait lui-même de l’Ange Gabriel, avec qui il révisait chaque année le Coran au cours du mois de Ramadan et même par deux fois l’année où il mourut. Ce dernier (paix et salut sur lui) avait l’habitude de dire lorsqu’il dictait un verset à l’un de ses copistes : Place ce verset dans la sourate où ceci et cela est mentionné. Cependant, si l’ordre des versets à l’intérieur des sourates était fixé, les feuilles comportant le Coran n’étaient pas encore, à la mort du Prophète (paix et salut sur lui), compilées en un même volume, mais étaient éparpillées sur divers matériaux. Ce travail d’assemblage et de compilation fut entrepris par le premier calife de l’Islam.

L’ordre d’Abou Bakr

Après la mort du Messager de Dieu (paix et salut sur lui) en 632, Abou Bakr devint le premier calife de l’Islam. Aussi, au cours de la bataille de Yamama en 633, de nombreux compagnons ayant mémorisé le Coran perdirent la vie. Omar Ibn al Khattab fit alors part au calife de sa crainte de voir de nombreux récitateurs du Coran (qourra’) mourir aux cours des batailles, à tel point que le Livre ne finisse par se perdre. Il insista fortement afin qu’Abou Bakr entreprenne la compilation du Coran. Celui-ci suivit son conseil et chargea Zayd Ibn Thabit, après l’avoir convaincu non sans difficultés du bien-fondé de cette idée, d’exécuter cette lourde tâche : ‘tu es un homme jeune, intelligent et nous avons pleine confiance en toi’ lui dit Abou Bakr. Tu as mis la Révélation par écrit pour l’envoyé de Dieu (paix et salut sur lui) ; cherche les fragments du Coran et assemble les diverses parties. Comment voulez-vous entreprendre (ndlr innover) une chose que le Prophète (paix et salut sur lui) lui-même n’a pas faite ? lui objecta Zayd. – Rien ne vaudra mieux que cette rédaction, répliqua le calife. Zayd conclut : après avoir essayé à maintes reprises de le faire revenir sur cette idée, Dieu fit se dissiper mes appréhensions et fit que j’adhère à ce projet…[Al Boukhari]. Les diverses parties du Livre de Dieu furent alors rassemblées puis transcrites sur des feuillets (souhouf). Le recueil ainsi obtenu fut appelé moushaf et fut conservé chez Abou Bakr jusqu’à sa mort, que Dieu l’agrée.

Et Allah est plus Savant.


Rubrique: Les sciences coraniques