‘O gens ! Rendez-leur visite dans leurs tombes et saluez-les. Par celui qui tient mon âme en Sa main, il n’y a pas de musulman qui les salue, jusqu’au jour de la résurrection, sans qu’ils ne lui rendent son salut’ [Al Tabaqat Al Koubra 3/121]. Telles ont été les paroles du Prophète (paix et salut sur lui) adressées à ses compagnons, et plus généralement à l’ensemble des musulmans, concernant les martyrs tombés à Ouhoud. Il semble nécessaire alors de rendre hommage à ces hommes à travers l’évocation de la vie de deux d’entre eux dont la mort a particulièrement attristé le Prophète (paix et salut sur lui).
Mous’ab ibn ‘Oumayr appartenait à la jeunesse dorée de La Mecque pour qui la vie se limitait aux mondanités. Il était connu pour son raffinement, son élégance, son bon caractère et son éloquence. Malgré son jeune âge, il fréquentait les assemblées des dirigeants Mecquois, qui appréciaient sa présence, ce qui lui permit d’entendre parler de l’appel du Prophète Mohammad. Sa curiosité ainsi que sa grande intelligence le poussa à méditer sur cet appel, si bien qu’il fut rapidement séduit par cette vérité sublime, délaissant ainsi les assemblées luxueuses et les plaisirs de la jeunesse pour rejoindre secrètement les modestes assises de la maison d’Al Arqam où le Coran était récité en toute discrétion, et où les cœurs s’imprégnaient de la grandeur d’Allah en compagnie du Prophète (paix et salut sur lui).
Quand sa conversion fut découverte, il fut rejeté de tous et renié par sa mère qui le déshérita. Celui qui avait été le jeune homme le plus en vue de la Mecque était maintenant devenu méconnaissable, possédant à peine de quoi se couvrir, ce qui attristait le Prophète (paix et salut sur lui) qui le tenait en haute estime : ‘J’ai vu Mous’ab Ibn ‘Oumayr à la Mecque alors qu’il n’avait pas son pareil dans la considération, abandonné de tous en raison de son amour pour Dieu et Son Messager. [Al Tabaqat Al Koubra 3/117]’.
Du fait de sa douceur, de sa grande éloquence et de sa piété, Il fut celui que le Prophète (paix et salut sur lui)choisi pour présenter et enseigner l’Islam aux habitants de Yathrib (Médine) à la suite du serment d’Aqaba, et ce malgré son jeune âge.
Il fut tué à Ouhoud, alors qu’il portait l’étendard de l’armée musulmane, et lorsque l’on voulu l’enterrer, on ne trouva même pas de linceul qui put couvrir son corps entièrement. Voyant cela, le Prophète (paix et salut sur lui) dit : ‘Je t’ai vu à la Mecque portant les plus beaux habits, la chevelure entretenue, et te voilà maintenant enseveli dans une grossière cape, la tête ébouriffée [Anasab al Achraf 1/336].’
Hamza ibn ‘Abd al Mouttalib est le maître des martyrs’ [Al Tabarani, Al Hakim]. À la fois frère de lait et oncle du Prophète (paix et salut sur lui), il était réputé pour son incroyable force physique et son courage hors du commun, qui lui valurent d’être craint de tous à la Mecque. Malgré son goût prononcé pour la boisson et les frivolités, Hamza était doté d’une grande spiritualité, et portait un profond respect à son neveu. Ainsi, lors de ses chasses solitaires dans le désert il lui arrivait souvent de méditer sur la création : ‘J’ai erré des nuits durant dans les immensités du désert et j’ai pu me convaincre que Dieu ne peut être confiné dans un temple (la Ka’ba).’
Il se convertit en réponse à une provocation d’Abou Jahl à l’encontre du Prophète (paix et salut sur lui), et demeura par la suite un fervent défenseur de l’islam et de son Prophète (paix et salut sur lui). Ainsi, sa conversion fut un véritable coup dur pour les idolâtres et un immense réconfort pour les musulmans.
Lors de la bataille de Badr, il fut le premier à se lancer dans les combats et infligea d’énormes pertes aux idolâtres, à tel point qu’Oumayya Ibn Khalaf, l’ennemi d’Allah, en le voyant interrogea : ‘Quel est cet homme parmi vous ayant la plume d’autruche à la poitrine ?’ on lui indiqua qu’il s’agissait de Hamza, et il répondit alors :‘C’est celui-là qui nous a ruinés !’. Il s’illustra ce jour-là par sa bravoure et son engagement dans la défense de l’islam, si bien que le Prophète (paix et salut sur lui) le surnomma ‘le lion d’Allah et de Son Envoyé [Al Hakim]’.
Comme nous l’avons déjà vu, il tomba en martyr pendant la bataille d’Ouhoud. En voyant sa dépouille, le Prophète (paix et salut sur lui) ne put contenir sa tristesse et dit : ‘Jamais malheur ne m’a affligé autant que ta mort ! Et jamais je n’ai connu une situation aussi dramatique que celle-ci.’
Saluons ces deux hommes et tous ceux qui ont su abandonner leur position et les plaisirs d’ici-bas pour mettre toutes leurs compétences et leur vie au service de l’islam, jusqu’au sacrifice ultime dans la voie de Dieu !
Que la paix soit sur vous tous, O martyrs d’Ouhoud. Que la paix soit sur vous, ainsi que la miséricorde d’Allah et ses bénédictions.