11:28 - Jeudi 21 novembre, 2024

- 19. Jumādā al-Ūlā 1446

Incroyance mineure et majeure


Le mois passé, nous avons vu comment le Coran décrit les principales voies menant au reniement (koufr). Il était alors question de ce que nos savants qualifient d’incroyance majeure autrement dit du reniement total du Message Divin. Par la suite, nous présenterons inch Allah la nuance entre incroyance majeure et incroyance mineure, n’ayant d’autre but que l’éclaircissement de notre religion et non la stigmatisation ou la classification des individus, encore moins l’anathème (takfir)d’un musulman ou d’un groupe d’entre eux sachant que cela est le droit absolu d’Allah. Nous savons en effet que l’être humain est complexe et que nul ne connait sa fin, heureuse ou malheureuse. Et quand bien même nous porterions un jugement sur autrui, celui-ci ne serait que partiel car basé sur des données apparentes tandis qu’Allah connait ce qui est caché et ce que contiennent les poitrines. Cette retenue et le fait de laisser le jugement final au Seigneur nous sont enseignés par le Coran lui-même. C’est le cas par exemple dans l’échange de Moïse (paix sur lui) avec Pharaon : Qu’en est-il donc des générations passées ? dit Pharaon (ndlr : si nous sommes dans l’erreur ?). Moïse dit : La connaissance de leur sort est auprès de mon Seigneur dans un livre. Mon Seigneur ne commet ni erreur ni oubli [20 ; 51-52].Enfin, si le Coran a rejeté l’incroyance avec fermeté, certains versets traitant de ce sujet n’en sont pas moins dénués de bienveillance : Ne croiront-ils donc pas ? Ne raisonnent-ils donc pas ? Cela serait meilleur pour eux. Toutefois, l’Homme est libre de sa croyance, Quiconque le veut, qu’il croit, et quiconque le veut qu’il mécroit [18;29], mais son choix ici-bas témoignera pour lui ou contre lui : Ô Mes serviteurs ! Ce sont vos actes seulement dont Je tiendrai compte, ensuite, Je vous rétribuerai d’après ceux-ci. Donc, celui qui trouve du bien, qu’il rende grâce à Dieu et celui qui trouve autre chose, qu’il ne s’en prenne qu’à lui-même [Mouslim].

Ceci étant, nous avons vu que l’incroyance se divise en deux catégories : l’incroyance majeure et l’incroyance mineure. Cette dernière, appelée aussi œuvre d’incroyance concerne toute désobéissance que le Législateur, au travers du Coran ou de la Sounnah, a qualifié de koufr sans que son auteur ne devienne pour autant incroyant. Néanmoins, cette œuvre pourra l’amener en enfer pour une durée que Seul Allah connait. Le Prophète paix et salut sur lui dit par exemple : ne revenez pas après moi à l’incroyance, vous entretuant les uns les autres [Al Boukhari].Il dit aussi paix et salut sur lui : insulter un musulman est une perversité, le combattre est une incroyance [Al Boukhari]. Pourtant, Allah dit dans Son Livre : Et si deux groupes de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux [49;9]. Les croyants ne sont que des frères, établissez la concorde entre vos frères [49;10]. Comment comprendre alors ces versets à la lumière des hadiths précités, sachant que les deux groupes en question sont qualifiés de croyants, quand bien même ils se combattraient, et de frères en religion dans le verset suivant ? En fait, le Prophète paix et salut sur lui vise à nous enseigner que celui qui commet de tels actes n’a pas une croyance complète et que cela est incompatible avec la foi au sens de la piété. Celle-ci s’en trouve donc diminuée, entachée mais pas annulée. Les savants ont pu déduire cela à partir d’autres textes comme le hadith : aucun d’entre vous n’a cru tant qu’il n’aime pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même [Al Boukhari]. Ici, ‘aucun d’entre vous n’a cru’ n’est pas à prendre au sens littéral mais signifie plutôt ‘aucun d’entre vous n’est véritablement croyant’ autrement dit aucun d’entre vous n’aura parachevé sa foi. Un autre exemple peut être pris avec le hadith rapporté par Al Boukhari et Mouslim : Celui qui commet l’adultère n’est pas croyant au moment où il le fait et celui qui vole n’est pas croyant au moment où il commet son forfait. Celui qui se rend coupable d’une telle désobéissance n’a pas pu s’en référer à sa foi car sinon il n’aurait pas pu outrepasser de la sorte les limites de Dieu. Toutefois, cela ne le fait pas sortir de la religion bien qu’il soit en grand danger s’il ne se repent pas rapidement. A moins qu’il ne déclare son acte comme étant licite, auquel cas les savants sont unanimes pour dire que cette personne a mécru.

Et Dieu est plus savant.


Rubrique: La foi du musulman