Près de quinze siècles après sa mort, le cœur des musulmans est toujours autant empli d’amour et de révérence envers le Messager de Dieu (Paix et Salut sur lui). Son œuvre est un modèle parfait pour quiconque aspire au contentement divin : «En effet, vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle, pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier, et invoque Allah fréquemment». L’amour de Mohammad, partie inhérente à la foi musulmane, ne peut être obtenu qu’en étudiant sa vie car l’amour voué à une personne dépend des bienfaits qu’elle nous procure. Dès lors, comment pourrions-nous aimer quelqu’un que nous ne connaissons pas. Ainsi, dans la continuité de la rubrique précédente sur la vie des prophètes, nous nous proposons ici de présenter l’histoire du sceau de la Prophétie.
Introduction à la Sira
Pourquoi la Sira ?
Outre les dates et les évènements, la biographie du Prophète (Paix et Salut sur lui) ou Sira est avant tout la concrétisation de ce qu’est l’Islam, autrement dit la mise en pratique des préceptes contenus au sein du Livre de Dieu. Ce faisant, elle ne peut être considérée comme une simple étude, classique ou originale, d’une période ou d’un personnage de l’Histoire, à l’instar de n’importe quel ouvrage historique. Certes, comme toute œuvre historique, son auteur sera amené à suivre une méthodologie scientifique afin de rapporter les faits et de les analyser de la manière la plus rigoureuse et la plus objective possible. Néanmoins, le désir de connaissance et la curiosité propres à la nature humaine ne doivent pas faire oublier au musulman le but ultime de la Sira, à savoir la compréhension de la Révélation et la représentation idéale de l’Islam à travers l’exemplarité du Prophète (Paix et Salut sur lui). Notre Mère Aïcha a très bien illustrée ce principe lorsqu’elle dit, concernant le comportement et les pratiques du Messager : Son comportement, c’était le Coran(Mouslim). D’autre part, la Sira constitue la base de l’histoire musulmane. S’y référer est indispensable pour comprendre aussi bien l’ère préislamique que l’époque musulmane.
Historique de la Sira
Chronologiquement, la Sira fut écrite après la Tradition(Sunna)qui regroupe l’ensemble des actes, paroles, approbations et désapprobations du Prophète (Paix et Salut sur lui). La rédaction de la Sunna débuta du vivant même du Prophète(Paix et Salut sur lui) qui en autorisa les musulmans lorsque ces derniers furent en mesure de distinguer la parole de Dieu de celle du Messager (Paix et Salut sur lui). Néanmoins cette rédaction fut spontanée et ne suivit pas de méthode ou de classification précise. Après la mort du Prophète (Paix et Salut sur lui), soucieux de transmettre fidèlement la Tradition Prophétique, les savants musulmans établirent peu à peu des méthodes scientifiques afin d’éprouver l’authenticité des hadiths rapportés au nom du Messager (Paix et Salut sur lui) : il s’agit de la science du hadith (moustalah). Ce fut le début d’un véritable travail historique et scientifique sur lequel se basèrent les premiers biographes du Prophète (Paix et Salut sur lui). Mohammad ibn Ishaq, mort en 152H, fut l’un d’entre eux. Sa Sira intitulée al maghâzi fut ensuite révisée et reconstituée par Ibn Hicham cinquante plus tard. L’ouvrage obtenu est depuis une référence pour tous les biographes.
La question de la méthodologie
Les sources auxquelles se référèrent les premiers biographes du Prophète (Paix et Salut sur lui) furent : le Coran, dans lequel figure les principales étapes de sa vie, les premiers recueils de hadiths tel que le mouwatta’ de l’imam Malik ou le mousnad de l’imam Ahmed ou encore la parole des savants spécialisés dans la transmission orale de la Sira dont un grand nombre étaient des Compagnons ou des Suivants. Les biographes se basèrent sur la science du hadith pour reconstituer les évènements qui jalonnèrent la vie de Mohammad et pour écarter les récits douteux ou altérés. Cependant, durant le 19e et la première moitié du 20e siècle, avec l’essor de la science moderne et sous l’effet du colonialisme, de nouvelles méthodes de narration apparurent parmi les historiens musulmans. Certains se mirent en effet à rejeter les sources traditionnelles. Ils présentèrent le Prophète (Paix et Salut sur lui) comme un génie ou encore comme un politicien et chef militaire hors pair. Ils tentèrent aussi de donner une interprétation philosophique ou rationnelle à tout évènement relevant du miracle. Ainsi, pour exemple, les anges qui secoururent les musulmans durant la bataille de Badr devinrent le symbole de la providence divine et le voyage nocturne quant à lui, traduisait le monde des visions. Or, le miracle est un évènement défiant toutes les lois de l’univers et on ne peut lui trouver d’explication si ce n’est par la Révélation. Se faisant, ces « nouveaux historiens » vidèrent la Sira de sa substance en refusant à Mohammad (Paix et Salut sur lui) l’attribut de la Prophétie. Cette méthode subjective est en fait une manière déguisée de douter de la véracité du Message Divin et se trouve en totale opposition avec le travail méticuleux opéré par les savants musulmans durant des siècles.
Et Dieu sait mieux !
Rubrique: La vie du Prophète (psl)