Allah Élevé et Exalté dit en introduction de la sourate Youssouf : Nous te contons le meilleur des récits, au travers de ce Coran que nous te révélons [ô Mohammad], bien que tu fusses auparavant de ceux qui l’ignoraient [12;3]. Al Qourtoubi rapporte dans sa célèbre interprétation du Coran que cette sourate fut appelée : ‘le meilleur des récits’ du fait des nombreux enseignements et de la sagesse qu’elle contient. Nos oulamas remarquèrent également une autre singularité de cette sourate : elle seule aborde la vie de Youssouf, de son enfance à sa mort, sans digressions, tandis que les histoires des autres prophètes sont rapportées de façons épisodiques et parfois se répètent, au sein de différentes sourates.
Nous avions, il y a quelques années maintenant, abordé l’histoire de Youssouf dans notre rubrique ‘La vie des prophètes’ et ne reviendrons donc pas dessus. Cependant, nous avons choisi d’aborder, cette année, certaines des leçons contenues dans cette sourate afin de nous donner à réfléchir et de nous pousser à nous réformer comme Allah le dit : Nous l’avons fait descendre, un Coran en [langue] arabe, afin que vous raisonniez [12;2].
Il y a, dans cette sourate, révélée à la Mecque, c’est-à-dire, dans un contexte où l’Islam était perçu comme un phénomène étrange’ [ghariba] - pour reprendre l’expression du hadith bien connu [Cf. Sahih Mouslim n°145] - et dans lequel les musulmans étaient minoritaires et discriminés, autre chose qui a retenu notre attention et qui devrait nous parler : le fait que Joseph est arrivé en Égypte, étranger de part sa foi et de part ses origines ; débutant au plus bas de l’échelle sociale, si l’on peut dire, puisqu’il y est arrivé comme esclave et a été employé comme domestique ; et finissant sa vie au plus haut de cette échelle, en tant que ministre des finances reconnu des égyptiens, qui ne partageaient pourtant pas sa foi, et aimé d’eux, à un point tel, que ceux-ci décrétèrent trois jours de deuil national lorsqu’il mourut ! Il faut que nous arrivions à comprendre, comment cette ‘intégration’ et cette ‘ascension sociale’ a pu être possible, après la Volonté Divine bien entendu, sans que Youssouf ne remette pourtant jamais en question ni sa foi ni ses principes et sans qu’il ne renonce non plus à l’ascension spirituelle à laquelle est appelé tout croyant.