14:10 - Samedi 21 décembre, 2024

- 19. Jumādā al-Ākhira 1446

Jésus fils de Marie [‘Issa Ibn Mariam] (1/3)


Bien qu’elle ne fût « qu’une sainte femme » et non une « prophétesse » selon l’opinion de la quasi unanimes des doctes, nous ne pouvons aborder la vie de Jésus, sans nous arrêter sur la vie de celle qui le mit au monde, Marie fille d’Imran.

Celle-ci est en effet citée à la suite des prophètes dans la sourate al Anbiyya (21 les prophètes), une sourate entière du Coran porte son nom (19), et la plupart des historiens musulmans tel Ibn Kathir, rapportent son histoire pour introduire celle de son fils. Ainsi, nous suivrons leur exemple.

Certes Allah a élu Adam, Noé, la famille d’Abraham, et la famille d’Imran au-dessus de tout le monde. Descendants les uns des autres, Allah est Audient et Omniscient. [3;33-34]. Par ces versets, le Coran nous informe du fait qu’Allah, de par sa Sagesse et son Savoir, a choisi Adam, Noé, la famille d’Abraham, de laquelle est issu le meilleur des hommes et le sceau des prophètes, Mohammad, paix et salut sur lui, et la famille d’Imran, pour réaliser des tâches particulières dans l’histoire humaine, et les a honoré, comme Il n’a honoré nul autre. D’après ce verset, Imran était un descendant d’Abraham, et plus précisément de la lignée de Salomon fils de David, que la paix soit sur eux, comme le rapporte l’exégète Mohammed Ibn Ishac. Il était un homme pieux et un savant.

Son épouse, Hannah [Anne], tout comme sa sœur, l’épouse de Zacharie, ne pouvait avoir d’enfant. Observant, un jour, un oiseau qui nourrissait ses petits, elle ressentit au fond d’elle une profonde tristesse et invoqua son Seigneur, d’une belle invocation, pour qu’Il lui fasse dont d’un enfant. Allah l’exauça, et elle tomba bientôt enceinte. Elle fut si heureuse, lorsqu’elle sentit l’enfant qu’elle portait, et si reconnaissante vis-à-vis d’Allah, qu’elle jura dans sa prière de consacrer son enfant à Allah : Seigneur, je Te voue ce que je porte en mon sein, accepte-le de moi, Toi l’Audient, l’Omniscient [3;35]. Vouer son enfant à Allah, signifiait à cette époque, de le mettre au service du temple, Beyt al maqdiss, pour qu’il participe à son entretien, qu’il s’instruise dans la religion d’Allah, se consacre à l’adoration et aux œuvres pies. Dès que sa petite fille naquit, Hannah la prénomma Marie [Mariam], preuve qu’il est permis de nommer son enfant dès le jour de sa naissance, même si certains hadiths recommandent d’attendre le septième jour pour cela. Elle invoqua aussitôt Allah, pour qu’Il préserve son enfant et sa descendance, de l’emprise du diable. Quelle femme intelligente et clairvoyante était-elle ! A peine avait-elle enfanté, qu’elle se souciait déjà de l’enfant qui lui viendrait !

Marie resta quelques années chez sa mère. Puis conformément à la promesse qu’avait faite cette dernière, l’enfant fut confiée au service de Beyt al Maqdis. Les prêtres, gardiens du temple, se disputèrent la responsabilité de l’éducation de la petite, qui était la fille de leur maître, et de leur professeur Imran, qui était mort entre temps. Ils savaient comme est grand le mérite de prendre en charge un orphelin, d’autant plus lorsqu’on honore à travers cela un lien de parenté, ou que l’on exprime une reconnaissance vis-à-vis de quelqu’un qui nous a fait du bien. Zacharie réclama également la garde de celle qui n’était autre que sa nièce. Rappelons qu’il n’avait, à ce moment là, pas encore d’enfant. Ils eurent donc recours au tirage au sort, comme le confirme le verset : Tu n’étais pas là lorsqu’ils jetèrent leurs calames pour déterminer qui s’occuperait de Marie, et tu n’étais pas là également lorsqu’ils se disputèrent [3;44]. On rapporte à ce sujet, qu’ils se rendirent auprès d’un fleuve dans lequel ils jetèrent tour à tour, les plumes avec lesquelles ils avaient l’habitude d’écrire. Toutes furent emportées par le courant sauf celle de Zacharie qui resta immobile à la surface ! Allah honora ainsi Zacharie en lui confiant l’éducation de Marie.

Celle-ci fut bénie par Allah, instruite par le prophète de son époque.

Elle devint une jeune femme vertueuse, pieuse, belle et savante : un modèle de piété et de dévotion parmi les enfants d’Israël. Allah acceptait ses œuvres et la comblait de Ses dons. Si certains ont dit qu’il s’agissait là de feuillets contenant le savoir religieux, la majorité des exégètes affirment, comme nous l’avons rapporté le mois dernier, qu’il s’agissait de fruits hors saison. En hiver, Zacharie trouvait près d’elle des fruits d’été, et en été des fruits d’hiver.

Arriva le jour où, les Anges interpellèrent la sainte Marie qui était en prière : Ô Marie, certes Allah t’a élue et purifiée, et Il t’a élu au-dessus des femmes des mondes. Ô Marie obéis à ton Seigneur, prosterne-toi, et incline-toi avec ceux qui s’inclinent [32-33]. Marie obéissait déjà à son Seigneur avant cela, or cet appel des Anges n’était qu’un encouragement, pour l’aider dans ses efforts et sa dévotion.

Ensuite, concernant le fait qu’Allah l’ait élue au-dessus des femmes du monde, il faut savoir que selon le hadith que rapporte l’imam Ahmad, les quatre meilleures femmes de l’humanité, ont été Marie fille d’Imran, Assia la femme de Pharaon, Khadija fille de Khowaylid, et épouse du Prophète Mohammed, et Fatima fille de Mohammed. Dans un autre hadith, que rapportent Al Boukhari et Mouslim, le Prophète, paix et salut lui, évoque la prééminence d’Aïcha (son épouse) sur le reste des femmes. Tous les savants sont unanimes pour dire qu’il s’agit là des cinq meilleures femmes. Certains ont débattu pour savoir qui était la meilleure d’entre elles, or comme le rappelle justement Ibn Kathir, le mieux est de ne pas rentrer dans ces débats, les comparant les unes aux autres, qu’Allah les agrée toutes !

Rappelons, enfin, que contrairement à ce qu’a avancé l’érudit Ibn Hazm, Marie qui, comme Sarah et Hajar, les épouses d’Abraham, et la mère de Moïse, fut interpellée par les Anges mais n’était pas prophétesse. Allah dit : Nous n’avons envoyé avant toi que des hommes originaires des cités, à qui Nous avons fait des révélations [12;109], et la majorité des savants considèrent que ce verset est la preuve qu’il n’y a pas eu de femmes prophètes, et Allah sait mieux !

Puis les Anges lui annoncèrent que bientôt elle enfanterait un grand prophète, qu’elle devrait nommer Jésus [‘Issa]. Aussi s’étonna-t-elle, comment aurait-elle un enfant, alors qu’elle n’était pas mariée ? Alors les Anges la rassurèrent en lui rappelant que lorsqu’ Allah veut une chose, Il n’a qu’à ordonner « sois» et elle est.

Marie qui était sortie du Temple, rencontra l’archange Gabriel, qui avait pris une apparence humaine. Lorsque celui-ci s’avança vers elle, la jeune femme invoqua spontanément son Seigneur : Je cherche refuge auprès du Miséricordieux contre toi, dit-elle. Gabriel la rassura : Je suis en fait un Messager de ton Seigneur pour te faire don d’un fils pur. Il insuffla en elle, et sans la toucher, l’esprit de Jésus, et elle fut enceinte.

Et Allah sait mieux !


Rubrique: Les histoires des prophètes