Sa préparation au jeûne
Nous devons nous réjouir à l’approche du mois de Ramadan, comme le faisait le Prophète (paix et salut sur lui) ; et ne pas s’angoisser de l’arrivée d’une période de privation et de sacrifice physique. Cependant, rien de plus normal que d’avoir le ‘souci’ de sa venue, et de s’y préparer physiquement et spirituellement.
À cet effet, Le Prophète (paix et salut sur lui) multipliait les invocations et les bonnes actions dès le mois le précédent. Il ne jeûnait durant aucun mois plus qu’il ne jeûnait durant Cha’ban. Dans une autre version on trouve ce rajout : II jeûnait entièrement Cha’ban sauf quelques jours [Al Boukhari & Mouslim]. Ibn Abbas précise que le Prophète (paix et salut sur lui) n’a pas jeûné un mois dans son entièreté autre que Ramadan [Idem].
Il annonçait à ses compagnons la bonne nouvelle de l’arrivée de Ramadan, les préparant à accueillir ce mois comme il se doit, à l’honorer : ‘un mois remarquable et béni est venu’ [Ibn Khouzaymah, Al Bayhaqi : Daïf].
Il rappelait qu’à l’arrivée de ce mois béni, les portes du Paradis sont ouvertes, celles de l’Enfer fermées, et les diables sont enchaînés [Al Boukhari & Mouslim]. Il ne manquait pas d’informer les compagnons de l’immense récompense qui attend les jeûneurs ayant obtenu la satisfaction divine ; le croyant qui a accompli dûment le jeûne a droit à deux moments de joie : celui où il rompt son jeûne, et celui où il se tiendra devant son Seigneur [Mouslim], et rappela que son jeûne rachète les péchés véniels commis (depuis le précédent Ramadan) [Mouslim].
Pendant Ramadan, il formulait intérieurement son intention dès la première nuit, avant sobh, car le jeûne de celui qui n’a pas formulé l’intention de jeûner avant l’aube, n’est pas valide [Al Daraqoutni, Al Darami, Al Nassaï : Sahih].
Son jeûne d’un point de vue pratique
Le rôle premier du jeûne en Islam est l’éducation de l’âme. Le Prophète (paix et salut sur lui) enjoignait sa communauté à se rapprocher de Dieu, afin que l’âme prenne le dessus sur le corps. Mais le mois de Ramadan n’en demeure pas moins un mois de privation physique. Dans un hadith Qoudsi, Dieu dit : (…) Le jeûne est une cure physique et spirituelle : gardez-vous, en jeûnant, de blasphémer, d’élever la voix ou de proférer des obscénités [Mouslim]. Le Prophète (paix et salut sur lui) accordait une importance cruciale au petit déjeuner pris avant l’aube, le sahour, car son repas est béni [Al Boukhari & Mouslim], et encourageait les musulmans à en faire de même, ne serait-ce qu’en buvant quelques gorgées d’eau, car Dieu et Ses anges bénissent ceux qui prennent ce petit-déjeuner [Ahmad ; Al Arna’out : Sahih]. Il est autant une provision qui aide à supporter le jeûne, qu’un moyen de se lever suffisamment tôt pour aller célébrer la prière du matin en groupe à la mosquée. Le Messager de Dieu (paix et salut sur lui) et ses compagnons étaient les plus prompts à rompre le jeûne et les plus tardifs à prendre le repas du sahour [Al Bayhaqi : hassan]. Il avait l’habitude de rompre son jeûne (le temps de l’adhan) avant l’accomplissement de la prière (du maghreb) avec quelques dattes fraîches (en nombre impair), sinon des sèches, faute de quoi il se contentait de quelques gorgées d’eau [Al Tirmidhi : hassan gharib], et il enjoignait les musulmans en ces termes : ‘Les gens demeureront dans le bien tant qu’ils hâteront la rupture du jeûne’ [Al Boukhari & Mouslim]. Si le dîner est prêt, il est souhaitable de manger immédiatement après la prière, sur conseil du Prophète (paix et salut sur lui) : ‘et ne retardez pas votre dîner’ [Al Boukhari & Mouslim]. Au moment de la rupture du jeûne, il disait : ‘La soif a été étanchée, les veines humectées, et la récompense accordée, s’il plait à Dieu le Très Haut’ [Abou Dawoud, Sahih].
L’opulence spirituelle de ce mois béni
Le Prophète (paix et salut sur lui) ne souhaitait pas occulter les pensées des musulmans par le souci exagéré de la privation. Son but était autrement plus noble. Il désirait leur permettre de mieux se concentrer et s’appliquer davantage sur l’essentiel du jeûne, d’en méditer le sens profond, de parfaire leur comportement, car Dieu n’a nul besoin que l’on se prive de manger et de boire, lorsque l’on n’arrive pas à se retenir de mentir ou d’agir de façon mensongère [Al Boukhari]. Le jeûne ne consiste pas à s’abstenir de boire et de manger, mais il consiste à s’abstenir des propos futiles et obscènes [Mouslim]. L’Envoyé (paix et salut sur lui) était au service de sa communauté, en ce sens qu’il était le plus généreux d’entre les gens et sa générosité augmentait au mois de Ramadan… [Al Boukhari]. Il débordait de sagesse, de douceur et de gentillesse. Jamais il ne se mettait en colère – si ce n’est pour défendre les principes de l’Islam -.
Ce mois béni était aussi, pour lui, le mois de la méditation, lorsque Gabriel le rencontrait chaque nuit, et étudiait avec lui le Coran plus profondément qu’à l’accoutumée [Al Boukhari]. Ainsi, le jeûneur doit davantage dépenser pour Dieu, s’engager au service des autres et profiter de ce mois béni pour se rapprocher de Lui, notamment au moyen de la lecture, la méditation, et de la vie à la lumière du Noble Coran. Le Prophète (paix et salut sur lui) était très attaché à la pratique de la prière nocturne, trésor parmi les trésors de Ramadan. Il entrainait ses compagnons dans sa motivation, leur expliquant que quiconque accomplit la prière nocturne pendant Ramadan, avec une foi sincère et dans le désir du Paradis, verra ses fautes antérieures pardonnées’ [Mouslim].