19:56 - Samedi 21 décembre, 2024

- 19. Jumādā al-Ākhira 1446

La persévérance dans les œuvres


Allah Glorifié et Magnifié nous exhorte lorsqu’Il dit : Œuvrez car certes Allah verra vos œuvres, de même que Son Messager et les croyants, puis vous serez amenés devant Celui qui connaît ce qui est apparent et ce qui est caché, et Il vous informera alors de ce que vous avez fait [9;105]. Il fit de l’œuvre le sens même de notre existence et de notre passage en ce monde, lorsqu’Il dit : Celui qui créa la mort et la vie afin de vous mettre à l’épreuve : Qui d’entre vous agira le mieux, Il est Puissant et Prompt à pardonner [67;2], et Il justifie même la création de l’univers afin de nous permettre d’œuvrer en disant : C’est Lui qui créa en six jours les cieux et la Terre, alors que Son Trône était sur l’eau, afin de vous mettre à l’épreuve : Qui d’entre vous fera la meilleure œuvre [11;7]. Dans nombre de versets, Il lie l’œuvre à la foi, comme condition nécessaire d’entrée au Paradis : Quant à ceux qui crurent et agirent avec vertu ; bientôt, nous les ferons entrer dans les Jardins arrosés de ruisseaux pour y demeurer éternellement (…) [4;122]. Ainsi Allah nous a-t-Il ordonné, dès lors que nous avons acquis une foi correcte, d’agir dans l’obéissance à ses préceptes afin de confirmer notre engagement, et de gagner Sa Miséricorde.

Les œuvres reposent sur l’intention qui les motive. L’Envoyé d’Allah qu’Allah le bénisse et le préserve, a dit : Les œuvres ne valent que de par les intentions qui les motivent, et chacun ne sera rétribué que selon ce qu’il a ambitionné de faire [Al Boukhari & Mouslim]. C’est l’intention qui donne sa valeur à l’action. Deux aumônes, l’une donnée de bon cœur dans l’intention de satisfaire Allah, et l’autre donnée uniquement parce que les gens nous regardent n’ont pas du tout la même valeur devant Allah : (…) celui qui dépense de son bien parce que les gens le regardent et qui ne croit ni en Allah ni au Jour Dernier ressemble à une pierre recouverte de terre que la pluie laissera dénudée. Ceux-là n’obtiendront rien de leurs actes. Allah ne guide pas ceux qui renient. * Et ceux qui dépensent de leurs biens, avec conviction, cherchant la Satisfaction  Divine, sont comparables à un jardin sur une colline dont la récolte double après la pluie (…) [2;264-265].Deux œuvres identiques, accomplies par deux croyants, auront des valeurs qui dépendront de la pureté de leurs intentions respectives. Deux personnes peuvent célébrer en même temps la même prière, pourtant c’est celle de celui des deux qui aura été le plus recueilli qui aura le plus de valeur.

Les œuvres diffèrent dans leur importance. Les premiers musulmans avaient bien compris cela. C’est la raison pour laquelle, certains d’entre eux venaient interroger le Prophète, qu’Allah le bénisse et le préserve, pour savoir quelles étaient les meilleures œuvres, afin d’y concentrer leurs efforts. Ainsi, Ibn Massoud vint un jour demander au Prophètepaix et salut sur lui Quelle est l’œuvre la plus aimée d’Allah ? Celui-ci lui répondit : L’accomplissement de la prière dans son temps [Al Boukhari & Mouslim]. A deux reprises, il demanda : Et après ceci ?, démontrant qu’il avait compris que les œuvres n’ont pas toutes le même degré d’importance, et que certaines sont plus aimées d’Allah que d’autres. Ainsi, les obligations sont, dans l’Islam, prioritaires par rapport aux œuvres surérogatoires, et parmi les obligations, les œuvres se distinguent, entre les piliers et le reste ; et les œuvres surérogatoires entre elles, entre ce qui était pratiqué assidument par le Prophète [mouratib] et ce qui ne l’était pas, et ainsi de suite.

Nous devons nous concurrencer dans les bonnes actions, sans excès et sans ostentation : Rivalisez dans les bonnes œuvres [2;148]. Car les premiers à faire le bien seront les premiers à entrer au Paradis et à échapper aux épreuves du Jugement. C’est, selon les exégètes, le sens du verset : Les premiers [seront] les premiers [56;10]. Comment se dépêcher de gagner le pardon d’Allah et le Paradis comme nous le demande le Coran [57;21] ? En s’empressant de mettre en pratique les prescriptions Divines et Prophétiques au bon moment. La concurrence dont parle le Coran est saine et pure. Il ne s’agit pas de faire une mauvaise action en bousculant son frère pour entrer avant lui à la mosquée, ou de s’imposer au premier rang pour la prière lorsque celui-ci est complet et de déranger ainsi les orants. Cela peut paraître évident, mais mieux vaut prévenir que guérir car le diable est pour vous un ennemi déclaré et seul Allah sait ce qu’il peut nous suggérer parfois.

L’importance des œuvres varie selon les individus et le contexte. Lorsque les compagnons venaient interroger l’Envoyé d’Allah, paix et bénédictions sur lui, afin de savoir quelles étaient les meilleures œuvres, les réponses de celui-civariaient selon la personne qui l’interrogeait et sa situation. Il pouvait recommander à une personne la bonté filiale, à l’autre de faire ses prières sans les retarder, et à un autre d’acquérir une foi parfaite. Le contexte que vit la communauté dans un endroit et une époque donnés peut modifier l’ordre de priorité des actions. Lorsqu’Othman Ibn ‘Affan dépensa toute sa fortune à un moment cruciale de l’histoire musulmane, le Prophète dit : ‘Othman peut faire ce qu’il veut, il sera pardonné [Al Tirmidhi], car à ce moment précis, aucune œuvre ne pouvait être meilleure que celle-là.

Les œuvres sont généralement liées à un temps. La prière obligatoire, la Zakaat, le jeûne de Ramadan, le Pèlerinage sont chacun liés à un temps particulier, dans la journée, ou dans l’année ; temps en dehors duquel l’œuvre est nulle, sauf cas exceptionnels. On ne peut par exemple accomplir Dhohor à 11h du matin ou la ‘icha au milieu de l’après-midi ou faire le hajj pendant le Ramadan. Il y a des heures où il est interdit de prier des nafilas et d’autres où cela est fortement recommandé. Il est interdit de jeûner les jours de ‘id et il est fortement recommandé de jeûner d’autres jours comme celui d’Arafat ou celui d‘Achoura. L‘Omra accomplie pendant le Ramadan vaut plus que celle accomplie à un autre moment de l’année. Et cela vaut pour toutes les œuvres. Lorsque les premiers croyants étaient persécutés violement chaque jour, il leur était interdit de riposter. L’abstention était la meilleure œuvre et la riposte organisée un grave péché. Lorsque plus tard leurs vies furent menacées, et que le Coran leur imposa de se défendre et de contre-attaquer, l’abstention devint un péché majeur et la riposte une obligation. Le fruit est bon et sucré lorsqu’il est mûr, mais peut avoir un goût amer et nocif lorsqu’il est vert ou pourri. Et il en est de même en ce qui concerne les œuvres et leurs conséquences : on ne s’empresse d’œuvrer que lorsqu’il en est temps et pas avant.

« L’œuvre du bas-monde ». D’aucuns peuvent penser que les œuvres auxquelles nous appellent Allah et son Prophète, ne sont que d’ordre cultuel, c’est-à-dire de l’adoration pure. Or il n’en est rien. Le croyant peut de par une bonne intention, faire de la plupart de ses actions mondaines, comme le fait d’étudier ou de travailler, une source de bien pour son bas monde et son au-delà, et les deux sont liés : Notre Dieu, donne nous du bien ici-bas, et du bien dans l’au-delà, et garde nous du châtiment du feu [2;201].

Rien ne devrait nous dispenser d’œuvrer. Nous croyons avec conviction dans le fait que le destin de toute chose est connu d’Allah et consigné auprès de Lui, car Allah transcende l’espace et le temps. Il observe aussi bien le passé, le présent et le futur ! Ce n’est pas notre cas, et c’est pour cela que nous devons œuvrer, sans conjecturer sur nos destinées, et nous serons rétribués selon nos œuvres, sans injustice et sans discrimination : Allah n’a nullement intention de faire injustice à ses serviteurs [3;108]. Nous ne pouvons pas, non plus, nous reposer sur l’attente du Mahdi, du rénovateur du siècle, ou du retour de Jésus fils de Marie, ou du rétablissement de la gouvernance juste et pieuse dans le monde musulman, même si tout cela a été prédit par l’Envoyé d’Allah, paix et bénédictions sur lui, pour retrousser nos manches, et nous mettre à œuvrer, et à pratiquer les enseignements Divins. L’observation à notre époque de signes majeurs de la ‘fin des temps’, tels que décrits par le Prophète, paix et salut sur lui,  ne sont pas non plus un prétexte à abandonner notre religion, mais devraient au contraire raffermir notre foi et nous pousser à parfaire notre pratique.  Et Dieu seul sait…


Rubrique: Bien comprendre l'Islam