Anas rapporte que le Prophète r répétait souvent cette prière : « ô Maître des cœurs, raffermis nos cœurs dans ta religion ». Anas lui dit : « Ô Envoyé d’Allah, nous avons cru en toi et en ce que tu nous as apporté, as-tu encore peur pour nous ?! », ce à quoi l’Envoyé r répondit : « Oui, en effet. Les cœurs sont entre les doigts d’Allah qui les retourne à sa guise ». [Al Tirmidhi, Ahmad : auth.]. Il donna substantiellement la même réponse à Aïcha qui elle aussi s’étonnait de l’entendre si souvent formuler cette prière : « Si [Allah] le veut Il le fait dévier [le cœur] et s’Il le veut, Il le maintient [dans l’obéissance] [Ahmad, Al Nassaï : auth.]. Le Coran a également évoqué l’invocation des érudits, ceux qui ont assimilé la connaissance : « notre Seigneur garde nos cœurs de la déviance après nous avoir guidé et aies pitié de nous… » [3].
Ces textes, comme tant d’autres, démontrent la place centrale du cœur dans l’Islam. Le cœur en tant que siège (symbolique) des sentiments, de la foi, de la piété, et de la vie spirituelle doit être l’objet de tous nos efforts et de toutes nos attentions. Il est un jardin que chacun est chargé de cultiver. Il est un espace d’adoration préservé de l’ostentation. Objet du regard permanent de Celui qui connaît le contenu des poitrines. Peu importe la grandeur des œuvres apparentes pourvu que l’on rencontre notre Créateur avec un cœur sain. Abraham le disait : « ne me couvre point d’opprobre au jour de la résurrection, le jour où ni les biens ni les enfants ne seront utiles, à moins de se présenter devant Allah avec un cœur sain » [26].
Ces textes nous renseignent de plus sur le caractère volatile et instable du cœur : aujourd’hui tourné vers Allah et empli de foi et peut-être demain rebelle à Son Seigneur et empli de doutes et d’hypocrisie (pourvu qu’Allah nous préserve !).
Aussi le croyant est alerte, il sonde constamment son cœur afin d’analyser les pensées qui le traversent et les sentiments qui l’habitent. Il veille à ne pas laisser s’y installer des maladies spirituelles nocives et parfois mortelles.
Le croyant doit se souvenir que la foi et la piété sont des bienfaits d’Allah qui appellent à la reconnaissance et qui doivent être entretenues au quotidien.
Le croyant demeure alors dans la crainte vis-à-vis d’Allah qui par Sa justice peut décider un jour de détourner un cœur dans lequel la foi s’est corrompue du fait de la négligence du serviteur plus soucieux des actes apparents que des actes du cœur.
Voilà donc pourquoi nous devons formuler ces invocations chaque jour et dans chaque prière, en espérant qu’Allah nous accordera Sa grâce !