L’homme raisonnable est celui dont l’œil surveille, se prépare à toute éventualité, agit prudemment en toute circonstance, préservant argent, secret et confiance.
[ …] Celui qui regarde de l’œil de la clairvoyance, les conséquences des choses, dès leur commencement, en obtiendra le bien et sera préservé de leur mal. Par contre, celui qui n’analyse pas les conséquences, tombera sous l’emprise des sens, et il ne trouvera que souffrance là où il cherchait le salut, et difficulté là où il espérait le repos. Ce qui adviendra dans l’avenir peut se déduire de l’observation du passé. […] Les biens de ce monde sont appréciés de la nature humaine, aucun doute à ce sujet, et je ne blâme pas celui qui les recherche en suivant son instinct ; mais il doit considérer ce qu’il gagne, savoir d’où il l’acquiert, afin d’être préservé des conséquences de ces plaisirs. Sinon, il n’y a aucun bien dans un plaisir suivi de l’Enfer ! A-t-on déjà vu parmi les gens raisonnables quelqu’un à qui l’on dirait : ‘Dirige le royaume pendant un an, ensuite nous te tuerons !’ Jamais ! Au contraire, l’homme raisonnable est celui qui endure l’amertume de l’effort pendant un an, voir plusieurs années, pour ensuite à la fin, jouir du repos. En somme : fi d’un plaisir qui entraine un châtiment ! […] Toute personne intelligente et perspicace doit prendre garde aux conséquences des péchés, car il n’y a entre l’être humain et Allah aucun lien de famille ou de sang, mais Il est celui qui juge en toute équité. Même si Sa mansuétude admet les péchés, s’Il le veut, Il peut pardonner et effacer tout amas de péchés, mais Il peut également châtier pour une partie d’entre eux. Il faut donc faire très attention ! […] Que l’homme en bonne santé se prépare pour la maladie, et que l’homme fort se prépare pour la décrépitude. En somme, anticiper les conséquences et ce qui peut arriver est le propre des gens dotés d’intelligence. Quant au fait de ne voir que la situation présente, c’est le propre du parfait ignorant, comme le fait de se voir en bonne santé et d’oublier la maladie, ou riche et d’oublier la pauvreté, ou encore de voir un plaisir éphémère et d’en oublier les conséquences mauvaises. L’esprit n’a d’autre occupation que d’étudier les conséquences et d’indiquer la bonne direction.Tiré des pensées précieuses d’Ibn Al-Jawzi