20:08 - Samedi 21 décembre, 2024

- 19. Jumādā al-Ākhira 1446

L’amour en Dieu


Allah le Très Haut vante dans Son Livre l’amour et l’altruisme des médinois à l’égard de leurs frères en Islam ayant dû fuir La Mecque en disant : ceux qui, avant eux, se sont installés dans la contrée et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent dans leurs cœurs aucune envie pour ce que [ces immigrés] ont reçu, et qui [les] préfèrent à eux-mêmes, quand bien même il y aurait pénurie chez eux [59;9]. Ce verset, comme d’autres, illustre bien ce que nous avons évoqué dans nos articles précédents : l’amour de Dieu implique le fait d’aimer ce qu’Il aime comme paroles, actes comme traits de caractères et comme personnes. L’Envoyé d’Allah (paix et salut sur lui) dit ainsi que le fait d’aimer et de mépriser pour Dieu constitue l’anse la plus ferme de la foi, il dit aussi que quiconque aime, déteste, donne ou prive pour Dieu aura ainsi rendu sa foi parfaite [Abou Dawoud, Sahih]. Aussi, nous allons nous arrêter dans cet article et dans les suivants, sur le licite et l’illicite en matière d’amour, voir ce qui est obligatoire et surérogatoire, ce qui est réprouvé et interdit et ce qui définit l’amour en Dieu [al houbb fillah ou al houbb lillah].

La première obligation qui découle du fait d’aimer Dieu et qui nous fera aimer de Lui est le fait d’aimer l’Envoyé d’Allah (paix et salut sur lui), puisque Dieu l’a aimé et l’a élu d’entre l’humanité et d’entre les prophètes pour porter son ultime Révélation, tout d’abord, et pour les efforts et sacrifices qu’il a consentis au service de Dieu, pour élever Son verbe et pour tirer par la permission de Dieu, les croyants des ténèbres à la lumière, ensuite. Le Prophète (paix et salut sur lui) jure : Par Celui qui tient ma vie entre Ses mains ! N’est [un véritable] croyant que celui qui m’aime plus qu’il aime ses pères et enfants et qui m’aime plus que quiconque [Al Boukhari & Mouslim]. Ibn Batal dit en interprétant ce hadith : celui dont la foi est parfaite a compris que le Prophète (paix et salut sur lui) a plus de droit à son égard que n’en ont ses parents, ses enfants, et le commun des mortels. Ceci est dû au fait que c’est par l’entremise du Prophète (paix et salut sur lui) que Dieu nous a délivrés de l’erreur et mis à l’abri de l’enfer. Ceci dit, tout croyant aimant Dieu sincèrement, et étudiant en détail la vie de cet homme, constatant les peines et les travers qu’il a eu à surmonter, dans le but de voir Dieu être adoré sur Terre et l’idolâtrie rejetée, jusqu’à ce que des milliards d’être humains professent l’unicité de Dieu et célèbrent Sa gloire ; ne pourra alors s’empêcher d’aimer le Prophète (paix et salut sur lui).

C’est pour les mêmes raisons qu’il aimera également la famille et les compagnons du Prophète (paix et salut sur lui)les anciens prophètes, puis toute personne parmi les prédicateurs érudits et dévoués, sincères et courageux, qui ont donné leur vie au service de ce Message, pour le préserver, l’expliquer, et le diffuser, le faire connaître et le faire aimer aux gens. Les textes qui évoquent l’obligation d’aimer ces gens de manière générale et en particulier, sont nombreux et clairs. Aussi pouvons-nous certainement appliquer à leur sujet la règle que l’Envoyé (paix et salut sur lui) a édictée à propos des Ansars, et la rendre générale comme elle résume bien l’ensemble de ces hadiths : Ne les aime qu’un croyant et ne les méprise qu’un hypocrite. Quiconque les aime sera aimé d’Allah et quiconque les méprise sera méprisé d’Allah [Al Boukhari & Mouslim].

Vient ensuite l’amour des croyants ordinaires, ceux qui réunissent tout ou partie des qualités spirituelles vantées par Dieu au sein du Coran et par le Prophète (paix et salut sur lui) dans les hadiths – et non ceux qui jeunent, prient, et se présument musulmans, tandis qu’ils réunissent tous les défauts des hypocrites -. C’est cet amour que Dieu a placé dans les cœurs des compagnons du Prophète (paix et salut sur lui), les uns envers les autres jusqu’à faire d’eux de véritables frères ! Allah décrit les compagnons comme ‘miséricordieux les uns envers les autres’ [48;29] et Il dit aussi : rappelez-vous le bienfait de Dieu sur vous : lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par Son bienfait, vous devîntes des frères [3;103]. C’est dire que ce phénomène est bien un miracle provenant de Dieu et de nul autre que Lui ! Allah dit ainsi à Son Prophète (paix et salut sur lui) : Il a uni leurs cœurs. Aurais-tu dépensé tout ce qui est sur terre, tu n’aurais pu unir leurs cœurs ; mais c’est Dieu qui les a unis, car Il est Puissant et Sage [8;63]. Le fait d’aimer ses frères en Islam pour Dieu, constitue un des grands principes de notre religion, si ce n’est la plus belle manifestation de la foi. Le Prophète (paix et salut sur lui) nous dit ainsi que n’est un vrai croyant que celui qui aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même [Al Boukhari & Mouslim] et il va même à jurer : par Celui qui tient mon âme dans Sa Main, vous n’entrerez au Paradis que lorsque vous croirez et vous ne croirez vraiment que lorsque vous vous aimerez [Mouslim]. Or les premiers musulmans Ansars et Mouhajirines ont su, par la permission de Dieu, puis par les conseils et par l’exemple du Prophète(paix et salut sur lui), mettre en pratique ce grand principe, puisque Dieu dit à leur sujet : ceux qui, avant eux, se sont installés dans la contrée et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux. Nous pouvons même dire qu’ils ont dépassé le stade, pourtant si difficile à atteindre, d’aimer pour autrui ce que l’on aime pour soi-même, puisque le verset affirme qu’ils [les] préfèrent à eux-mêmes, quand bien même il y aurait pénurie chez eux [59;9] ! De plus, leur amour les uns envers les autres était tel qu’il ne s’arrêtait pas à la vie d’ici-bas. On voit dans le Coran, l’exemple des vivants aimant leurs frères morts et invoquant en leur faveur : ceux qui vinrent par la suite et dirent : Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères qui nous ont précédés dans la foi ; et ne laisse en nos cœurs aucune rancœur envers ceux qui ont cru. Seigneur, Tu es Compatissant et Miséricordieux [59;10]. Et l’on voit également l’exemple des musulmans morts, obéissants à Dieu, se réjouissant du bonheur qui attend leurs frères encore vivants : Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier de Dieu, soient morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus et joyeux de la faveur que Dieu leur a accordée, et ravis que ceux qui sont restés derrière eux et ne les ont pas encore rejoints, [ceux-là] ne connaîtront aucune crainte et ne seront point affligés [3;169-170] ! À suivre incha Allah.

Et Allah est plus savant !


Rubrique: L'amour dans l'Islam