C’est à l’abri des regards et loin de l’agitation mecquoise que se retrouvaient les premiers convertis, précurseurs de la religion musulmane. Ibn Hicham a estimé leur nombre à plus de quarante. Comme nous l’avions vu, l’appel et l’initiation à l’Islam se faisait au départ en secret. Lorsque le nombre de croyants et croyantes dépassa les trente âmes, le Prophète(Paix et salut sur lui) désigna un lieu de réunion. C’est dans la maison d’al Arquam que se réunissaient les musulmans pour y recevoir leur enseignement. A cette époque, les versets révélés étaient courts et percutants. Ils traitaient de la croyance, du Paradis et de l’Enfer. Le Cheikh Moubarakfouri a dit: La fin de ces versets formidables et lourds de sens était dotée d’un rythme doux et fascinant qui s’harmonisait avec un contexte où la prédication se faisait de bouche à oreille.
La prière
La prière précédée des ablutions fut le premier devoir enseigné au Prophète(Paix et salut sur lui). Ibn Majah et d’autres ont rapporté que l’ange Gabriel (Paix sur lui) enseigna au Messager de Dieu (Paix et salut sur lui) dès le début de la Révélation, la manière de faire les ablutions puis de s’acquitter de la prière. Cet enseignement fut une véritable délivrance pour le Prophète (Paix et salut sur lui) dont l’âme était tout à coup apaisée et épanouie. Plus tard, le Prophète (Paix et salut sur lui) aura d’ailleurs coutume de dire à Bilal, premier muezzin de l’Islam: « Bilal, apaise-nous par la prière » (i.e l’adhan, Ahmed). En effet, la prière symbolise l’adoration de l’Unique sous sa forme la plus pure. Elle est ce lien, emprunt d’humilité et de gratitude, entre le serviteur et son Créateur. Un lien sans aucun intermédiaire, qui ne doit en aucun cas être rompu. Ainsi, la prière était-elle dès le début un élément déterminant du culte musulman, bien avant le voyage nocturne et la prescription des cinq prières quotidiennes, deuxième pilier de l’Islam. La prière d’alors consistait à s’acquitter de deux raka’ le matin et de deux autres le soir. Et célèbre la gloire et la louange de ton Seigneur, soir et matin [40;55]. Néanmoins, les savants ont divergé quant à savoir si cette prière était obligatoire avant la prescription des cinq prières quotidiennes dans la dixième année suivant la Révélation.
Suivi par les misérables
Même si quelques notables tels que Abou Bakr, Othman, Khadîja et d’autres, avaient répondu à l’appel de l’Islam, les premiers hommes et femmes à embrasser cette religion étaient pour la plupart des esclaves et des démunis. Toutes les missions prophétiques passent par cette étape. Nous voyons que ce sont seulement les vils parmi nous qui te suivent sans réfléchir [11;27] disaient les notables s’adressant à Noé (Paix sur lui). Il en fut de même pour de nombreux prophètes. En réalité, le message des prophètes indique que l’autorité et le pouvoir suprêmes reviennent au Créateur. Cette vérité remet ainsi en cause le pouvoir de ceux que l’on divinise, des tyrans, des dictateurs et de toutes les injustices qui en découlent. C’est pourquoi ceux qui se croient puissants, se sentent atteints dans leur orgueil, tandis que les gens opprimés, humbles de part leur condition, sont plus enclin à accepter la Vérité. Untrès bon exemple est celui de Rabi’ ibn ‘Amer le simple soldat de l’armée musulmane dans son entretien avec Roustom, général de l’armée Perse. Lorsque Rabi’ vu l’état de servitude dans lequel se trouvaient les hommes autour de Roustom, il dit: «Des nouvelles merveilleuses nous parvenaient de chez vous mais je vois en réalité que vous n’êtes que des sots; cet asservissement des gens les uns par les autres n’existe pas chez nous autres musulmans. Le mieux que vous puissiez faire, c’est d’établir vos relations sur une base d’égalité et de fraternité» –« Cet Arabe a raison» chuchotèrent les gens asservis. – Les paroles de Rabi’ ébranlèrent les notables. «Ce soldat dit une vérité qu’ambitionnent nos serviteurs», se dirent les chefs entre eux
Au bout de trois années, lorsque la Mecque se mit à parler de l’Islam et que les Quraychites commencèrent à s’interroger sur les motivations du Prophète (Paix et salut sur lui) et de la religion qu’il prêchait, Allah ordonna alors la proclamation publique du Message Divin. Proclame ce qui t’es ordonné et détourne-toi des polythéistes [15,94].