Après les conversions d’Omar ibn al Khattab et de Hamza ibn Abdel Mouttalib, qui eurent pour conséquence de permettre aux croyants d’exercer leur culte librement, les Quraychites devaient se rendre à l’évidence : aucune de leurs tentatives en vue d’enrayer l’Islam n’avait abouti, pas même la violence. Ils décidèrent donc de se focaliser exclusivement sur la personne du Prophète (Paix et Salut sur lui).
La fin et les moyens
Ibn Ishaq rapporte qu’à la suite d’une réunion, les Quraychites envoyèrent Outba ibn Rabi’a auprès du Messager de Dieu (Paix et Salut sur lui) afin de parlementer avec lui et de trouver un compromis. Outba chercha alors à corrompre le Prophète (Paix et Salut sur lui) en lui proposant tout ce qu’un être humain peut convoiter en ce monde. Ainsi, s’il cherchait le prestige et le pouvoir, ils feraient de lui leur roi. S’il visait la richesse, ils feraient de lui l’homme le plus riche de la Mecque. Enfin, au cas où son Message n’était que le fruit d’un mauvais génie dont il ne parvenait pas à se débarrasser, ils paieraient les meilleurs médecins pour le guérir. Le Prophète (Paix et Salut sur lui)écoutait en silence. Une fois qu’Outba eut terminé, il lui répondu par la Révélation : Ha, Mim. [C'est] une Révélation descendue de la part du Tout Miséricordieux, du Très Miséricordieux. Un Livre dont les versets sont détaillés (et clairement exposés), un Coran arabe pour des gens qui savent. Annonciateur [d'une bonne nouvelle] et avertisseur. Mais la plupart d’entre eux se détournent; c’est qu’ils n’entendent pas. [41;1-5]. Le Prophète (Paix et Salut sur lui) continua ainsi jusqu’au verset 38 pour lequel il est nécessaire de se prosterner. Emu par la beauté du Coran, Outba se prosterna immédiatement. De retour auprès des siens, Outba leur conseilla de laisser le Messager en paix, ce à quoi ils répliquèrent qu’il avait été ensorcelé. Une fois de plus, les ennemis du Prophète (Paix et Salut sur lui) étaient dans l’impasse, totalement déroutés devant une telle sincérité. Si tel était son but, il ne se serait pas fait prier longtemps devant des propositions aussi alléchantes. Cependant, l’Islam est basé sur l’honneur, la droiture, la sincérité et implique la conformité des paroles et des actes. Cette sincérité concerne aussi bien l’objectif visé que les moyens pour y parvenir, quel les qu’en soient les difficultés. Ainsi, l’habilité et la sagesse mises au service d’une cause, aussi noble soit-elle, ne sont valables que dans le cadre de la Loi. La fin ne justifie pas toujours les moyens.
Le boycott
Quatre évènements majeurs se produisirent la même semaine : la conversion de Hamza et d’Omar, le refus du Prophète (Paix et Salut sur lui) devant les tentatives de négociation des Quraychites et enfin le pacte conclu entre les Beni al Mouttalib et les Beni Hachim afin d’empêcher toute tentative d’assassinat sur la personne du Messager de Dieu (Paix et Salut sur lui). Ce pacte fut conclu par des musulmans et non-musulmans à la demande d’Abou Talib. En réaction à ce pacte, les païens mecquois proclamèrent un boycott total à l’encontre des Beni al Mouttalib et des Beni Hachim, qu’ils soient croyants ou non-croyants : toute relation, toute visite, toute transaction, tout mariage avec un membre de l’une de ces deux tribus seraient désormais bannis. Le pacte fut scellé par écrit et suspendu à l’intérieur de la Kaaba. Le boycott débuta donc au mois de Muharram de la septième année de la mission prophétique et allait durer trois années. Les Beni al Mouttalib et les Beni Hachim se retirèrent dans une vallée non loin de la Mecque. Affamés, ces derniers durent se résoudre à manger les feuilles des arbres et la peau des animaux. Face à cette terrible épreuve, le Prophète (Paix et Salut sur lui) et les musulmans persistèrent dans leur engagement… jusqu’au secours de Dieu. Le secours d’Allah est sûrement proche. En effet, du fait des liens de sang, la légitimité du boycott finit par être contestée donnant lieu à de vives tensions entre les mecquois. Un jour, Abou Talib se rendit auprès des Quraychites. Une Révélation avait été faite au Prophète (Paix et Salut sur lui) disant que les termites avaient mangé le parchemin où étaient inscrites les clauses du boycott à l’exception du nom de Dieu. Si Mohammed (Paix et Salut sur lui) disait vrai, le boycott devait s’arrêter. Dans le cas contraire, il leur livrerait le Prophète (Paix et Salut sur lui). Les Quraychites acceptèrent la proposition d’Abou Talib et après vérification, ils découvrirent que, conformément à la Révélation, les termites avaient bien dévoré le parchemin, exception faite du nom de Dieu. Ainsi le boycott fut-il aboli.
Et Allah sait mieux…
