17:46 - Jeudi 21 novembre, 2024

- 19. Jumādā al-Ūlā 1446

Le concept de « sainteté » en Islam


Allah le Majestueux dit : ‘En vérité, les bien-aimés (awliya) d’Allah seront à l’abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés, * Ceux qui croient et qui se préservent. Il y a pour eux une bonne annonce dans la vie d’ici-bas tout comme dans la vie ultime. Il n’y aura pas de changement aux paroles d’Allah. Voilà la belle réussite !’ [10;62-64]. Qu’est-ce que la sainteté en Islam ? Qui sont les ’saints’ ? Comment le sont-ils devenus ? Quel doit être notre comportement vis-à-vis d’eux, et quelles erreurs ne pas commettre à leur égard ?

Allah Exalté parle d’eux dans un autre passage en disant : ‘Ceux qui affirment : Allah est notre dieu, et qui se tiennent sur le droit chemin, les Anges descendent sur eux, (et leur disent) : ‘N’ayez pas peur et ne soyez pas affligés, mais recevez la bonne nouvelle du Paradis qui vous était promis. Nous somme vos protecteurs dans la vie présente et dans l’au-delà ; et vous y aurez tout ce que vous désirerez et ce que vous réclamerez, un lieu d’accueil de la part d’un Très Grand Pardonneur, d’un Miséricordieux’ [41;30-32]. Cela ne veut pas dire qu’ils voient ou entendent les Anges leur parler, mais simplement que les Anges les observent, les assistent, et les encouragent. Ils sont ‘ceux qui croient et qui se préservent’, c’est-à-dire qu’ils croient en Allah, à la Résurrection, au Paradis, à l’Enfer, aux Prophètes et aux Livres, et qu’ils font preuve de retenu devant les choses qu’Allah a interdites, se préservant ainsi contre Son châtiment. Les premiers à mériter de porter cet attribut sont les Prophètes d’Allah, à leur tête Mohammad, au sujet duquel le Coran dit : ‘Allah est son Protecteur (wali), ainsi que Gabriel, les croyants vertueux, et les Anges aussi le protègent’ [66;4], puis ses compagnons, et enfin les simples croyants, chacun selon ses œuvres et la pureté de son cœur : ‘Allah est le Protecteur (wali) des croyants. Il les tire des ténèbres vers la lumière’ [2;257].

Maintenant, il est vrai que certains, parmi les simples croyants se sont distingués et élevés au-dessus de leurs contemporains. Leur distinction ne s’est pas manifestée dans leur démarche, dans leur belle expression, dans leur fortune ou dans leurs beaux vêtements, mais plutôt dans l’intensité des efforts qu’ils ont fait sur eux-mêmes (ijtihad), d’abord, pour parfaire leur caractère, purifier leur cœur des mauvaises pensées, autant que possible, occuper leurs journées et leurs nuits aux œuvres qu’Allah aime et qu’Il agrée ; et dans l’effort (jihad) qu’ils ont fournit, ensuite, pour réformer les sociétés dans lesquelles ils vivaient, dénonçant et combattant le mal, encourageant les gens au bien, affirmant hautement leur foi en Allah, faisant fi des menaces qui pesaient alors sur eux. Parmi eux, beaucoup vécurent des évènements sortant de l’ordinaire(karama). Parfois ils en furent les seuls témoins, comme dans le cas, d’Assia la femme de Pharaon, qui vit le Paradis, lors de son martyre ou des compagnons qui virent les Anges combattre à leur côté à Badr. D’autres fois, ces évènements miraculeux (karama) se produisirent devant d’autres personnes, comme dans le cas de Marie, qui reçut des fruits hors saison, ou du savant de la cour de Salomon, qui fit venir en un clin d’œil le trône de la reine de Saba, ou encore d’Omar Ibn Al Kattab lorsqu’il se fit entendre de Sarya qui était à des milliers de kilomètres. A chaque fois, il s’agissait d’une aide qu’Allah accordait à ses serviteurs pour les aider à surmonter des moments difficiles.

L’erreur dans laquelle nous ne devons pas tomber, est de considérer que la manifestation publique de ce genre de phénomène, est le signe indiscutable de sainteté de la personne. Ceci est faux pour deux raisons : Premièrement, une personne qui s’efforce pour Allah et se voue à Lui, peut vivre des choses sortant de l’ordinaire, sans en parler à personne, et sans que personne n’en soit jamais au courant. La discrétion est souvent l’une de leur grande qualité. Ensuite, des imposteurs, illusionnistes, ou ‘gymnastes spirituels’ d’autres religions, pour reprendre l’expression de Rashid Reda, peuvent opérer des choses fantastiques, sans pour autant avoir une once de foi dans leur cœur. C’est pour cela que les seuls critères distinctifs des élus d’Allah, sont la foi, la piété, et la suivie scrupuleuse de la Tradition du dernier Prophète, paix et salut sur lui.

Notre comportement à l’égard de ceux-là, une fois que nous les connaissons, et de leur vouer un profond respect, de les aimer, et de nous attacher à eux, sans pour autant leur vouer un culte, ou les considérer comme parfaits ou infaillibles. Car tout comme nous ils sont éprouvés, et ils peuvent commettre des erreurs, mais pas de grands péchés. Sayyed Abd Al Qader Al Jilani dit au sujet des bien-aimés d’Allah (et il en faisait certainement parti) : Aime-les, reste auprès d’eux, car ceux qui aiment vraiment seront avec leurs biens aimés dans l’au-delà. La marque de cet amour est que l’on recherche leur compagnie, qu’on souhaite entendre leurs paroles, et qu’avec leurs regards et leurs paroles on ressente la nostalgie d’Allah le Très Haut.

Enfin, la croyance correcte à leur sujet, est qu’à l’instar des Prophètes, ils ne connaissent pas l’avenir, ou les choses cachées, sauf ce qu’Allah a voulu leur faire savoir, de manière exceptionnelle, par intuition et inspiration. Le Coran ordonnait au plus noble des hommes de dire : Je ne détiens pour moi-même ni profit ni dommage, sauf ce que Dieu veut. Et si je connaissais l’Inconnaissable, j’aurais eu des biens en abondance, et aucun mal ne m’aurait touché. Je ne suis, pour les gens qui croient, qu’un avertisseur et un annonciateur [7;188].

Et Allah sait mieux !


Rubrique: Bien comprendre l'Islam