AL AMINE, le digne de confiance, était le surnom que les gens de la Mecque attribuèrent à notre Prophète Mohammed (que la grâce et le salut soient sur lui) bien avant qu’il ne soit devenu messager d’Allah. En déclarant sa mission il fut considéré comme un ennemi par les Qoraïchites qui le chassèrent de la Mecque, le persécutèrent et le spolièrent. Alors qu’ils avaient l’habitude de lui confier tous leurs biens précieux, lorsque ce dernier décida de quitter la ville Sainte, il s’organisa pour rendre aux notables mecquois leurs dus par le biais de son gendre ‘Ali. Chaque musulman se doit d’avoir ce comportement vis-à-vis d’une personne, quelle qu’elle soit, qui nous aurait confié quelque chose et rien ne peut justifier la transgression à cette règle. Allah l’Exalté dit dans le Coran : « O vous qui croyez ! Ne trahissez pas Allah et le Messager. Ne trahissez pas sciemment la confiance qu’on a placée en vous« . [8;27]. L’Islam considère le non-respect de cette confiance comme étant une trahison et un trait caractéristique de l’hypocrite. « Quatre défauts, celui qui les possède tous est un pur hypocrite. Celui qui n’en a qu’un seul à l’une des caractéristiques de l’hypocrisie jusqu’à ce qu’il quitte ce défaut : A savoir, quand on lui fait confiance il trahit, quand il parle il ment, quand il prend un engagement il ne le respecte pas et quand il est en litige il outrepasse ses limites« . [Al Boukhari et Mouslim].
La confiance envers une personne consiste également à garder un secret. « Si un homme échange avec un autre une conversation puis s’en va, ce qui a été dit est considéré comme une amana« [Abou Dawoud]. Le véritable croyant se doit de respecter les propos qui sont tenus dans des réunions privées auxquelles il assiste et ne doit en aucun cas rapporter à autrui ce qui s’y échange. Allah nous exhorte à cela dans ce verset « Si l’un de vous fait confiance à l’autre, que celui à qui on a fait confiance restitue intégralement son dépôt« . [2;283]. Notre mère Aïcha (qu’Allah soit satisfait d’elle) raconte qu’un jour les épouses du Prophète se trouvaient chez lui lorsqu’arriva Fatima (qu’Allah soit satisfait d’elle). Quand il la vit, il l’accueillit avec joie et lui dit : « Bienvenue à ma fille« . Il la fit asseoir à ses cotés et lui dit quelque chose à l’oreille qui la fit pleurer. Quand il remarqua son désespoir, il lui dit autre chose à l’oreille qui l’a fit sourire. Quand le Messager de Dieu se leva, Aïcha demanda à Fatima : Que t’a dit le Messager de Dieu ? Elle dit : « Je ne suis pas femme à dévoiler le secret du Messager de Dieu« . Quand le Prophète mourut, elle lui dit: « Je t’adjure par le respect que tu me dois de me dire maintenant ce que t’a confié le Messager de Dieu« . Elle lui répondit: « Quand il me parla en secret la première fois, il m’avait annoncé que l’Ange Gabriel venait de lui faire réciter deux fois de suite le Coran alors qu’il avait l’habitude de le faire une à deux fois par an et il lui dit qu’il pensait fermement que le terme de sa vie était désormais tout proche. Il rajouta : « Crains Allah et arme-toi de patience car tu as en moi le meilleur ascendant« . C’est alors que je versai des larmes. Quand il remarqua mon désespoir il me fit une deuxième confidence et dit: « O Fatima! Ne serais-tu pas satisfaite d’être la première dame des croyants?« Et à l’annonce de ces propos le sourire jaillit sur mon visage« [Mouslim].
L’imam Al Ghazali définie en dernier lieu la amana comme étant la restitution du dépôt que l’on nous aurait confié, aussi minime soit-il (livre, argent, vêtement,…..). « Point de Foi pour celui qui n’a pas d’amana. Point de religion pour celui qui ne respecte pas son engagement« . [Ahmad].
Nous constatons ainsi que le respect de la amana est un trait caractéristique de l’homme pieux et qu’elle est une des voie d’accès vers le Paradis. Et certes « c’est à Allah que les croyants doivent faire confiance« [3;160].