20:22 - Samedi 21 décembre, 2024

- 19. Jumādā al-Ākhira 1446

L’émigration en Abyssinie


Tandis que les persécutions à l’encontre des croyants s’intensifiaient jour après jour, à mesure que l’aversion des Quraychites grandissait face à leurs échecs d’éradiquer le Message du Prophète (Paix et Salut sur lui), celui-ci permit à certains de ses disciples d’émigrer afin de pouvoir pratiquer librement leur religion.

L’émigration vers l’Abyssinie

Au vue des souffrances endurées par ses compagnons et étant dans l’impossibilité de les protéger, le Prophète (Paix et Salut sur lui) autorisa donc ceux qui le pouvaient à émigrer vers le royaume chrétien d’Abyssinie qui était gouverné par un roi juste. Aussi, quels que soient  les sacrifices, ô combien nombreux, que les musulmans étaient prêts à supporter pour la défense de leur foi et  de leur dignité, la Religion devait être sauvegardée. Certes, proclamer la Vérité entraine forcement des épreuves. Néanmoins, pour être audible et se propager, l’Islam a besoin de liberté. Or, la situation dans laquelle se trouvaient les croyants étouffait le Message. Tout musulman se doit ainsi, lorsqu’il ne peut s’acquitter des rites fondamentaux tels que la prière ou le jeûne, d’émigrer vers une terre où il pourra exercer son culte librement. C’est donc au mois de Rajab de la cinquième année de la mission prophétique qu’eut lieu l’émigration vers l’Abyssinie. Celle-ci se fit en deux fois. Le premier groupe fut composé de douze hommes et quatre femmes. En apprenant la nouvelle de leur départ, les polythéistes durcirent encore plus leurs tortures. Le Prophète (Paix et Salut sur lui) autorisa alors une deuxième émigration au cours de laquelle cette fois-ci, les musulmans étaient au nombre de quatre-vingt-trois hommes et dix-neuf femmes. Cette solution de l’émigration fut bien entendu appuyée par la Révélation  dans la sourate Zumar qui indiquait aux musulmans qu’ils n’étaient pas contraints de rester à la Mecque. La terre de Dieu est bien vaste ! [39,10].

Le complot des Quraychites

Les Quraychites ne pouvaient tolérer l’existence d’un refuge pour les musulmans, de peur que l’Islam ne se renforce. Deux émissaires, ‘Amr ibn al ‘As et Abd Allah ibn Rabî’a, avant leur conversion à l’Islam, furent envoyés en Abyssinie pour réclamer l’extradition de leurs compatriotes présentés comme des fauteurs de trouble. Le Négus, roi d’Abyssinie, fit alors venir les musulmans leur demandant des explications. Les musulmans prirent la décision de dire la vérité quoi qu’il en coûte. Ja’far ibn Abou Talib (Qu’Allah l’agrée) prit la parole. Avec éloquence, il décrivit la situation de décadence et d’injustice dans laquelle se trouvaient les Mecquois avant l’Islam. Puis il présenta  le Message du Prophète (Paix et Salut sur lui) qui enjoignait les hommes à n’adorer qu’Allah sans rien lui associer, à dire toujours la vérité, à maintenir les liens de parenté, à prendre soin des faibles et des indigents, à s’acquitter de la prière, de l’aumône légale et du jeûne. Le roi fut très impressionné par ces paroles. A sa demande, Ja’far récita des versets du Coran. Il choisit  les premiers versets de la sourate Marie. Aussitôt les yeux du Négus s’emplirent de larmes : Il semble que ces paroles et celles révélées à Jésus soient des rayons de lumière provenant de la même source, s’exclama-t-ilLes émissaires tentèrent alors de semer le doute en prétendant que les musulmans blasphémaient Jésus mais leurs tentatives furent vaines. Ja’far rassura le roi en lui rappelant que Jésus étaient pour les musulmans le Messager et le serviteur de Dieu ainsi que Son Verbe insufflé à Marie. Dès lors, le Négus accorda son entière protection aux musulmans et les Quraychites repartirent humiliés.

Le roi Négus

Notons que par  la suite,  le Négus qui se prénommait  Ashama, devînt musulman (Qu’Allah l’agrée). En effet, à l’annonce de sa mort par Gabriel, le Prophète (Paix et Salut sur lui) a témoigné de sa piété et a célébré la prière de l’absent pour lui avec ses compagnons (Al Boukhari). Les savants en ont déduit que lorsqu’un musulman meurt  en un lieu sans que la prière funéraire puisse être célébrée, alors il incombe à une partie de la communauté de faire pour lui la prière de l’absent. Ce fut le cas du Négus qui fut enterré par son peuple selon le rite chrétien. Quant au fait de faire la prière de l’absent pour le mort qui a été enterré selon les rites de l’Islam, cette question fait l’objet d’une divergence d’opinions entre les savants. Enfin, on relèvera l’attitude d’Ashama qui a caché sa conversion. En effet, cela aurait pu remettre en cause son règne et il était plus utile à l’Islam en Abyssinie. C’est également pour cela que le Prophète (Paix et Salut sur lui) n’a pas réclamé de lui qu’il émigre à Médine, lorsque l’émigration devint obligatoire. Dans sa fatwa Mardin, traitant de l’émigration, de la fuite du péché et de la notion de terre de l’Islam, Ibn Taymiyya affirme que la meilleure terre pour ce qui est du mérite de tout homme, est celle où il est le plus obéissant à Dieu et Son messager. Ceci varie comme varie les situations.

Et Allah est plus Savant…


Rubrique: La vie du Prophète (psl)