3 Le passage coranique évoque les enfants souvent maltraités dans la Jahiliya, comme le souligne la sourate al an’am : « Et c’est ainsi que leurs divinités ont enjolivé à beaucoup de païens le meurtre de leurs enfants, afin de les ruiner et de travestir à leurs yeux leur religion… », « Ils sont certes perdants, ceux qui ont, par sottise et ignorance, tué leurs enfants, et ceux qui ont interdit ce qu’Allah leur a attribué de nourriture, inventant des mensonges contre Allah. Ils se sont égarés et ne sont point guidés ». Le passage s’arrête ici, sur ceux qui se « débarrassaient » de leurs enfants craignant de ne pas être en mesure de les assumer financièrement. Le Message coranique, ici, annonce qu’Allah est le Pourvoyeur et qu’Il garantit la subsistance matérielle de l’enfant à naître pourvu qu’on ait confiance en Lui et que l’on « fasse les causes ». D’autres passages évoquent en particulier les « crimes d’honneur » ou plutôt de déshonneur commis par certains « ignorants » qui voyaient dans la naissance de filles un mauvais présage : « Et lorsque l’on annonce à l’un d’eux une fille, son visage s’assombrit et une rage profonde [l'envahit]. Il se cache des gens, à cause du malheur qu’on lui a annoncé. La gardera-t-il malgré la honte ou l’enterrera-t-elle vivante ? Combien est mauvais leur raisonnement ! ». Au-delà du meurtre des enfants, qui est proscrit quel que soit le motif – financier ou autre – et l’âge de l’enfant – y compris à l’état embryonnaire, hormis bien sûr des cas extrêmes ou de nécessité absolue comme un risque de mort en couche prévisible – ce verset devrait nous faire réfléchir sur tous les types de maltraitance sur des enfants, le meurtre étant le pire des cas.
Nous disions le mois dernier quel était le devoir des parents, qui justifiait le traitement de faveur que leur réserve l’Islam. Or nous y voilà : les parents doivent la meilleure éducation à leurs enfants et les traiter le mieux possible. De très nombreux textes appuient cela, a-t-on vraiment besoin de les citer ? N’est-ce pas que cela est inscrit en chacun de nous, instinctivement, à moins que l’on ait corrompu notre fitra ; comme ces « ignorants » dénoncés par le Coran, auquel cas, le Coran viendra corriger ce dysfonctionnement. Donnons à nos enfants l’amour, la tendresse, l’affection, l’attention, le temps, le confort dans la mesure du possible, la bonne éducation dont ils ont besoin pour devenir plus tard des adultes forts, solides, équilibrés, intelligents, et pieux, par la permission d’Allah.
Qu’a-t-elle donc d’islamique cette « pseudo éducation » « à la dure » « des anciens » pour qui montrer une marque d’amour ou embrasser son enfant est un signe de faiblesse ? C’est plutôt le signe d’une faiblesse intellectuelle et affective que de penser aussi mal ! Nous connaissons bien cette histoire d’un bédouin qui s’est étonné en voyant l’Envoyé d’Allah (saws) embrasser ses enfants – d’autres textes mentionnent comme il jouait avec eux, y compris en public, et leur adressait des paroles valorisantes et pleines d’amour -. Ce bédouin s’exclama : « j’ai dix enfants et n’en ai jamais embrassé un seul ! ». Quel signe de virilité et de bravoure !! Le Prophète (saws) lui rétorqua : « que puis-je pour toi si Allah a retiré de ton cœur toute miséricorde ?! ».
4 Le quatrième commandement nous réclame de nous éloigner de toute forme de dévergondage, selon l’interprétation la plus plausible. Cela implique non seulement de nous abstenir de tout ce qui a trait à la débauche – du point de vue de l’Islam – comme relations ou modes de relations illégitimes, mais aussi de maintenir, par pudeur, une « distance de sécurité » entre nous et ces agissements, ceux qui les pratiquent, les lieux où ils se produisent etc. Le verset mentionne le fait de les délaisser qu’ils soient apparents ou cachés. Plusieurs interprétations sont possibles, et certainement toutes justes. Il s’agit de renoncer à ces choses publiquement et secrètement, à ce dont le mal est certain et ce dont le mal est plus subtil, et d’y renoncer physiquement et même intérieurement en s’abstenant d’y penser, tant que faire se peut. La proximité avec la personne qui suscite ou chez qui l’on est susceptible de provoquer du désir entre dans cette catégorie d’agissements desquels nous devons nous éloigner. De tout cela, nous devons-nous éloigner et ne devons rechercher l’assouvissement des désirs que dans le mariage avec une personne vertueuse.
5 Le Coran exige de nous que nous respections la vie humaine, qu’Allah a rendue sacrée. La précision « excepté dans le cadre du droit » sous-entend que latitude est laissée à la société et à son organe judiciaire d’aller à l’encontre de ce principe général, dans le cas de crimes bien-précis, mettant en danger la société et avec des conditions d’application restrictives et contraignantes. Nul droit à l’individu de se faire « justice lui-même » car il serait alors « bi ghayri al haqq », en dehors du champ prévu par la loi. La vie humaine est par nature « sacrée » et le Coran de nous rappeler cette règle édictée à nos prédécesseurs : « C’est ainsi que nous prescrivîmes aux Enfants d’Israël que quiconque tuerait une personne non responsable d’un meurtre ou d’un crime sur Terre, c’est comme-s’il avait détruit l’humanité entière ; et quiconque lui donnerait la vie, c’est comme s’il avait donné vie à l’humanité entière… ». L’assassin d’un seul individu est, du point de vue islamique, comparable à un criminel de guerre, qui en éliminant un homme élimine en même temps toute sa descendance potentielle. Au texte original tel que rapporté dans le Coran qui était applicable à tous les hommes, sans distinction de race ou de religion, fut substitué une interprétation disant que seule la vie des leurs était sacrée ! Prenons donc garde de ne pas tomber dans ce même piège en considérant que seule la vie des musulmans est sacrée alors que le verset a une portée générale.
Cette première série de prescriptions raisonnables vise à interpeller notre conscience morale : « Voilà donc ce à quoi Allah vous exhorte afin que vous raisonniez ».