6:12 - Dimanche 22 décembre, 2024

- 20. Jumādā al-Ākhira 1446

Les coalisés [2ème partie]


L’armée des coalisés, composée de plus de dix-mille combattants avait maintenant atteint les portes de Médine avec la certitude de venir facilement à bout des trois mille hommes qui composaient la défense musulmane. Leur surprise fut d’autant plus grande quand ils se retrouvèrent au bord du large fossé, creusé par les musulmans, qui les empêchait de lancer leur attaque. Aussi, furent-ils contraints d’assiéger la ville sans y être préparés, ce qui participa d’emblée à les déstabiliser avant même le moindre affrontement.

Ce qui devait être une véritable guerre dévastatrice tourna donc en guerre des nerfs. La puissante armée des coalisés, malgré sa frustration ne relâchait pas la pression sur les musulmans, essayant de trouver une brèche par laquelle s’engouffrer et envahir Médine. Les musulmans quant à eux redoublaient de vigilance et repoussaient toutes les tentatives d’intrusion de l’ennemi.

Face à cette situation, Houyay ibn Akhtab, l’un des instigateurs de cette coalition, alla à la rencontre de Ka’b ibn Asad, le chef de la tribu médinoise des Banou Qourayza, afin de lui proposer une alliance, et ainsi obtenir un précieux soutient de l’intérieur, alors que les abords de la ville restaient hermétiques à toute attaque. Les Banou Qourayza qui étaient liés aux musulmans par un pacte, déclinèrent d’abord la proposition, craignant pour leur sécurité, mais devant l’insistance de Houyay, et sa promesse de les soutenir quoiqu’il advienne, ils finirent par l’accepter.

La pression, tant psychologique que militaire ne cessait donc de s’intensifier, et devant l’épreuve, Allah dévoila la duplicité de nombreux hypocrites : ‘Quand ils vous vinrent de toutes parts, et que les regards étaient troublés, et les cœurs remontaient aux gorges, et vous faisiez sur Allah toutes sortes de suppositions…Et quand les hypocrites et ceux qui ont la maladie [le doute] au cœur disaient : Allah et Son messager ne nous ont promis que tromperie.’ [33;10-12].

C’est au moment où la tension était à son comble, qu’Allah décida d’apporter Son secours à Ses serviteurs pour les récompenser de leur patience et leur détermination. Ce secours se manifesta de deux manières.

D’abord par la conversion secrète de Na’im ibn Mas’oud, un membre des Ghatafan estimé et respecté par l’ensemble des tribus coalisées. Il profita de sa position pour semer le trouble chez les négateurs en se rendant d’abord chez les Banou Qourayza, à qui il fit remarquer que leurs alliés stationnés aux portes de Médine pouvaient prendre la fuite à tout moment au cas où les choses tourneraient mal, et les laisser à la merci des musulmans. Il leur conseilla donc de réclamer qu’on leur livra des notables de chaque tribu comme garantie, et ce jusque la fin des combats. Puis il se rendit tour à tour chez les Qouraïch puis chez les Ghatafan pour les prévenir que les Banou Qourayza regrettaient leur trahison envers le Prophète (paix et salut sur lui) et s’étaient engagés à lui livrer des otages de chaque tribu ennemi afin d’obtenir son pardon.  Ainsi, lorsque les coalisés avisèrent les Banou Qourayza d’une attaque massive imminente, ces derniers poussés par Na’im refusèrent de s’engager avant d’avoir obtenu des otages comme garantie, sans savoir que cela confirmerait aux yeux des coalisés les propos de ce même Na’im concernant leur soi-disant trahison. Leur requête fut donc fermement rejetée, et le trouble s’installa ainsi profondément dans le cœur des négateurs qui ne pouvaient plus se faire confiance les uns les autres.

Ensuite,  Allah envoya un vent glacial et violent sur le campement des coalisés. Ceci poussa Abu Soufyan lui-même à s’exprimer ainsi : ‘Par Dieu ! Le lieu n’est plus convenable, tout fléchit autour de nous, les Banou Qourayza nous ont trahis et nous avons appris sur eux ce qui nous contrarie. Le vent est si violent qu’il soulève nos tentes et éteint notre feu de chauffage ; partez donc, car moi je m’en vais.’ [Al Boukhari]. Le lendemain matin, au bout d’une vingtaine de jours de siège, toutes les tribus avaient quittés les lieux pour s’en retourner chez eux : ‘Et Allah a renvoyé, avec leur rage, les négateurs sans qu’ils n’aient obtenu aucun bien, et Allah a épargné aux croyants le combat. Allah est Fort et Puissant. [33;25]

‘Ô vous qui croyez! Rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous, quand des troupes vous sont venues et que Nous avons envoyé contre elles un vent et des troupes que vous n’avez pas vues. Allah demeure Clairvoyant sur ce que vous faites’ [33;9], ‘Nul ne connaît les armées de ton Seigneur, à part Lui. Et ce n’est là qu’un rappel pour les humains.’ [74;31]


Rubrique: La vie du Prophète (psl)