Par la grâce d’Allah, nous parvenons au terme de notre rubrique dans laquelle nous avons tenté d’aborder l’essentiel de la foi musulmane. Nous avons, ainsi, pendant près de trois années, présenté, dans l’ordre, ce qui constitue la croyance en Islam au travers de la présentation des six fondements de la foi, ce qui s’oppose à la foi et l’infirme (koufr), l’explication des grands péchés et du principe de repentance, enfin l’amour des Compagnons et de la famille du Prophète, paix et salut sur lui. D’autres sujets auraient pu bien entendu être abordés, d’aucuns l’ont été dans l’article du mois telle que l’innovation (bid’a). Néanmoins les branches de la foi sont vastes et notre but ne consistait qu’à présenter l’essentiel.
Ceci étant, Dieu dit dans Son Livre : Et cramponnez-vous tous ensemble au habl (câble) d’Allah et ne soyez pas divisés [3;104]. Et ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et se sont mis à se disputer, après que les preuves leur furent venues, et ceux-là auront un énorme châtiment [3;104-105]. Ainsi le Très Haut nous a-t-Il enjoints à nous unir et ne pas nous diviser car la division est une source de malheur et de faiblesse pour la communauté et la force des musulmans s’en trouve dispersée jusqu’à devenir totalement insignifiante. Le Messager de Dieu, paix et salut sur lui, nous a mis en garde contre ce fléau : Peu s’en faut que les nations ne se liguent contre vous à la manière de convives se conviant à manger du même plat. L’un des compagnons demanda : serons-nous en minorité ce jour-là, ô Envoyé de Dieu ? Non, vous serez nombreux, mais (sans plus de valeur) que l’écume charriée par un torrent…[Abou Dawoud, Sahih]. Tout dans l’Islam appelle à l’unité, à la réconciliation et à resserrer les rangs autour d’une croyance commune, une parole commune (la ilaha illa Allah), un Livre commun, une prière commune réalisée en groupe et encore bien d’autres aspects du culte se vivant en groupe tels que le jeûne du Ramadan, le pèlerinage (hajj), la prière du vendredi (joum’a), les cercles d’évocation, afin de concrétiser, au-delà des sensibilités de chacun et des diversités culturelles, l’existence d’une communauté de foi(oumma) caractérisée simplement par son humanité et sa croyance en l’Unicité Divine (tawhid).
Toutefois, l’unité ne signifie pas pour autant qu’il n’y ait aucun désaccord entre croyants. Les oulamas ont coutume de distinguer les fondements de la religion (oussoul), pour lesquels la divergence n’est pas tolérée car cela reviendrait à tout remettre en cause, des ramifications de la religion (fourou’) qui elles, laissent place à la diversité des opinions tant que celles-ci s’appuient sur le Coran et la Sounnah et restent fidèles à l’esprit des pieux prédécesseurs. Par ailleurs, on distingue deux types de divergence. Tout d’abord, la divergence de diversité, opposant deux avis qui peuvent être considérés tous deux comme justes. C’est le cas par exemple de la divergence des compagnons sur la prière de l’Asr, le jour de l’expédition vers la tribu des Beni Qurayza ou encore le cas de la basmala que certains considèrent comme un verset dans la sourate fatiha, tandis que d’autres ne la considèrent pas comme un verset, etc. L’autre type de divergence est appelé divergence d’opposition : il s’agit d’une divergence opposant deux propos dont l’un est juste et l’autre faux. Ici, le débat entre les savants est bien plus difficile car chacun prétend à la vérité tout en excluant le propos de l’autre. Quoiqu’il en soit le problème ne vient pas tant de la divergence que de la passion et de l’intolérance, chacun refusant de reconnaître à l’autre ne serait-ce qu’une once de vérité. C’est à partir de la passion qu’une divergence peut devenir une source de division, jusqu’à ce que les gens se boycottent et ne se respectent plus, ne s’adressent plus la parole et allant même jusqu’à se combattre ! La différence entre la divergence tolérée et la division réside dans ce que la division revêt d’injustice, de rancœur et d’égo tandis que la divergence entre croyants sincères ne met pas à mal leur fraternité.
La division des musulmans résulte de nombreux facteurs, mais tous convergent vers une seule et même cause : la recherche d’intérêts liés au bas monde tels que la rivalité, la gloire, la richesse, le pouvoir, etc. Le Prophète, paix et salut sur lui, a décrit la faiblesse des musulmans que l’on connait aujourd’hui, comme dûe à l’amour du bas monde et à la peur de la mort [idem]. Et le Coran de nous avertir sur les communautés passées : Mais, ce sont ceux-là mêmes à qui il (le Livre) avait été apporté, qui se mirent à se disputer, après que les preuves leur furent venues, par esprit de rivalité [2;213].