15:32 - Lundi 23 décembre, 2024

- 21. Jumādā al-Ākhira 1446

Maîtriser sa langue


Allah l’Exalté nous avertit lorsqu’Il dit : L’homme ne prononce pas une parole sans avoir auprès de lui un Ange gardien prêt à l’inscrire [50;18]. Il affirme entendre chacune de nos paroles : Pas de conciliabule entre trois sans qu’Il [Allah] ne soit leur quatrième, ni entre cinq sans qu’Il ne soit leur sixième, ni moins ni plus que cela sans qu’Il ne soit avec eux, là où ils se trouvent [7;58], il n’y a pas de différence pour lui, entre celui des vôtres qui chuchote, et celui qui parle à voix haute [13;10]. Le Prophète (Paix et Salut sur lui) nous met également en garde en disant : En vérité, le serviteur peut, sans y prendre garde, prononcer une parole qui le fera tomber en Enfer et l’y précipiter sur une distance supérieure à celle qui sépare l’Orient de l’Occident [Al Boukhari & Mouslim]L’homme peut également prononcer un mot sans en mesurer la gravité, et qui lui vaudra le Courroux Divin jusqu’au jour où il Le rencontrera [Al Tirmidhi, Sahih]. Ceci étant nous allons essayer d’énumérer brièvement les propos qui entrent dans le registre de ce qu’Allah n’aime pas, à titre de rappel et afin de nous en préserver avec l’aide d’Allah.

Le blasphème consiste à attribuer à Allah ou à ses prophètes ce qui ne leur convient pas, ou à l’inverse à renier tout ou partie des attributs d’Allah, ou des qualités des prophètes : Votre Seigneur, aurait-Il réservé exclusivement pour vous des fils, et Lui, aurait-Il pris pour Lui des filles parmi les Anges ! Vous prononcez là une parole monstrueuse [17;40]. Ceci résulte souvent du fait de parler d’Allah et de sa religion sans connaissances : Et parmi les gens, il y en a qui débattent au sujet d’Allah, sans science, ni guidée, ni Livre éclairant [20;31]. Ceci est parmi les pires péchés : Mon Seigneur n’a interdit que les turpitudes, tant apparentes que secrètes, de même que le péché, l’agression sans droit et d’associer à Allah ce dont Il n’a fait descendre aucune preuve, et de dire sur Allah ce que vous ne savez pas [7;33]. Les remèdes à ces deux maux sont la recherche du savoir et l’abstention de parler de ce que l’on ignore.

Parler d’autrui. L’Envoyé d’Allah (Paix et Salut sur lui) a dit : Que celui qui croit en Allah et au Jour du Jugement dise du bien ou qu’il garde le silence ! [Al Boukhari & Mouslim]. Or celui qui observe le comportement humain, constate que très souvent, les gens lorsqu’ils n’ont rien à dire meublent leurs conversations en parlant des autres, parfois en bien et le plus souvent en mal. La médisance consiste à parler de son frère dans des termes qui lui déplairaient [Mouslim], quand bien même ils décriraient une réalité. Et cela constitue sans aucun doute un péché majeur et l’une des principales sources de division et de conflit au sein de la communauté. Lorsque l’on évoqua un jour devant le Prophète (Paix et Salut sur lui) la petite taille de son épouse Saffiya, celui-ci se mit en colère et dit à celle qui avait prononcé ces mots : Si l’on plongeait ta parole dans les océans elle les polluerait certainement [Al Tirmidhi, Sahih]. Il faut dire que cette parole était ici tintée d’une pointe d’ironie, car décrire dans un autre contexte et sans aucun mépris une personne, d’une manière qui ne lui déplairaitn’est pas de la médisance, et Allah sait mieux. Le Prophète (Paix et Salut sur lui) vit durant la nuit de son ascension des gens aux ongles de cuivre qui se griffaient avec, le visage et la poitrine ; il interrogea alors l’Archange Gabriel sur leur identité. Celui-ci répondit : Ce sont ceux qui médisaient des gens et portaient atteinte à leur honneur [Abou Dawoud, auth. par Ibn Mouflih]. Allah le Très Haut compare ceux qui pratiquent la médisance à des cannibales, afin de nous faire prendre conscience de l’abomination que cela constitue, en disant : Ne médisez pas les uns des autres. L’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? Non, vous en auriez horreur, alors craignez Allah. Allah pardonne et est Miséricordieux [49;12].

Si ce que l’on dit de mal sur autrui est faux cela constitue alors de la calomnie, qui est aussi un grand péché. C’est alors plus grave car la calomnie associe la médisance au mensonge, tous deux étant fermement interdits : Abstenez-vous de la souillure des idoles et abstenez-vous des paroles mensongères [21;30]. Allah dit : Ceux qui ont fomenté la calomnie sont un groupe d’entre vous (…) Celui d’entre eux qui s’est chargé de la plus grande part aura un énorme châtiment [24;11].

Un autre vice qui gangrène notre communauté, détruit son unité, brise les liens de fraternité, et qui vaudra au musulman de grandes épreuves, dans cette vie et/ou dans l’autre, est le fait de colporter le mal entre les gens, en allant rapporter à untel ce qu’un autre a dit de lui. Souvent le diable nous fait croire que nous devons absolument informer la personne des propos qu’un musulman a pu tenir malencontreusement contre lui dans un moment de colère ou d’oubli. Peut-être les regrette-t-il déjà et implore-t-il déjà le pardon ? Pourtant en diffusant son erreur on commet un grand péché, et on ouvre la porte au diable pour que se propage encore plus de mal et de haine. À ce sujet l’Envoyé d’Allah (Paix et Salut sur lui) a dit :Jamais le colporteur de mal n’entrera au Paradis [Al Boukhari & Mouslim]. En passant un jour devant les tombes de deux de ses compagnons, il s’arrêta et dit : Ils sont en ce moment châtiés, pour des péchés qu’ils auraient pu éviter : L’un d’eux négligeait sa purification après avoir uriné, et l’autre colportait entre les gens les mauvais propos [Al Boukhari & Mouslim].

Si nous savons tous que le mensonge est fermement prohibé, le Prophète (Paix et Salut sur lui) disant : Le mensonge mène aux péchés majeurs qui eux mènent à l’Enfer. L’homme ne cesse de mentir jusqu’à ce qu’on le mentionne auprès d’Allah comme étant un menteur [Al Boukhari & Mouslim] ; nous oublions souvent que le fait de propager tout ce que l’on entend sans prendre le temps de vérifier l’information peut constituer une forme de mensonge aux conséquences ravageuses. Ainsi, le très véridique (Paix et Salut sur lui) a dit : II suffit à l’homme pour être considéré comme menteur de rapporter tout ce qu’il entend [Mouslim]. Or aujourd’hui, à l’heure d’Internet et des textos illimités, on a vite tendance à appuyer sur le bouton transférer à tout le monde, et à propager des interprétations fallacieuses, des hadiths mensongers, des médisances et des calomnies sur des personnes vertueuses, ou des informations mensongères et à se charger ainsi de péchés énormes aux conséquences dramatiques, sans même s’en rendre compte !Quand vous colportiez la nouvelle et disiez ce dont vous n’aviez aucun savoir ; et vous le comptiez comme insignifiant alors qu’auprès d’Allah cela est énorme. [24;15]. Pourtant le Coran nous a mis en garde lorsqu’il dit : Quand leur parvient une nouvelle rassurante ou alarmante, ils la diffusent. Si seulement ils la rapportaient au Messager et aux détenteurs de l’autorité parmi eux ceux d’entre eux qui cherchent à être éclairés, auraient appris la vérité. Et n’eussent été la grâce Divine sur vous et Sa miséricorde, vous auriez suivi le diable, à part quelques-uns [4;83]. Et cela vaut également pour certaines informations diffusées par des journaux, des sites ou des émissions sans foi ni loi. Allah dit : Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait [49;6].

La grossièreté doit aussi être délaissée par le musulman car Allah dit : Allah n’aime pas que l’on profère de mauvaises paroles à moins que l’on ait été injustement provoqué. Allah entend et sait tout [4;148]. C’est-à-dire  que si la personne insultée est en droit de répondre par la même insulte et sans en rajouter, il vaudrait tout de même mieux pour elle de se taire et de ne pas prononcer de paroles qu’Allah n’aime pas.

Le sujet mériterait certainement beaucoup plus de développement, les Traditions authentiques, et les paroles des hommes sages sont abondantes sur le sujet. Faute de place, nous invitons les lecteurs soucieux de se préserver de la Colère d’Allah à étudier régulièrement les chapitres et les livres écrits sur le sujet, car nous avons souvent tendance à oublier, et c’est là la nature humaine. Qu’Allah nous guide et nous préserve de tenir les propos qu’Il n’aime pas.

Et Allah sait mieux !

 


Rubrique: Bien comprendre l'Islam