Quel meilleur chemin que celui de qui soumet son être à Allah , tout en étant bienfaisant, et qui suit ainsi la voie d’Abraham, homme de droiture ? Et Allah a pris Abraham pour ami intime [4;125]
Contexte de la Révélation. Ce verset est le 125ème verset de la sourate Les femmes (Nissa’) et fut donc révélé à Médine. Comme souvent dans l’exégèse, les savants regardent ce qui vient avant et après le verset étudié afin de mieux cerner le contexte et d’établir un éventuel lien entre les versets. Dans le cas présent, Dieu dit dans le verset 123 : Ceci ne dépend ni de vos désirs ni des désirs des gens du Livre. Qatada rapporte que ce verset fut révélé suite à une discussion entre des musulmans et des gens du Livre. Chacun des partis s’enorgueillissait de sa religion et prétendait avoir la préférence de Dieu et la primauté sur les autres. Masrouq, Al-Dahak et d’autres ont rapporté d’après Ibn Abbas que des gens de religion se disputèrent. Les partisans de la Torah dirent : notre Livre est le meilleur et notre prophète (Moïse) est le meilleur. Les partisans de l’Évangile en dirent de même (de leur Livre et de Jésus). Les musulmans dirent : la religion agréée de Dieu est l’Islam. Notre Livre (le Coran) abroge tout livre (révélé avant). Et notre prophète (Mohammad) est venu sceller la prophétie. Il nous a été ordonné de croire en vos Livres mais de n’œuvrer que d’après notre Livre. Alors Allah trancha entre eux en révélant le verset cité précédemment. Il ressort de tout ceci que la religion ne se résume pas à de simples prétentions ou à nos propres désirs. Mais la religion repose plutôt sur une foi solidement ancrée dans le cœur d’une part, et que nos actes confirment d’autre part. Ainsi, prétendre être dans la Vérité ne fait nullement office de preuve (bourhan) auprès de Dieu tant que cela n’est pas corroboré par une obéissance sincère au Seigneur et à Ses commandements.
À ceux qui ont prétendu que l’on pouvait rentrer au Paradis uniquement en se rattachant à un groupe ou à un autre, le Coran a répondu : Dis : Apportez votre preuve, si vous êtes véridiques ! Non, mais quiconque soumet à Dieu son être tout en faisant le bien, aura sa rétribution auprès de son Seigneur. Pour eux, nulle crainte, et ils ne seront point attristés. [2;111-112].
Quiconque fait un mal. Puis Allah dit dans le même verset : quiconque fait un mal sera rétribué pour cela et ne trouvera en sa faveur, hormis Allah, ni allié ni secoureur. On rapporte par de nombreuses voies que lorsque ce verset fut révélé beaucoup de compagnons en furent affectés. Ô Messager de Dieu, comment obtenir le succès après ce verset ? Serions-nous rétribués pour chaque mal que nous avons fait ? demanda Abou Bakr. Que Dieu te pardonne, ô Abou Bakr répondit le Prophète (paix et salut sur lui), n’es-tu jamais tombé malade ? n’as-tu jamais rencontré de difficulté ? n’as-tu jamais été triste ? (Eh bien) c’est ainsi que vous êtes rétribués (pour vos fautes) [Ahmad, Ibn Hibban, Al Hakim, auth. Al Dhahabbi]. Ceci peut être confirmé par d’autres paroles prophétiques comme le hadith d’Al Boukhari d’après Abou Hourayra et Abou Saïd Al Khoudri : rien ne touche le croyant, que ce soit une épreuve, une maladie, une tristesse et même le souci qui le préoccupe, sans que cela ne soit pour lui une expiation de ses méfaits. Un autre avis remontant à Ibn Abbas et à Said Ibn Joubayr interprète le mal mentionné dans ce verset comme étant l’association à Dieu (chirk). Néanmoins, selon Ibn Kathir, au vu des multiples hadiths rapportés, le terme -mal-(sou’) doit être compris de manière générale donc englobant toutes les œuvres. Ainsi celui qui fait un mal en sera rétribué soit dans ce bas monde et cela aura valeur d’expiation, soit dans l’Autre vie – qu’Allah nous en préserve et nous efface nos fautes ! Quant à Sa parole (Exalté soit-Il) « et ne trouvera en sa faveur, hormis Allah, ni allié ni secoureur » Ali Ibn Abi Talha précise d’après Ibn Abbas : sauf s’il se repent alors Allah acceptera son repentir.
Ibrahim, « l’ami de Dieu ». Enfin Allah rappelle la récompense promise aux croyants et aux croyantes ainsi que Sa Justice, Lui qui est le Juste, le Généreux et le plus Miséricordieux des miséricordieux : Et quiconque, homme ou femme, fait de bonnes œuvres, tout en étant croyant… les voilà ceux qui entreront au Paradis sans subir la moindre injustice [124]. Et de continuer en donnant pour modèle Abraham qui voua toute son œuvre sincèrement à Dieu par foi en Lui et espérant Sa récompense : Et quel meilleur chemin que celui de qui soumet sa personne à Allah , tout en étant bienfaisant, et suivant ainsi la voie d’Abraham, homme de droiture ? Et Allah a pris Abraham pour ami intime [125]. Le terme mouhsin (traduit par ‘bienfaisant’) signifie que l’œuvre doit être à la fois pour Allah Seul (ikhlas), et conforme à la Loi révélée (sawab) pour être acceptée de Lui. Quant au segment et suivant la religion d’Abraham cela désigne Mohammad (paix et salut sur lui) et ceux qui le suivent jusqu’au jour du Jugement. Dieu dit en effet : les hommes les plus dignes de se réclamer d’Abraham, sont ceux qui l’ont suivi, ainsi que ce Prophète-ci, et ceux qui ont cru [3;68]. Enfin le Très Haut finit le verset en qualifiant Abraham de hanif, c’est-à-dire celui qui s’est écarté de toute forme d’association (chirk), et en rappelant Son amitié pour lui – lui qu’Allah a décrit comme étant une communauté à lui tout seul [16;120] ! - et ce afin de nous motiver à rechercher Son amour (Gloire à Lui). Et L’amitié de Dieu (al khoulla) est le plus haut degré d’amour entre le Seigneur et Son serviteur.
Et Allah est plus savant !