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- 19. Jumādā al-Ūlā 1446

Moïse [Moussa] (1/5)


Le système de pharaon et la naissance de Moïse.

C’est du vivant même de Joseph que Jacob et sa famille s’installèrent en Égypte. Les égyptiens aimaient tant Joseph qu’ils décrétèrent un deuil national lorsqu’il mourut. Ils traitèrent avec égard et considération leur descendance, tant que ceux-ci restèrent attachés à la foi et à l’éthique de leurs pères,  Abraham, Isaac et Jacob.

Les générations se succédèrent et l’ardeur religieuse des descendants de Jacob s’éroda. Ils restèrent monothéistes de tradition, tandis qu’ils préférèrent jouir de la vie d’ici-bas et négligèrent les efforts pour gagner celle de l’au-delà. Leurs caractères se corrompirent et ils cessèrent d’appeler les gens au à l’adoration d’Allah. Ainsi, devinrent-ils, en apparence du moins, comme leurs concitoyens coptes, les égyptiens « de souche ». La croissance démographique des hébreux inquiétait les coptes et leur différence culturelle les agaçait : ils jalousaient les riches d’entre eux et méprisaient leurs pauvres.

Arriva au pouvoir la dynastie des pharaons. Ces rois menèrent une politique nationaliste et discriminatoire divisant pour mieux régner et favorisant les « vrais » égyptiens aux autres communautés. Pharaon était hautain sur terre, il divisa son peuple en différentes castes, afin d’exploiter la faiblesse de l’une d’entre elles [28;4].

Ibn Abbas rapporte que l’un de ces pharaons vit un jour en rêve un feu, en provenance de Canaan (Palestine), ravager l’Égypte en n’épargnant que les enfants d’Israël. Le roi fit convoquer ses conseillers et ses devins pour leur soumettre sa vision. Ceux-ci suggérèrent que bientôt naîtrait dans cette communauté un homme qui provoquerait la chute de l’empire pharaonique.

Aveuglé par l’orgueil et la haine, et pensant qu’il pouvait s’opposer au Destin, Pharaon ordonna que soient tués tous les garçons hébreux qui viendraient à naître ! Les espions du pharaon travaillaient activement à épier cette communauté. Allah décrit Pharaon comme « l’homme aux espions » [89;10]. Dès que l’une de leur femme accouchait, les soldats de pharaon venaient s’enquérir du sexe de l’enfant. S’il s’agissait d’une fille, ils la laissaient vivre, et s’il s’agissait d’un garçon, ils l’arrachaient des bras de sa mère désemparée et le passaient immédiatement par le fil de l’épée… C’était là une grande épreuve de la part de votre Seigneur [2;49] !

Les hébreux étaient faibles économiquement, socialement, et désorganisés. À l’inverse, le système pharaonique était bien rôdé, organisé et informé de tout ce qui se passait dans le royaume. Toute tentative d’insurrection ou de rébellion aurait été rapidement déjouée et réprimée de la manière la plus cruelle.

Les pleurs et les lamentations des opprimés s’élevaient auprès d’Allah… O notre Dieu, libère nous de cette contrée dont les habitants sont devenus injustes, envois nous un défenseur de Ta part, envois nous un libérateur de Ta part ! Allah dit : Nous voulûmes favoriser ceux qui furent opprimés sur terre, faire d’eux des souverains, et faire d’eux des héritiers, leur donner le pouvoir sur terre pour montrer à Pharaon, à [son ministre] Haman et à leurs soldats la réalisation de ce qu’ils redoutaient tant [28;5-6].

Allah inspira à une femme vertueuse d’entre les enfants d’Israël de dissimuler sa grossesse, d’accoucher seule de son enfant, de le garder près d’elle quelques jours, puis de le déposer dans un panier, et de livrer celui-ci aux flots du Nil. Et Nous révélâmes à la mère de Moïse [ceci]: Allaite-le. Et quand tu craindras pour lui, jette-le dans le flot. Et n’aie pas peur et ne t’attriste pas: Nous te le rendrons et ferons de lui un Messager [28;7]. Quelle confiance cette femme devait avoir en Allah et quelle devait être son appréhension quand elle vit son bébé chétif installé dans sa petite embarcation, emporté par ce fleuve !

Le fleuve emporta donc le chérubin et le déposa sur une plage qui jouxtait le palais royal. La femme de pharaon s’y trouvait alors. Celle-ci était stérile et espérait de tout cœur avoir un enfant. Elle fut immédiatement prise d’affection lorsqu’elle découvrit Moïse, qu’elle reçut comme un don du Ciel. La famille de Pharaon recueillit donc, celui qui serait pour eux un adversaire et une source d’affliction. Pharaon, Haman et ses soldats étaient coupables. La femme de Pharaon suggéra : Cet enfant sera pour nous source de réconfort, épargnez-le donc. Il nous sera certainement utile ou deviendra-t-il notre fils. Ils ne pressentaient rien [28;8-9]…

Des leçons à retenir :

1- Allah ne modifie la grâce qu’Il accorde à une communauté que lorsque celle-ci change son comportement envers Lui [8;53]. Cela se vérifie dans les deux sens. Celui qui abandonne la voie de la droiture, sur laquelle ses ancêtres ou lui-même s’étaient engagés, sera abandonné à son sort et ne pourra attendre le secours d’Allah. Et celui qui abandonne la voie de l’égarement et soumet son être à Allah, retroussant ses manches pour Le servir, récoltera Ses faveurs et Sa grâce dans ce monde et dans l’au-delà.

2-  Lorsqu’un peuple croyant se voit frapper de terribles épreuves, cela procède souvent de la miséricorde d’Allah, qui veut les pousser par là, à se souvenir de Lui, à se repentir, et à revenir sur la voie droite sur laquelle étaient leurs pieux prédécesseurs.

3- La « révélation » que reçut la mère de Moïse s’est faite sous forme d’inspiration. L’avis d’Ibn Hazm qui considère cette dernière comme une prophétesse est marginal (chadh), la majorité (joumhour) des doctes (oulama) s’accordent à dire que seuls des hommes eurent la mission d’être prophètes, Allah disant : Nous n’avons envoyé avant toi que des hommes originaires des cités, à qui Nous avons fait des révélations [12;109].

Et Allah sait mieux !

 


Rubrique: Les histoires des prophètes