L’apostolat
La civilisation égyptienne, malgré son avance scientifique, sa splendeur et sa grandeur matérielle, causait souffrances et malheurs aux peuples qui vivaient sous sa domination. Allah avait choisit Moïse pour tourner la page de l’histoire, pour élever Sa parole au plus haut, faire taire la voix de la tyrannie, mettre un terme à l’injustice et apaiser les opprimés et les faibles.
Une fois qu’il eut achevé dix années de service pour son beau-père, Moïse désira s’installer avec sa famille. Il prit donc une nouvelle fois la route du désert. Les nuits y étaient obscures et glaciales. Un soir, alors qu’il cherchait de quoi faire un feu, pour réchauffer sa famille, Moïse vit une lumière dans une montagne alentour et s’y rendit espérant y trouver ce qu’il cherchait. Arrivé devant l’arbre duquel se dégageait la lumière, Moïse fut interpellé : O Moïse ! Ôtes tes sandales, tu es dans la vallée sacrée de Touwa. Moi Je t’ai choisi, écoute donc cette révélation. Je suis Allah, il n’y a de dieu que Moi, adore-Moi et célèbre la prière pour te souvenir de Moi. L’Heure [du Jugement] approche et se cache à peine, afin que chacun reçoive le salaire de ses actes. Et que celui qui n’y croit pas et suit aveuglément sa passion ne t’en détourne pas ou tu périras [20;11 à 16]. Allah rassura ensuite son serviteur et lui fit voir de Ses miracles pour affermir son cœur, puis Il lui ordonna d’aller appeler Pharaon à se soumettre à Lui et à cesser de persécuter Ses serviteurs : Va et parle lui gentiment peut-être Me craindra-t-il ? [20;44].
Moïse était si humble, qu’il douta de sa capacité à mener à bien cette grande mission. Il argua auprès d’Allah, et obtint que son frère Aaron [Haroun] soit associé à sa mission. Il confia à Allah sa crainte que Pharaon ne l’assassine ; ce à quoi le Seigneur répondit : Jamais ! Allez présenter nos miracles, Nous serons près de vous, et écouterons [26;15] !
Moïse, le Prophète d’Allah, reprit donc la route vers l’Égypte et y rencontra son frère qui avait également reçu la révélation. Ils se présentèrent au palais du despote et demandèrent audience. Ils y pénétrèrent, vêtus de leurs habits de bergers, et se tinrent devant Pharaon et ses notables. Moïse transmis le message Divin, sans se laisser intimider par Pharaon qui se moquait de lui, riait aux éclats en entendant le prêche de l’apôtre d’Allah, et en prenant ses ouailles à parti pour le railler et le traiter de fou. Une fois son argumentaire terminé, Moïse jeta son bâton qui se changea, par la permission d’Allah, en serpent, puis il leva haut sa main, de laquelle jaillit une lumière étincelante. Pharaon et ses notables furent épouvantés. Le roi ne pouvait accepter de perdre la face devant ses sujets, et accepter que l’on reconnaisse un autre maître que lui ; aussi lança-t-il : Voici un illusionniste chevronné ! [26;34].
Pharaon et ses ministres étaient focalisés sur la vie d’ici-bas. Ils voyaient en Moïse et son frère, deux agitateurs, voulant pousser les esclaves à la révolte pour s’accaparer le pouvoir. Est-ce pour nous écarter de la voie de nos ancêtres que tu es venu à nous [ô Moïse], et pour que la grandeur vous appartienne à ton frère et à toi ? Et nous ne croyons pas en vous ! [10;78], objecta Pharaon, Nous t’apporterons assurément une magie semblable. Fixe nous un rendez-vous auquel ni nous ni toi ne manquerons, dans un lieu convenable [20;58].
Rendez-vous fut fixé, au jour de la grande fête nationale, sur la place où le peuple avait l’habitude de se rassembler. Le Prophète d’Allah apostropha les magiciens et les exhorta. Ils jetèrent leurs cordes qui, par un tour de passe-passe, semblèrent se changer en serpents. Même Moïse ressentit sur le coup comme une peur passagère au fond de lui [20;67], mais elle ne parût pas sur son visage. Allah raffermit le cœur du prophète qui jeta lui aussi son bâton. Celui-ci se changea en un serpent qui happât ce qu’ils avaient produit par magie !
Les magiciens se prosternèrent immédiatement et déclarèrent aussitôt leur foi en Allah et en ses apôtres, Moïse et Aaron ! Pharaon fut consterné. Ce jour de fête nationale qui devait être celui de sa gloire, fut celui de sa honte. Nombre d’égyptiens étaient présents. Aussi, Pharaon s’entêta à renier la vérité et dit dans un accès de colère : Avez-vous cru en lui avant que je ne vous y autorise ? C’est lui votre chef qui vous a enseigné la magie. Je vous ferai bientôt, amputer main et pied opposés, et vous ferai crucifier aux troncs des palmiers. Vous saurez, alors, quel châtiment est le plus cruel et le plus interminable [20;71]. Pharaon était si arrogant, qu’il voulait contrôler jusqu’aux pensées de ses sujets, qui devaient lui demander une autorisation pour croire !
Quoi qu’il en soit Moïse réconforta ces nouveaux « convertis », leur fit connaître le grand mérite qu’ils auraient à rendre l’âme en martyrs et la place qu’ils occuperaient ainsi auprès d’Allah dans les hauts degrés du Paradis. C’est ainsi qu’ils purent se dresser, avant leur exécution, pour dire d’une seule voix, devant les badauds réunis pour assister à leur supplice : Par celui qui nous a créés (ô pharaon), nous ne te préférerons jamais à ce qui nous est parvenu comme preuves évidentes. Décrète ce que tu veux ! Tes décrets n’ont d’effet que dans cette vie-ci. Nous croyons en notre Seigneur, afin qu’Il nous pardonne nos fautes ainsi que la magie à laquelle tu nous as contraints. Et Allah est meilleur et éternel [20;72-73], Tu ne te venges de nous uniquement parce que nous avons cru aux preuves de notre Dieu, lorsque elles nous vinrent. Ô notre Dieu ! Déverse sur nous l’endurance et fais nous mourir entièrement soumis [à Toi] [7;126].
Bientôt, ce fut au tour d’Assia, l’épouse du tyran de déclarer ouvertement sa foi en Moïse et en son message et de subir le même supplice pour rendre l’âme en martyre. Puis, un jeune homme cousin de Pharaon se leva, lui aussi pour appeler le despote à la raison et à la foi dans une tirade qu’Allah a immortalisée dans la sourate Ghafir (Le Pardonneur 40). Mais cet appel comme les autres ne fut que comme une bouteille jetée dans l’océan d’orgueil de Pharaon.