Moïse et son peuple
Moïse avait mené à bien la première partie de sa mission. Une société orgueilleuse et injuste venait de s’écrouler. Il fallait maintenant en construire une nouvelle sur les bases de la foi, de la vertu et de la justice. Allah avait choisi la descendance de Jacob, les enfants d’Israël, pour recevoir Ses Commandements, les mettre en pratique, les enseigner aux autres peuples et les guider avec. Ce choix était un honneur mais également une mise à l’épreuve.
Allah les combla d’innombrables bienfaits. Il envoya des nuages pour les protéger du soleil du désert, Il les y nourrit de la manne et des cailles : des fruits très sucrés, et des oiseaux faciles à capturer, et Il les abreuva miraculeusement lorsqu’ils se plaignirent à Moïse de la soif qu’ils enduraient ! Malheureusement, cela ne leur suffit pas : ils se lassèrent de manger tous les jours la même nourriture et réclamèrent qu’Allah leur fasse pousser des légumes, dans le désert ! Et, lorsque vous dîtes : « Ô Moïse, nous ne pouvons plus supporter une seule nourriture. Prie donc ton Seigneur pour qu’Il nous fasse sortir de la terre ce qu’elle fait pousser, de ses légumes, ses concombres, son ail (ou blé), ses lentilles et ses oignons ! » – Il vous répondit : « Voulez-vous échanger le meilleur pour le moins bon ? Descendez donc à n’importe quelle ville ; vous y trouverez certainement ce que vous demandez ! » [2;61].
Allah les mit bientôt à l’épreuve, par un premier commandement. Un vieil homme avait été lâchement assassiné quelques jours plus tôt, et les gens vinrent trouver Moïse afin qu’il demande à Allah de désigner le coupable, ce à quoi il répondit : Allah vous ordonne d’immoler une vache [2;67]. La prescription était explicite et aisée à réaliser, pourtant, ils ne se dépêchèrent pas d’obtempérer. Ils demandèrent d’abord à Moïse, le Prophète d’Allah, s’il plaisantait ?! Ce dernier répondit : Qu’Allah me préserve de me comporter comme les ignorants [2;67] qui plaisantent avec la religion. Puis ils se mirent à le questionner pour savoir quelle vache choisir ! A chaque question, Allah révélait plus de précisions, tant et si bien, qu’ils durent immoler une vache très particulière, très difficile à trouver, et qu’ils durent payer très cher. Alors ils exécutèrent l’ordre d’Allah mais peu s’en fallut qu’ils ne l’eussent fait ! [71]. Allah ordonna ensuite que l’on frappe la dépouille du vieil homme avec une partie de la vache, celui-ci retrouva alors son esprit le temps de désigner l’identité de son assassin.
Puis Allah convoqua Moïse pour un entretien de trente jours. Celui-ci se mit à jeûner et partit pour rencontrer son Seigneur, laissant à Aaron, son frère, la responsabilité de veiller sur le peuple. Allah lui apprit ce qu’Il voulut et Lui fit don de la Torah. Moïse demanda ensuite humblement à Allah, par amour et par foi, la permission de Le voir ! Allah lui répondit qu’il était impossible à un mortel de Le voir et qu’Il réservait ce privilège à ses élus, dans l’au-delà. Et rien ne Lui ressemble, Exalté soit-Il !
Moïse revint avec dix jours de retard auprès des soixante-dix hommes qui l’avaient accompagné. Il leur présenta la Torah et les appela à s’y soumettre. Ceux-ci firent preuve de suspicion, et se demandèrent si Moïse n’avait pas lui-même écrit ce livre. Alors, ils demandèrent à leur tour de voir Allah. Leur demande contrairement à celle de Moïse, émanait du doute qui avait gagné leurs cœurs. En guise de réponse, ils furent foudroyés. Allah fit cependant, qu’ils reprirent connaissance.
Pendant ce temps, le reste du peuple avait été mis à l’épreuve. Un homme, appelé le Samiri, avait utilisé les bijoux desquels étaient chargés les hébreux pour façonner un veau d’or gigantesque. Par un tour de passe-passe du Samiri, le veau semblait mugir. Il leur dit : Voila le Dieu de Moïse, il vous a oublié [20;87]. Une partie du peuple fut impressionnée par ce dieu qui ressemblait aux dieux des égyptiens, et se mit à l’adorer ! Face à ce spectacle, Moïse qui revenait heureux vers son peuple pour lui enseigner le Livre qu’il avait reçu fut prit d’une profonde tristesse, mêlée d’une colère pour Allah qui le poussa à jeter les tablettes sacrées qu’il tenait dans ses mains. Il se précipita ensuite sur son frère, le prophète Aaron, qu’il saisit par la barbe, et lui demanda comment avait-il pu laisser faire pareille infamie. Aaron s’excusa en disant qu’il avait craint de diviser la communauté et d’ainsi provoquer un mal plus grand. L’idole fut brûlée, sa cendre dispersée sur les flots et le Samiri fut chassé.
Une fois que le peuple eut entendu la Loi Divine, il leur fallait une terre pour la mettre en pratique. Allah leur ordonna de conquérir la terre de Canaan qui était alors peuplée par des peuples injustes et idolâtres. Ils refusèrent de combattre et dirent : Moïse ! Nous n’y entrerons jamais, aussi longtemps qu’ils y seront. Va donc, toi et ton Seigneur, et combattez tous deux. Nous restons là où nous sommes [5;24]. Alors, Allah décréta que leur exode serait prolongé de quarante années afin que ceux qui avaient refusé d’obéir à Son ordre et de combattre meurent dans le désert.
Pendant cette époque une nouvelle génération avait vu le jour : des enfants élevés dans l’obéissance d’Allah, par ses prophètes. Aaron, puis Moïse moururent. Yoshouha Ibn Noun (Josué), le serviteur de Moïse, mentionné dans la sourate al kahf, hérita la prophétie. Et les prophètes ne cessèrent ensuite de se succéder au sein de ce peuple jusqu’à la venue de Jésus fils de Marie.
Et Nous accordâmes certes à Moïse et Aaron des faveurs, * et les sauvâmes ainsi que leur peuple, de la grande angoisse, * et les secourûmes, et ils furent eux les vainqueurs. * Et Nous leur apportâmes le livre explicite * et les guidâmes vers le droit chemin.* Et Nous perpétuâmes leur renom dans la postérité : “Paix sur Moïse et Aaron”* Ainsi récompensons-Nous les bienfaisants ;* car ils étaient du nombre de Nos serviteurs croyants. [37;114-122]