3:46 - Dimanche 22 décembre, 2024

- 20. Jumādā al-Ākhira 1446

Mouadh prédicateur au Yémen


قال رسول الله صلى الله عليه وسلم لمعاذ بن جبل حين بعثه إلى اليمن: إنك ستأتي قوما أهل كتاب، فإذا جئتهم فادعهم إلى أن يشهدوا أن لا إله إلا الله وأن محمدا رسول الله، فإن هم أطاعوا لك بذلك فأخبرهم أن الله قد فرض عليهم خمس صلوات في كل يوم وليلة، فإن هم أطاعوا لك بذلك فأخبرهم أن الله قد فرض عليهم صدقة تؤخذ من أغنيائهم فتردّ على فقرائهم، فإن هم أطاعوا لك بذلك فإياك وكرائم أموالهم، واتّق دعوة المظلوم؛ فإنّه ليس بينها وبين الله حجاب 

(رواه البخارى و مسلم)

                    

D’après Abdallah Ibn ‘Abbas le Prophète r a dit à Mou’adh Ibn Jabal lorsqu’il a envoyé comme gouverneur au Yémen :Tu te diriges vers un peuple d’entre les gens du Livre. Invite-les [tout d'abord] à attester qu’il n’y a de divinité que Dieu et que Mohammad est le Messager de Dieu. S’ils t’obéissent en ceci, fais-leur alors savoir que Dieu leur a prescrit cinq prières de jour et de nuit. S’ils t’obéissent en ceci, annonce-leur enfin que Dieu a légiféré une aumône qui sera prise de leurs riches et redistribuée aux pauvres parmi eux. S’ils t’obéissent en ceci, garde-toi bien de toucher aux objets qui leur sont chers et préserve toi de l’invocation de celui qui a subi une injustice car il n’y a entre celle-ci et Dieu aucun voile. [Al Boukhari & Mouslim]

 

Des règles déduites du hadith :

 

1- La personne qui parle au nom de la religion doit en avoir les compétences à l’instar de Mou’adh  qui était le compagnon le plus savant concernant les règles du licite et de l’illicite. Il doit faire aimer la religion aux gens afin qu’ils la mettent en pratique et qu’ils gagnent le salut dans l’Au-delà. L’ignorant qui présente mal l’Islam, et en fait ainsi s’éloigner les gens, aura des comptes à rendre à ce sujet au Jour de la Résurrection.

 

2 – Le Prophète r nous exhorte à analyser nos interlocuteurs avant de leur présenter l’Islam. Les gens du Livre, dans ce hadith, ont une connaissance et des principes religieux, que n’avaient pas les polythéistes mecquois. On peut et on doit adapter la manière d’expliquer les mêmes principes  en fonction du niveau intellectuel, du milieu social, de la culture, et du profil de la personne à qui l’on s’adresse.

 

3 - L’Islam s’explique petit à petit, et se met en pratique étape par étape, en commençant par la foi puis par les piliers de la pratique. Le fond passe avant la forme, l’essentiel avant le secondaire. La religion est aisée, il est donc impératif de la présenter telle qu’elle. L’enseignant doit s’adapter au rythme auquel avance son interlocuteur, sans aller ni trop vite, ni trop lentement, et lui transmettre ce dont il a besoin pour que son avancée perdure dans le temps.

 

4 - Il ne faut pas passer à une autre étape avant que la précédente ne soit assimilée et appliquée. Il est à noter que le Prophète paix et salut sur lui, ne s’est pas empressé d’évoquer ici le jeûne ou le pèlerinage, pourtant déjà légiférés à ce moment-là, laissant cela à plus tard et respectant la sagesse coranique : Si ensuite ils se repentent, accomplissent la Salat et acquittent la Zakat, alors laissez-leur la voie libre, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux [9;5].

 

5 – Celui qui enseigne notre religion doit savoir s’arrêter pour ne pas lasser son interlocuteur. N’est bon pédagogue que celui qui sait éveiller chez celui qui l’écoute, le désire d’en savoir plus et créer en lui un lien qui le rattache à Dieu et à la religion. Il est bon de laisser son interlocuteur désireux d’approfondir ses recherches, et de ne pas le rebuter.

 

6 - Le Prophète nous a fermement interdit l’injustice. A plus forte raison, la personne désignée pour enseigner la religion et parler en son nom risquerait de ternir le Message qu’elle porte en étant injuste, donnant un prétexte aux gens pour s’écarter de la voie droite, les poussant à leur perte, et les éloignant ainsi de la félicité éternelle.

 

7 – Le Prophète r a également défendu à Mou’adh de toucher aux biens précieux des gens. Cela signifie que l’enseignant ne doit ni convoiter les biens des gens auxquels il enseigne, ni attendre d’eux un salaire. Il ne doit pas non plus abuser de sa position ou de son pouvoir.

 

8 – L’invocation de la personne victime d’une injustice est exaucée.

Et Allah sait mieux.

[A partir de Tayyssir al ‘alam]


Rubrique: Oumdat-al-ahkam