19:39 - Mardi 3 décembre, 2024

- 1. Jumādā al-Ākhira 1446

Muhammad Rahmatullah Al Hindi (1817-1891)


Descendant du noble Khalife Uthman Ibn ‘Affan, le Cheikh Rahmatullah Al Hindi, est né dans la banlieue de New Delhi, en Inde, en 1233H/1817. Après avoir mémorisé le Saint Coran, et les bases de la religion, il part étudier à Delhi les sciences islamiques, puis à Lucknow, où il étudie la médecine et la littérature persane. Il rentre enfin dans sa ville natale de Kirana pour y fonder son école qui formera quelques uns des plus grands savants indiens.

L’Inde était à cette époque colonisée par l’Angleterre, après quatre siècles de domination musulmane, et des prédicateurs protestants sillonnaient le continent calomniant le Prophète de l’Islam - paix et salut sur lui -  et détournant des musulmans ignorants du droit chemin. Rahmatullah Al Hindi fut le premier et le seul à appeler les musulmans à la résistance face à un envahisseur qui usait de tous les moyens possibles pour éteindre la lumière d’Allah.

Il s’engagea donc dans cette voie périlleuse, et partit de ville en ville pour réveiller la foi des musulmans et débattre avec les idéologues anglais. Il invita, ainsi, leur chef de file, le prêtre Pfander pour un débat public, le perdant devant embrasser la religion de son adversaire. Le prêtre sûr de lui accepta le débat. Puis, pris de cours devant l’éloquence et la vaste connaissance du Cheikh Rahmatullah, tant sur le Coran et la Sunnah, que sur les textes de la Bible et de leurs différentes exégèses, Pfander préféra s’enfuir. Suite à cette défaite, les anglais condamnèrent le Cheikh Rahmatullah à la peine capitale et accentuèrent les persécutions à l’encontre des musulmans.

Ce dernier quitta alors sa terre natale, laissant derrière lui, une dizaine de livres, en arabe, en ourdou et en persan, qu’il avait réussi à écrire entre tous ses déplacements. Il parvint, grâce à Allah, à rejoindre la Sainte Mecque, après un voyage de deux ans, il avait alors quarante ans. Les imams de la mosquée sacrée remarquèrent vite l’érudition du Cheikh, qui s’asseyait humblement parmi les étudiants, et dès qu’ils apprirent son identité, ils lui permirent d’enseigner à l’ombre de la Kaaba.

Pendant ce temps, le prêtre Pfander avait repris ses activités en Turquie, proclamant à tout va que les musulmans d’Inde avaient abandonné massivement leur religion. Le Khalife de l’époque, Abd Al ‘Aziz Khan, qui siégeait alors à Istanbul, envoya une lettre aux autorités mecquoises pour s’enquérir auprès des pèlerins indiens de la situation réelle dans leur pays. Ayant appris que le Cheikh Rahmatullah enseignait à la mosquée sacrée, le Khalife l’invita à se rendre au plus vite à Istanbul. Dès qu’il apprit la nouvelle de l’arrivée de Rahmatullah dans la capitale de l’empire Ottoman en 1824, Pfander s’exila. Le Cheikh fut traité avec bien des égards par le Khalife, puis se mit à la rédaction de son œuvre maîtresse : idhar al haqqLa manifestation de la vérité, défendant la foi musulmane et démontrant les contradictions de ses opposants. Ayant achevé ce travail en six mois, le Cheikh regagna l’Arabie.

Ayant remarqué le manque d’organisation et de suivie des enseignements à la Mecque, Rahmatullah fonda la première école digne de ce nom en 1869. Mais son école fut vite débordée. Il put cependant, et grâce à Allah, bénéficié du soutient financier d’une princesse indienne, Sawlat, et put créer la première petite‘université’ de la Sawlatiya. En plus des enseignements islamiques classiques, le Cheikh tenait à ce que ses élèves étudiassent aussi des matières profanes comme la logique, la philosophie islamique ou l’astronomie.

Il continua ainsi à œuvrer au service de son Seigneur, jusqu’à son décès à l’âge de 74 ans. Il fut enterré au cimetière d’Al Ulat, à la Sainte Mecque, puisse Allah lui faire miséricorde !


Rubrique: Biographies