10:52 - Jeudi 21 novembre, 2024

- 19. Jumādā al-Ūlā 1446

La loyauté envers les imams des musulmans


Allah le Très Haut dit : Ô croyants ! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux des vôtres qui détiennent le commandement [4;59]. Nous continuons ce mois-ci notre série de commentaires sur le hadith de l’Envoyé d’Allah(paix et salut sur lui) : La religion c’est les bons sentiments, en abordant le cas des ‘imams des musulmans’.

Qui sont donc les ‘imams des musulmans’ ? Nos savants les classent en deux catégories. Imam au sens de guides spirituels, tout d’abord, comme dans l’invocation des bons serviteurs d’Allah : et fais de nous des Imams pour les pieux [25;74]. Rentrent dans cette catégorie, les véritables savants [rabbani], ceux qui sont versés dans le savoir, qui œuvrent et se comportent selon celui-ci et l’enseignent aux gens. Ces savants sont les véritables Imams, dans ce sens qu’ils veillent à la préservation de l’Islam authentique et à celle des musulmans et de leurs dirigeants. La seconde définition du terme d’imam renvoie justement aux responsables de la communauté musulmane : leurs représentants, dirigeants et porte-paroles, ceux qui, si Nous leur donnons une autorité sur Terre, accomplissent la prière, s’acquittent de la zakat, ordonnent le convenable et interdisent le blâmable [22;41].

Comment doivent se traduire nos bons sentiments à l’égard de ces imams ? Premièrement, nous devons reconnaître leur qualité d’Imam, c’est-à-dire, ceux qu’Allah a choisis pour encadrer notre communauté, au niveau spirituel ou au niveau de nos affaires mondaines, et ne pas remettre en cause leur autorité à chaque occasion, à l’instar de ceux qui demandèrent à un de leurs prophètes de leur désigner un roi, puis qui ne furent pas satisfaits lorsque la réponse Divine leur parvint : leur prophète leur dit : Voici qu’Allah vous a envoyé Talout pour roi. Ils répliquèrent : Comment régnerait-il sur nous ? Nous avons plus de droit que lui à la royauté. On ne lui a même pas prodigué beaucoup de richesses ! Le prophète reprit : Allah l’a bel et bien choisi pour vous, et a accru sa part quant au savoir et à la condition physique. Allah alloue Son pouvoir à qui Il veut. Allah a la grâce immense et Il est Omniscient [2;247].

Deuxièmement, nous leur devons écoute et obéissance dans ce qui est permis, même si leur opinion diverge de la nôtre et même s’ils peuvent parfois adopter un avis minoritaire, tant que celui-ci s’appuie sur des Textes, à l’instar de ‘Omar lorsqu’il interdit le tamatou’ pour obliger les gens à fréquenter La Mecque en dehors du mois de Dhou-l-hidja. Nous ne pouvons exiger d’eux qu’ils se justifient à chacune de leurs décisions. L’obéissance se fait dans les limites de ce que la religion tolère ; c’est d’ailleurs pour cela, précise Abou-l-Abbas, qu’Allah a répété deux fois seulement l’obligation d’obéir dans le verset ‘Ô croyants ! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement’, sans la répéter une troisième fois en ce qui concerne les Imams, car c’est dans la limite seulement, où ces derniers obéissent, de manière générale à Allah et à son Prophète (paix et salut sur lui) que nous devons leur obéir.

Troisièmement, nous devons avoir de l’amour pour eux et invoquer Allah en leur faveur, lorsqu’ils sont droits, et craignent Allah dans la responsabilité qui est la leur. C’est ce à quoi nous a appelé l’Envoyé d’Allah (paix et salut sur lui) lorsqu’il a dit : Vos meilleurs imams sont ceux que vous aimez et qui vous aiment, ceux que vous bénissez et qui vous bénissent. Il dit ensuite : Vos plus mauvais guides sont, ceux que vous détestez et qui vous détestent, ceux que vous maudissez et qui vous maudissent [Mouslim], signifiant que nous devons avoir de l’antipathie pour eux et demander à Allah qu’Il leur retire leur responsabilité, dès lors qu’ils affichent leur mépris ou leur incompétence à défendre les intérêts de l’Islam et des musulmans.

Quatrièmement, nous devons cacher leurs défauts et passer sur leurs fautes, tant que celles-ci ne touchent pas aux droits d’autrui. À ce sujet, le cheikh al islam rappelle que les savants, peuvent être en proie à la jalousie et à l’envie, et qu’il est une obligation pour les musulmans que nous sommes de ne pas colporter ce qu’un savant a pu tenir comme propos malencontreux à l’encontre d’un autre savant de sa génération, et d’un niveau de savoir comparable ou supérieur au sien. Cela constitue, de plus, une forme aggravée de namima, car en colportant le mal et la haine entre les gens qu’Allah a choisis pour faire office de guide à la communauté musulmane, c’est la communauté elle-même que l’on met en péril.

Cinquièmement, il est un devoir communautaire [fard kifaya] de les conseiller. À moins qu’ils nous aient sollicité pour cela, ce n’est pas à n’importe qui qu’il incombe d’adresser le conseil et pas de n’importe quelle manière, car sinon cela conduirait à l’anarchie et à l’indiscipline, choses que notre religion abhorre. Il faut que la personne qui formule le conseil soit dans une position qui l’y autorise, soit qu’il soit lui-même un savant ou un responsable, ou soit qu’il soit parmi les proches de ceux-là, ou soit enfin qu’il s’agisse d’une personne jouissant d’une grande considération dans la communauté pour ses œuvres et son engagement. Dans tous les cas, cette personne devra adresser son conseil en en respectant les règles. On rapporte ainsi qu’un homme vint adresser un jour au Calife al Ma’moun une salve de reproches sans égard à son rang. Al Mam’oun lui rappela alors les règles de l’exhortation en lui disant : Fais preuve d’un peu de tact dans ton discours, car souviens-toi qu’ Allah a envoyé une personne meilleure que toi [Moussa] pour exhorter celui qui était pire que moi [Pharaon] en lui demandant de faire preuve de tact : Allez, avec ton frère, parler à Pharaon, car il a vraiment dépassé les limites, et parlez-lui gentiment… [20;43-44].

Sixième et dernier point, nous nous devons de les soutenir et d’être à leurs côtés lorsque la situation l’exige, comme nous l’indique la Parole d’Allah : Allah assistera ceux qui Le soutiennent [22;40], c’est-à-dire, ceux qui soutiennent sa religion, sa Parole et ceux qui la défendent : à savoir les prophètes et après eux les Imams des musulmans.

Et Allah sait mieux !


Rubrique: La religion c'est la loyauté