Ô vous qui avez cru ! Qu’un groupe ne se raille pas d’un autre groupe : ceux-ci sont peut-être meilleurs qu’eux. Et que des femmes ne se raillent pas d’autres femmes : celles-ci sont peut-être meilleures qu’elles. Ne dénigrez pas vos personnes et ne vous lancez pas mutuellement des sobriquets (injurieux). Quel vilain mot que « perversion » lorsqu’on a déjà la foi. Et quiconque ne se repent pas… Ceux-là sont les injustes. (49;11)
« Qu’un groupe ne se raille pas d’un autre groupe : ceux-ci sont peut-être meilleurs qu’eux » auprès d’Allah. Moujahid disait : « il s’agit du riche qui dénigre le pauvre » et Ibn Zayd, lui, interprétait ainsi : « que celui dont Allah a caché ses péchés ne se moque pas de celui qui a été dévoilé, il se peut que le dévoilement de ses péchés dans ce bas monde soit meilleur pour lui que dans l’au-delà ». On rapporte aussi qu’il fut révélé au sujet d’Iqrima fils d’Abou Jahl lorsqu’il se rendit à Médine, les musulmans dirent : « Voila le fils du pharaon de cette communauté » ; il alla s’en plaindre au Prophète, paix et salut sur lui, et ce verset fut alors révélé. De même, Abd-Allah Ibn Massoud dit :« l’épreuve est due à ce que l’on peut tenir comme propos ; si je me moque d’un chien, je crains d’être changé en chien ».
« Et que des femmes ne se raillent pas d’autres femmes : celles-ci sont peut-être meilleures qu’elles » : Allah mentionna les femmes à part, car elles ont, elles aussi, un fâcheux penchant à se dénigrer les unes les autres. Effectivement, Ikrima rapporte selon Ibn Abbas que Safiya fille de Huyyay se plaint au Prophète, paix et salut sur lui, du dénigrement et des railleries de certaines femmes visant ses origines, le Messager d’Allah, que le salut et les bénédictions soient sur lui, la consola en disant : Ô Safiya, pourquoi n’as-tu donc pas répliqué : Certes mon père est Aaron, mon oncle est Moïse et mon époux est Mohammad ! Et dans l’authentique d’Al Boukhary, selon Abd-Allah Ibn Zam’a : Le Prophète a interdit que l’on se moque de ce qui est naturel chez une personne (tel l’origine, la couleur, le corps…).
« Ne dénigrez pas vos personnes » : Ne vous dénigrez pas les uns les autres ce serait comme vous dénigrer vous-même car le Prophète, paix et salut sur lui, disait : « les Croyants sont tel un corps, si un membre se plaint, c’est tout le corps qui souffre » et il disait également : « l’un d’entre vous s’occupe d’une brindille dans l’œil de son frère, alors que dans le sien c’est une branche entière qu’il y a ! ».
« Ne vous lancez pas mutuellement des sobriquets (injurieux) » : Al Tirmidhi rapporte ces propos d’Abou Jabira Ibn Dahhak : « Chacun d’entre-nous avait deux ou trois noms, il arrivait que l’on appelle une personne par un nom qu’elle déteste, ce verset fut révélé en conséquence ». Ibn Abbas disait quant à lui : « il arrivait qu’une personne aie commis des erreurs dont il s’était par la suite repenti ; alors Allah a strictement interdit qu’on se moque de lui à ce propos (en lui donnant un sobriquet) ». D’ailleurs, un texte prophétique appuie ces dires : « Quiconque insulte un croyant à cause d’un péché dont il s’est repentit, alors Allah sera en droit de le mettre à l’épreuve et de l’humilier dans ce bas monde et dans l’au-delà ».
« Quel vilain mot que perversion lorsqu’on a déjà la foi » : quelle mauvaise chose que de nommer une personne « voleur » ou « pervers » après sa conversion et son repentir. Ou il a été dit, le sens est que quiconque surnomme son frère par un sobriquet ou se moque de lui, commet une perversité et cela n’est pas permis. Les Savants ajoutent : « ce verset interdit de surnommer une personne par ce qu’elle déteste, mais cela est permis pour ce qu’elle aime » ; comme lorsque le Prophète, paix et salut sur lui, a surnommé Omar, Al Farouq, et Abou Bakr, Al Siddiq. Et il dit : « le devoir du croyant envers un autre croyant, est qu’il le nomme par ses noms les plus aimés ».
« Et quiconque ne se repent pas » de ces sobriquets par lesquels il a surnommé les autres et les a ainsi fait souffrir, « ceux-là sont injustes » envers eux-mêmes en commettant ces péchés.
Extraits de l’interprétation d’Al Qourtoubi