‘Omar Ibn ‘Abd Al ‘Aziz, de la dynastie des Omeyyades est connu pour être le cinquième Calife bien guidé.
Il est né en l’an 61 de l’hégire à Médine, dans une famille aisée et proche du pouvoir. Son père, ‘Abd Al ‘Aziz Ibn Marwan, apparenté au Calife, occupa le poste de gouverneur d’Égypte. Sa mère quant à elle n’était autre que la petite-fille de ‘Omar Ibn Al Khattab, et la fille de cette femme exemplaire, qui, alors que sa mère l’encourageait à mélanger de l’eau à leur lait pour en augmenter les bénéfices refusa en lui répliquant : ‘Si le Commandeur des croyants ne nous voit pas, Dieu, le Seigneur de ‘Omar, Lui nous voit certainement’. (*)
‘Omar Ibn ‘Abd Al ‘Aziz eut une enfance privilégiée, évoluant dans le raffinement et l’abondance. Il savait apprécier les bonnes choses, sans jamais verser dans l’excès. Cela ne l’empêcha nullement, dès son plus jeune âge, de consacrer une grande partie de son temps à la spiritualité et à l’acquisition du savoir utile. C’est ainsi, que de lui-même, il choisit de quitter l’Égypte pour retourner à Médine afin de parfaire son éducation religieuse auprès des plus grands savants de son temps, qu’il ne cessera dès lors de fréquenter.
Grâce à cette éducation équilibrée, ‘Omar développa une sincérité et une objectivité qui lui permirent de se préserver de l’esprit tribal qui caractérisait certains princes omeyyades de l’époque. Il abhorrait les abus de pouvoir et les injustices commises envers le peuple, autant que la propagande visant à consolider le pouvoir en calomniant l’Imam ‘Ali.
‘Omar jouissait à Médine d’une excellente réputation, à tel point qu’il en fut nommé gouverneur par le Calife Al Walid Ibn Abd Al Malik, à l’âge de vingt-cinq ans seulement ! Il affirma immédiatement sa différence dans sa façon de gouverner en plaçant le bien-être de ses administrés au cœur de sa politique. Il était tellement apprécié de tous, que ses responsabilités s’élargirent rapidement sur l’ensemble du Hijaz qu’il réforma en profondeur, en améliorant significativement les infrastructures et la redistribution des revenus. Dans le même temps, il critiquait et s’opposait ouvertement aux gouverneurs injustes des provinces voisines, à commencer par l’un des plus grands tyrans qu’ait connu l’histoire musulmane ancienne, Al Hajjaj Ibn Youssouf, qui était alors gouverneur d’Irak. ‘Omar affirmait qu’Al Hajjaj était indigne de ses fonctions.
Cette liberté de ton et d’action suscitèrent la jalousie et l’animosité de quelques gouverneurs qui, avec à leur tête Al Hajjaj, firent pression sur le Calife jusqu’à obtenir la destitution de ‘Omar.
Celui-ci quitta alors Médine pour la Syrie d’où il observait, impuissant, les luttes d’intérêts entre d’une part des factions qui défiaient sans cesse l’autorité et mettaient en péril la stabilité de l’état, et le pouvoir qui n’avait d’autre choix que de contenir ces débordements, parfois par la violence. Comme à toute époque, la propagande était alors très active, et à défaut de médias de masse, on déploya des poètes dans toutes les villes pour diffuser les idéologies défendues par les dirigeants, et discréditer les fauteurs de trouble.
Allah plaça au côté du nouveau Calife, Soulayman Ibn Abd Al-Malik, un conseiller béni du nom de Raja’ Ibn Haywa. Alors que le Calife était gravement malade, son conseiller lui suggéra, dans le plus grand secret, de nommer ‘Omar Ibn ‘Abd Al ‘Aziz comme successeur, et de réunir l’ensemble des gouverneurs pour leur faire prêter serment d’obéir à sa décision après sa mort sans tenter, jusque-là, de découvrir le contenu de son testament qui devait rester secret.
À la mort du Calife, ‘Omar fut certainement le plus surpris à la lecture du testament, et tout comme son arrière-grand-père, ‘Omar Ibn Al Khattab, il chercha à se dégager de cette responsabilité qu’il s’était vu confier sans même avoir été consulté, mais le peuple l’approuva et le plébiscita tellement qu’il fut contraint d’accepter, il avait alors trente-cinq ans.
Il apparut comme un grand réformateur, tant du point de vue religieux que politique. Il mêlait l’érudition à l’action. Tous les grands savants de son époque témoignaient d’ailleurs de son savoir et de sa piété. Il ne perdait pas de temps en polémiques stériles, tout comme il s’éloignait des flatteurs. Une fois aux responsabilités, il se dépouilla de toute passion et de tout intérêt personnel, faisant passer son devoir avant tout.
A peine avait-il prit ses fonctions qu’il mit fin aux conflits inutiles qui ruinaient les provinces musulmanes et remplaça les gouverneurs corrompus par des hommes intègres et justes. Il mit un terme à la propagande en supprimant les allocations accordées aux poètes, et en interdisant de maudire ‘Ali Ibn Abi Talib lors des sermons du vendredi.
Il avait également compris que le bien-être d’une nation ne peut s’accomplir que dans l’apaisement. Il rétablit donc les principes fondamentaux qui fondent les sociétés justes, tels que l’égalité et la liberté d’expression. Il n’usait jamais de violence contre ses opposants, et privilégiait plutôt le dialogue, mettant un terme aux conflits internes avec les kharijites auxquels il rendit tous leurs droits, tant que ceux-ci ne commettaient pas d’acte de terrorisme.
Il prenait soin de ne négliger aucune frange de la population : musulmans ou non, tout le monde jouissait des mêmes droits. Il réussit grâce à une politique fiscale juste et efficace, ainsi qu’à une redistribution équitable des revenus à faire disparaître la pauvreté au sein des terres musulmanes, au point qu’on ne trouvait plus de nécessiteux à qui donner la zakat !
Ce calife exemplaire a réussi en seulement deux ans et cinq mois de règne à passer d’un état instable et clientéliste, à un état de droit juste et équitable, se concentrant sur le bien-être du peuple, le consultant dans ses décisions, et le faisant participer à la vie de l’État. Tel est le résultat de l’application des préceptes divins dans la gouvernance d’un État, qui est bien loin de ce que l’on connaît malheureusement aujourd’hui un peu partout dans le monde.
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(*) Il est confirmé qu »Omar Ibn Al Khattab a, durant son règne, édicté une circulaire informant les commerçants de l’interdiction d’ajouter de l’eau au lait pour en augmenter le volume en en diminuant la qualité. Alors qu’il se promenait, comme à son habitude, dans les rues de Médine pour chercher à aider les gens et pour voir comment vivaient les gens, ‘Omar fut pris de fatigue et voulut s’adosser un instant contre un mur afin de se reposer. Alors qu’il était ainsi il entendit malgré lui une conversation à l’intérieur de la maison entre une mère et sa fille. La mère demandait à sa fille de mélanger de l’eau au lait, et sa fille de lui rappeler que cela avait été interdit par le Commandeur des croyants. Avec une grande politesse, la jeune fille rappela à sa mère que « si le commandeur des croyants, ‘Omar, ne les voyait pas, le Seigneur de ‘Omar lui les voyait ». ‘Omar fut impressionné par cette jeune fille pieuse et sage qui donnait des conseils à sa mère. Aussi ‘Omar revint très vite avec son fils ‘Asim qui n’était pas marié pour demander à rencontrer la jeune fille et lui proposer de l’épouser, chose qu’elle s’empressa d’accepter. ‘Omar Ibn Al Khattab : « j’espère que ce cette union naîtra une descendance pieuse » et dans une autre version « un leader pour le peuple Arabe ». De cette union naquit finalement Layla qui allait devenir la mère d’Omar Ibn ‘Abd Al ‘Aziz !